À peine Eloisa fut-elle sortie de l'hôpital que Harry et Lewis décidèrent de lui concocter un délicieux goûter digne de ce nom (sans alcool) avant son départ au centre de désintoxication.

(Oui, cette histoire les avait tellement chamboulés qu'ils avaient bel et bien décidé de renoncer pour cette fois à une soirée bien arrosée).

Pour l'occasion, ils avaient choisi de se rassembler dans la véranda de Harry (une pièce absolument magnifique aux yeux de Lewis). Son mobilier était simple et gai : il y avait des rocking-chairs blancs, des fauteuils en bambou et des canapés recouverts de coussins de chintz aux couleurs vives. Plusieurs dessertes étaient éparpillées ça et là. Le soleil inondait la pièce, et la rambarde était recouverte d'une plante grimpante à floraison tardive, dont les délicates fleurs blanches exhalaient un merveilleux parfum. Harry y avait également mis une quantité de plantes vertes et d'orchidées qui apportaient à la pièce un côté exotique.

Un véritable petit coin de paradis.

Ils recouvrirent la table d'une nappe avant d'y disposer toutes sortes de pâtisseries, toutes plus délicieuses les unes que les autres, ainsi que des carafes de jus de fruits et de sodas. Ils agrémentèrent le tout de bougies parfumées, de petits cristaux et de pétales de fleurs.

Harry était en train de réajuster les couverts pour qu'ils soient bien symétriques aux assiettes et aux verres (lui et sa minutie maladive...) lorsque quelques coups légers à la porte se firent entendre.

Curieux, Lewis alla ouvrir, révélant nul autre que...

Austin.

« Pourquoi t'as toqué ? C'est la première fois que tu fais ça ? S'étonna Lewis. »

Austin haussa les épaules, le visage fermé. Ses mains étaient profondément enfoncées dans les poches de son jean, et son t-shirt trop grand était retroussé aux manches. Son visage pâle et enfantin était baigné de culpabilité, et ses yeux apparaissaient légèrement voilés.

« Ça aurait été un peu déplacé de débarquer comme ça..., marmonna-t-il. »

Lewis fronça les sourcils.

Depuis cette nuit où Eloisa avait fait une overdose et où Austin s'était fait agressé, le blondinet n'avait plus été le même. Il avait radicalement changé d'attitude : il restait silencieux, avait perdu de sa joie rayonnante et de son rire communicatif. Il semblait constamment éteint, comme si on avait soufflé toutes ses bougies. Il ne sortait plus et faisait sagement ses devoirs tous les soirs avant d'aller au lit sans faire de vague. Puis, le matin, il se réveillait et prenait son petit déjeuner, tout en prenant garde à ne jamais toucher le piano pour ne pas réveiller Lewis.

« Ce n'est pas déplacé quand c'est chez Harry, Raffaele ou Eloisa, protesta fermement le châtain avant d'ouvrir un bras, faisant un signe silencieux à son ami. »

Austin s'exécuta lentement et franchit le seuil de la porte avant de se nicher contre Lewis qui passa un bras autour de ses épaules. Et ils marchèrent ensemble jusqu'à la véranda.

« Pas de whisky aujourd'hui ? Plaisanta Lewis en jetant un oeil vers Harry qui les observait, debout près de la table, les lèvres pincées. »

Austin secoua la tête en admirant la pièce.

« Ça n'aurait pas été une bonne idée... »

Il s'arrêta et haussa les épaules.

« Vu ce qui s'est passé...

- Ah ouais, bien vu, répondit Lewis, gêné.

- Ça me fait plaisir que tu sois venu, intervint Harry en s'approchant pour ébouriffer affectueusement les cheveux d'Austin. »

Le blondinet esquissa un sourire.

« Je suis content d'être là aussi. »

Silence.

« Eloisa sera contente de te voir aussi, ajouta Lewis d'un ton qui se voulait rassurant en frottant gentiment le bras du plus jeune. Tu lui manques.

- Je vois vraiment pas pourquoi.

- Parce que t'es un de ses meilleurs amis. Elle t'adore, et ce qui s'est passé n'a rien changé entre vous.

- À ta place, je n'en serais pas aussi sûr, grommela Austin, et Lewis ravala péniblement la boule de frustration qui obstruait sa gorge.

- Chaton, t'aurais jamais pu prédire que ça tournerait mal. Ce n'est pas de ta faute. Tu profitais de ta soirée, comme tu le fais à chaque fois, et Eloisa aussi. Elle a sa part de responsabilité dans ce qui s'est passé, elle le dit elle-même. Et toi aussi t'aurais pu faire une overdose..., expliqua patiemment le châtain pour la centième fois. »

Et comme toujours, Austin haussa les épaules, indifférent à ses paroles, trop enfoncé dans sa culpabilité pour être raisonné.

« Ouais, enfin bref, peu importe, je suis venu parce que je voulais la voir avant qu'elle parte. »

Lewis envoya un regard dépité en direction de Harry qui secoua la tête d'un air contrit.

« Tout le monde sera content de te voir, approuva le bouclé. »

Austin hocha la tête d'un air absent avant de se tourner vers le mur de verre de la véranda qui donnait sur le campus.

-X-

Lorsque Raffaele et Teresa arrivèrent enfin, Harry et Lewis se jetèrent sur eux comme deux enfants pour les engloutir dans un câlin de groupe.

« Voilà l'enfant chérie ! Rugit Lewis en plaquant un baiser humide sur le joue d'Eloisa qui lâcha un éclat de rire. »

Bon Dieu, ce que ça faisait du bien de se retrouver...

« Désolé, on est un petit peu en retard, s'excusa Raffaele en essayant de se dépêtrer des bras de fer de Harry. On s'est un peu promené au parc pour profiter du soleil.

- J'ai surtout profité de mes derniers instants de liberté, lâcha Eloisa d'un air sombre. »

Raffaele leva les yeux au ciel.

« On ne va pas t'enfermer dans un donjon, Elo'.

- Qu'est-ce que t'en sais ? Fit-elle en faisant la moue. Mon père n'arrête pas de me dire que c'est horrible là-bas... »

Raffaele lâcha un sourire et l'attira dans ses bras.

« Je vas m'assurer que tu sentes bien là-bas. Et si vraiment tu vis un enfer, je t'arracherai de là moi-même. »

Un petit sourire effleura les traits d'Eloisa, et elle pressa un doux baiser sur la joue de son petit ami.

« Je t'aime, minauda-t-elle.

- Je t'aime aussi, répondit Raffaele sans l'ombre d'une hésitation. »

Ils s'installèrent sur les divers fauteuils et rocking-chairs dans la véranda baignée par le soleil (d'ailleurs, Eloisa eut le malheur de faire un petit compliment sur la beauté de l'endroit, et Harry se mit à rayonner de tant d'orgueil et de fierté que Lewis dut lui donner un coup sur l'épaule pour le faire redescendre de son piédestal), mais ils remarquèrent bien vite qu'il manquait quelqu'un.

« Austin ? Appela Lewis en se retournant. »

L'Irlandais était toujours debout près de la porte-fenêtre et les observait, en retrait, le corps raide. Son teint de porcelaine était illuminé par les rayons du soleil, détonnant avec ses sourcils froncés et la lueur ombragée qui imprégnait ses prunelles.

« Chaton, viens t'asseoir avec nous, proposa Lewis en lui décochant un sourire encourageant. Ne sois pas timide. »

Austin ne bougea pas d'un poil et se mordit anxieusement la lèvre inférieure.

« Ozzie, appela soudain Eloisa d'une voix douce. Viens là s'il-te-plaît. »

Elle fit un geste vers le rocking-chair à côté d'elle.

« J'ai l'impression que ça fait des années qu'on ne s'est pas vus. Tu me manques, tu sais. »

Austin déglutit péniblement et s'avança lentement jusqu'à la jeune fille avant d'emprisonner sa main entre les siennes. Ils se dévisagèrent un long moment sans rien dire, mais lorsque Eloisa lui adressa un doux sourire, le masque que portait le blondinet se fissura.

« Je suis désolé..., murmura-t-il soudain, des trémolos dans la voix, avant de s'agenouiller devant Eloisa. Je suis désolé, Elo'...je voulais pas... »

Il s'arrêta et baissa les tête. De sa position assise, Lewis vit ses épaules trembler.

« Pardon...pardon, pardon, pardon, pardon... »

Eloisa le prit dans ses bras pour le faire taire et un rire lui échappa.

« Ça va aller, Ozzie. Ça va aller. Je n t'en veux pas, d'accord ? Je ne pourrais jamais t'en vouloir. C'est de notre faute à tous les deux. »

Les autres observaient le duo en silence, les yeux remplis d'émotions contenues. Eloisa resserra son étreinte autour des épaules d'Austin lorsque ce dernier lâcha un petit reniflement.

« Calme-toi, souffla-t-elle en lui frottant le dos. On s'en est sortis tous les deux. C'est terminé, maintenant. Et on a retenu la leçon, d'accord ? On ne refera plus jamais ça. C'est du passé.

- Je suis désolé, répéta Austin d'une voix à peine audible en enfouissant son visage contre l'épaule d'Eloisa.

- Pas moi, répondit-elle. C'était un mal pour un bien. Parfois, on a besoin qu'on nous ouvre les yeux pour nous faire comprendre la gravité de la situation. »

Austin se détacha d'elle et hocha la tête d'un air pensif.

« J'ai contribué à t'ouvrir les yeux, alors ? »

Un sourire rayonnant se fraya un chemin sur le visage d'Eloisa.

« Oui.

- Oh...bah alors...de rien. »

Ces derniers mots plongèrent la pièce dans un torrent de rire. Eloisa prit à nouveau brièvement e garçon dans ses bras en riant.

« Je suis tellement contente que tu sois là, dit-elle avec sincérité.

- Merci de m'avoir invité, répliqua Austin en souriant pour la première fois avec plus de joie.

- À Eloisa et Austin, clama alors Harry en levant son verre de jus d'ananas. »

Lewis sentit un frisson délicieux le parcourir lorsqu'il sentit la main du bouclé se poser sur sa cuisse. Leurs regards se croisèrent, et une expression complice et emplie d'affection illumina leur visage.

« À Eloisa et Austin, répondirent-ils tous en choeur. »

Et ils trinquèrent leurs verres et burent leurs boissons d'une traite.

Et oui. Ce qui s'était passé avait été un mal pour un bien, finalement.

-X-

La fin de l'année déboula à toute allure. Lewis passait le plus clair de son plongé dans ses livres ou dans les bras de Harry.

« Tu veux du sucre dans ton thé ? S'enquit le châtain en remuant paresseusement les tasses de thé posées devant eux. »

Ils étaient dans les bras l'un de l'autre, à même le sol, adossés contre le canapé et entourés par des montagnes de coussins brodés et d'épaisses couvertures tricotées. Un plateau en argent était posé à leurs pieds, avec un magnifique service à thé indien. De la fumée s'échappait des tasses bouillantes, tandis que Harry feuilletait un livre de Keats et que Lewis relisait ses cours de théâtre.

Le châtain était lové contre le torse de Harry, et frissonnait à chaque fois que le main de son petit ami caressait son bras. Sa peau se recouvrait de chair de poule lorsqu'il se penchait vers lui et murmurait au creux de son oreille ses passages préférés. C'était un peu distrayant parce que le châtain devait faire une effort monumental pour rester concentré sur ses cours, mais c'était aussi tellement enivrant.

« Non merci, répondit Harry en passant une main dans les cheveux de Lewis qui se retint de ronronner de plaisir. Par contre, je veux bien du sirop d'agave, poursuivit-il d'un ton mutin. C'est mon nouveau truc. »

Lewis pouffa de rire.

« T'es ridicule, Montgomery, lâcha-t-il en riant. Et puis on n'a pas de sirop d'agave de toute façon.

- Si on en a. J'ai acheté plein de pots hier. Tout est dans ma chambre.

- Bah dommage pour toi, j'ai la flemme d'aller en chercher. »

Harry fit la moue.

« J'ai pas envie non plus que tu bouges, acquiesça-t-il en verrouillant un bras autour de la taille de Lewis (qui sentit une volée de papillons lui retourner le ventre). Demande à Austin, au pire ?

- Austin n'est pas là, au cas où t'aurais pas remarqué.

- Envoie-lui un message.

- Bon, tu vas te taire à la fin ? Rit Lewis en levant les yeux au ciel. Je te dis pas les conneries que tu peux me sortir des f...

- Fais-moi taire, alors, souffla alors Harry au creux de son oreille, le réduisant soudain au silence. »

Et il n'eut pas besoin de se le faire dire deux fois.

Il se pencha en avant et captura les lèvres de Harry dans un baiser langoureux. Un sourire se forma sur ses lèvres lorsqu'il sentit son petit ami être agité d'un soubresaut et laisser tomber son livre. il sentit les mains du bouclé remonter dans son dos, traçant des arabesques contre le tissu de son t-shirt, et Lewis prit son visage en coupe.

Très vite, la langue de Harry s'immisça entre ses lèvres. Elle était brûlante et traçait un chemin de feu jusqu'au centre de son âme, le consumant de l'intérieur. Lewis aurait pu mourir de plaisir. Ses lèvres dérapèrent sur la mâchoire du bouclé, et il entreprit de sucer et de mordiller la peau qui lui était offerte, traçant un chemin jusqu'au cou qu'il commença à marquer.

« 'Les courbes de vos lèvres renouvellent', chuchota Harry entre deux respirations saccadées.

- C'est pas de Keats, ça, marmonna Lewis contre la peau de son petit ami avant de se mettre à mordiller doucement le lobe de son oreille.

- Je sais, répondit-il d'une voix soudain plus aiguë.

- C'est de Wilde, devina Lewis en souriant tendrement.

- Exactement, acquiesça Harry, le regard assombri par le désir, et il écrasa à nouveau ses lèvres contre celles du plus âgé. »

Ce baiser fut un peu plus précipité et quémandeur. Les mains de Harry parcouraient le corps de Lewis, mais ses gestes restaient toujours respectueux, et il ne s'aventurait jamais à des endroits plus osés. Le corps bouillonnant de désir, Lewis se redressa un peu avant de s'asseoir à califourchon sur les cuisses de Harry. Il renversa le plateau de thé dans la manoeuvre, mais il n'y prêta pas attention parce que Harry était contre lui, et l'embrassait, et c'était tout ce qui comptait en cet instant. Sans réfléchir, ses doigts se posèrent sur le chemise du bouclé, mais alors qu'il commençait à la déboutonner, Harry lui saisit les poignets et s'écarta de lui en haletant.

« Non...je suis désolé..., souffla-t-il, à bout de souffle, les joues teintées de rose et le regard fuyant. »

Lewis cligna des yeux, décontenancé, avant de s'éloigner. Son coeur tambourinait furieusement contre ses côtes.

« Est-ce que j'ai fait quelques chose qu'il ne fallait pas ? Demanda-t-il en sentant un vent de panique commencer à monter en lui. »

Harry secoua aussitôt la tête et embrassa les phalanges du châtain.

« Non, répondit-il d'une voix rauque. Non, c'est juste que... »

Il s'arrêta et parut réfléchir quelques instants avant de continuer :

« C'est différent avec toi. »

Il déglutit.

« Je flippe un peu, en fait... »

Oh bon Dieu. Lewis était au bord de la liquéfaction.

Ce garçon ne cesserait-il donc jamais d'être terriblement adorable ?

« Harry, murmura-t-il en caressant la joue de Harry. Y a aucune urgence, d'accord ? On a tout notre temps pour en venir à ça. Te mets pas la pression. »

Il se tut et chercha le regard de Harry.

« I'm happy just to dance with you, chantonna-t-il avec un demi-sourire. »

Les lèvres de Harry se tordirent en un sourire amusé.

« Les Beatles ?

- Tout juste, mon cher Watson, approuva Lewis en essayant de recomposer son sérieux.

- Tu savais que mon père avait bossé avec Paul McCartney ? »

Lewis leva les yeux au ciel et envoya un léger coup de poing taquin contre l'épaule de Harry.

« T'as fini de te la péter espèce de sale gosse de riche fils de pop star ? Rit-il en déposant un baiser humide sur le nez du bouclé. Faut que je termine mes devoirs, tu veux m'aider ? On livre ton livre de Keats après, si tu veux.

- D'accord, acquiesça Harry d'un air content avant d'ajouter à voix basse. Et. Merci. »

Lewis haussa un sourcil.

« Merci pour quoi ?

- Merci d'être toi. »

Son ton si sincère fit bondir le ventre du châtain. Il sentit sa nuque chauffer alors qu'il était submergé par une drôle de vague étouffante mais pas forcément désagréable.

Pour cacher son air désarçonné, il fit taire Harry en capturant ses lèvres.

-X-

Harry avait ses bons jours et ses mauvais jours.

Et pendant les mauvais, il restait silencieux, morne, et semblait aussi vide et creux qu'une coquille.

Lewis détestait ces moments-là.

« J'ai trouvé un appart', au fait, annonça Harry en parcourant les rayons d'une boutique d'antiquités. »

Les étagères en bois étaient poussiéreuses et garnies d'objets antiques en tout genre : de la porcelaine chinoise, des livres aux reliures craquelées et tâchées, des tourne-disques vintage, et bien d'autre encore.

« Ah ouais ? S'enquit Lewis en examinant une lampe à huile en cuivre. Tu penses que tu vas le prendre ? »

Harry resta un moment silencieux et se mit à tripoter nerveusement une boîte à musique en bois dont le couvercle était orné d'une peinture de la Renaissance.

« Ouais. Je l'ai déjà acheté, en fait... »

Ah.

Ah bon ?

« C'est loin de chez ton père ? Demanda Lewis en fronçant les sourcils. »

Comment ça, il l'avait déjà acheté ? Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé avant ?

« Un peu, répondit vaguement Harry en reposant la boîte à musique, non sans continuer de l'admirer. »

(Alors évidemment, Lewis la récupéra et la glissa dans son sac à dos dès que le bouclé eut le dos tourné).

« C'est...euh...c'est près de Bury St Edmunds. »

Lewis se figea.

« Quoi ? »

Merde, son coeur s'était arrêté de battre.

Harry déglutit bruyamment.

« Mais sinon, il est encore temps de changer d'avis...

- Changer d'a...

- C'était stupide, l'interrompit Harry en secouant la tête avant de se diriger vers la sortie. Je vais annuler mon...

- Whoah, Curly, whoooah, intervint Lewis en empoignant sa veste pour l'empêcher d'aller plus loin. Arrête, c'est tout sauf stupide. C'était...putain, c'est génial ! »

Son visage se fendit d'un sourire. Bordel. Harry allait emménager près de chez lâcha un rire.

« J'en reviens pas...c'est génial, répéta-t-il en attrapant le garçon par le cou. »

Sans crier gare, il prit son visage en coupe et l'attira dans un baiser enfiévré. Harry sourit doucement, mais l'inquiétude assombrissait toujours son visage. Il hocha la tête d'un air incertain et recula d'un pas.

Mais bon, Lewis passa outre, parce que son petit ami allait emménager près de chez lui, et il fallait qu'il achète cette boîte à musique. Alors, avec un dernier baiser, il ajouta :

« Il faut que j'aille aux toilettes. Tu m'attends dehors ? »

Harry hocha la tête et s'éloigna d'un pas raide vers la sortie.

Le sourire aux lèvres, Lewis s'avança vers la caisse et montra la boîte à musique au vendeur qui l'encaissa.

« Ce sera tout, jeune homme ?

- Ce sera tout, acquiesça Lewis en glissant son porte-feuille et la boîte à musique dans son sac. »

-X-

Harry resta silencieux et morose le reste de la journée. Il annula même leur rendez-vous avec Raffaele, Eloisa et Austin le soir, prétextant qu'il ne se sentait pas très bien. Alors, Lewis rentra chez lui, troublé.

« Bon, dis-moi, qu'est-ce qu'il y a ? Soupira-t-il une fois qu'il arrivèrent chez Harry. »

Le bouclé ne répondit rien et fila vers sa chambre.

Lewis leva les yeux au ciel.

« Harold, appela-t-il, irrité en le suivant à la trace. Arrête de fuir. Je sais qu'il y a un truc qui te tracasse, ça se lit clairement sur ton visage.

- Rien, mentit sèchement Harry en s'installant à son piano. »

Mais il ne fit aucun mouvement vers les touches d'ivoire. Il se contenta de fixer le clavier.

Avec un long soupir, Lewis le poussa doucement pour qu'il se décale sur le côté avant de se laisser tomber sur le tabouret à côté de lui. Il emprisonna une des mains du bouclé entre les siennes.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Dis-moi ? Demanda-t-il à nouveau en caressant les phalanges du garçon dans des petits cercles apaisants. »

Les yeux de Harry se perdirent un moment dans le geste tendre et empli d'affection.

« Tu regrettes d'avoir acheté l'appart', c'est ça ? Conclut platement Lewis en sentant son ventre se tordre douloureusement. Tu n'as plus envie de vivre près de moi et de ma famille. »

Il essayait de conserver une voix neutre, de mettre ses sentiments de côté, mais...c'était dur.

« Non, ce n'est pas ça. Du tout, protesta aussitôt Harry en écarquillant les yeux. Pas du tout, insista-t-il en serrant les mains de Lewis entre les siennes.

« Qu'est-ce qu'il y a, alors ? Demanda doucement le châtain, légèrement soulagé. »

Harry avala sa salive.

« En fait, j'ai l'impression que ce n'est pas une bonne idée. »

Oh. Lewis dut faire un effort surhumain pour rester calme.

« Et pourquoi tu penses ça ?

- Parce que...ça voudrait dire que ce serait plus...sérieux entre nous ? »

Ouh. Lewis eut la douloureuse impression qu'une lance venait de transpercer son coeur.

Ah non. C'était Harry Montgomery.

« Et c'est pas ce que tu veux. »

Sa voix se brisa à la fin de sa phrase.

Merde.

Merde merde merde.

« Non, au contraire, c'est ce que je veux, répondit doucement Harry. Mais...c'est pas ce que je veux pour toi. »

Oh, pour l'amour de Dieu.

« D'accord. Bon, maintenant, tu vas m'écouter attentivement Harold Montgomery, ou peu importe ton nom. Il va vraiment falloir que tu arrêtes de vouloir prendre des décisions à ma place et d'essayer de juger ce qui est ou mal pour moi. Je t'aime. Beaucoup. Je t'aime beaucoup trop, d'ailleurs. »

Harry lâcha un petit rire et leva les yeux au ciel.

« Et que je sache, je ne prévois pas d'arrêter de t'aimer. Alors, ça ne sert à rien d'essayer de ralentir les choses entre nous, ou de vouloir m'éloigner de peur de me faire souffrir. Je suis borné et je gagnerai toujours, Curly. Toujours. Alors laisse-moi t'aimer espèce de cucu, et viens vivre près de chez moi pour que je puisse devenir ton nouveau pot de colle attitré, et que je puisse t'embrasser tous les jours. »

Il illustra son petit monologue d'un baiser sur la joue de Harry qui sourit doucement, les yeux rivés sur ses genoux. Alors, Lewis lui releva la tête du bout de l'index.

« D'accord ?

- C'est juste que..je ne suis pas habitué à ça..., marmonna Harry en plongeant son regard émeraude dans celui du châtain. J'ai peur de tout foutre en l'air... »

Un rire clair échappa à Lewis.

« Est-ce que tu penses que ce que tu as décidé de faire était une bonne chose ? »

Harry haussa les épaules, toujours perdu dans les yeux du plus âgé.

« Je crois, oui.

- Alors, tu as bien fait.

- C'est aussi simple que ça ?

- C'est aussi simple que ça. Et je suis fier de toi. Je pense aussi que tu as bien fait. Tu prends la bonne décision de prendre du recul par rapport à ton père, Harry. Je sais que c'est pas facile pour toi de faire ça. »

Harry déglutit.

« Merci, souffla-t-il d'une toute petite voix.

- Et ça ne veut pas dire que tu l'abandonnes. Au contraire. C'est pour ton bien, mais c'est aussi pour son bien à lui. La situation était beaucoup trop toxique pour vous deux, continua Lewis en glissant une main dans la tignasse bouclée du plus jeune. Et on ira le voir aussi souvent que possible. »

Harry le dévisagea d'un air surpris.

« C'est vrai ? Tu veux bien le rencontrer ?

- Bah bien sûr, c'est ton père quand même, rit Lewis. »

Le visage de Harry s'illumina.

« Genre, tu lui rendras visite avec moi ?

- Absolument.

- Merci. Merci, Lewis, murmura Harry d'un ton sérieux.

- Mais de rien, Curly. Oh, au fait. J'ai un cadeau pour toi. »

Le châtain se leva et farfouilla un moment dans son sac pour en sortir délicatement la petite boîte à musique.

« C'est quoi ? Demanda Harry en se levant à son tour pour s'approcher de lui.

- Hay, doucement, Curly, vas te rasseoir où je ne te la donnes pas.

- Hors de question. Mi piaciano i regali.

- Euh...si, mi chiamo Lewis. Vuoi dormire con me stanotte. »

Harry éclata de rire.

« Est-ce que tu sais ce que tu dis, au moins ? S'esclaffa-t-il avec hilarité.

- Évidemment. J'ai dit mon, et pleins d'autres trucs super importants. Je parle couramment l'italien. Bref, allez, allez tiens espèce de gros chat, dit-il en tendant la boîte à musique à Harry. »

Ce dernier ouvrit des yeux ronds de hiboux.

« Comment t'as su que...

- J'étais avec toi cet après-midi, abruti !

- Nan, je sais, mais...comment t'as su que je la voulais ? Genre, j'ai rien dit du tout... »

Il prit la boîte avec précaution et fit courir ses doigts sur la surface vernie.

« Comment t'as su ? »

Lewis haussa les épaules, troublé.

« J'en sais rien. T'es comme un livre ouvert, Curly. J'ai tout de suite compris qu'elle te plaisait... »

Le sourire de Harry s'élargit. Il souleva délicatement le couvercle, mit le mécanisme en route, et une jolie musique cristalline enveloppa la pièce.

« Elle est magnifique. Merci Lewis. Merci.

- À votre service, Mister Montgomery. »

-X-

Vers la fin du semestre, un grand banquet fut organisé dans un hôtel chic pour réunir les étudiants et les inviter à décompresser et à fêter la fin des examens.

Comme toujours, Lewis ne se sentait pas vraiment dans son élément, mais il y avait un buffet à volonté et l'alcool était gratuit, alors il accepta de faire un effort et de se fondre dans la masse.

Austin s'amusait comme un fou et descendait ses verres de whisky à la vitesse de l'éclair. Il était entouré par un groupe d'hommes aux cheveux blancs et aux joues roses et discutait avec eux avec enthousiasme.

Eloisa bavardait avec quelques professeurs sur la terrasse. Son passage au centre de désintoxication avait été miraculeusement écourté ( grâce à sa fortune incommensurable) pour qu'elle ne rate pas cette soirée ainsi que les derniers partiels. Mais son court séjour semblait tout de même l'avoir aidée, car elle sirotait sagement un verre d'eau citronnée.

Un peu plus loin, debout dans un coin de la pièce, Raffaele semblait tellement s'emmerder que Lewis ne put s'empêcher de pouffer de rire. Il étai entouré par un groupe de filles qui papotaient et faisaient les paons pour attirer son attention. Raffaele affichait une expression si morne et ennuyée que le châtain n'aurait pas été étonné de le voir se taper la tête contre le mur avec frustration.

Leurs regards se croisèrent, et Lewis envoya un clin d'oeil à son ami qui esquissa un bref sourire avant de se remettre à écouter poliment la fille aux cheveux roux qui lui parlait à toute vitesse.

Et puis, il y avait Harry qui, comme toujours, attirait tous les regards et illuminait la pièce avec son charme naturel et irrésistible. Et Lewis savait qu'il se réjouissait de l'attention qu'on lui portait. Il le lisait sur son visage. Il était le centre de l'attention, et tout le monde l'adorait. Et le tableau était fascinant à voir.

Enfin, tout chez Harry était fascinant aux yeux de Lewis.

Le châtain l'observa quelques minutes avant d'attraper deux flûtes de champagne et de s'approcher lui.

Il se fraya un chemin à travers la foule qui entourait son petit ami. Son visage exprimait son état de jubilation extrême lorsqu'il se réfugia dans les bras de Harry, sous les regards noirs et jaloux des autres invités (certains étaient même en train de montrer les crocs), et qu'il déposa un baiser au coin de ses lèvres, faisant s'illuminer son visage.

-X-

À la fin de la soirée, ils décidèrent tous deux de rentrer chez Harry à pied, et complètement bourrés. En fait, ils étaient tellement bourrés qu'ils crurent bon de se mettre à danser une valse en plein milieu de la rue.

Lewis n'hésita même pas à prendre la main que lui tendait Harry, et il explosa de rire quand il se retrouva brusquement attiré contre le torse du bouclé. Ils tournoyèrent (en trébuchant dangereusement) sous les réverbères jaunâtres, jusqu'à ce qu'ils aient la tête qui tourne. Jusqu'à ce qu'ils soient tellement déséquilibrés qu'ils s'écroulèrent tous les deux sur le goudron, les quatre fers en l'air, en gloussant bruyamment.

« Hey, Lewis ?

- Ouais ?

- On fait la course ? »

Un sourire mutin tordit les lèvres de Lewis.

« Jusqu'à où ?

- Le pont. »

Lewis lui décocha un sourire espiègle avant de bondir sur ses pieds et de détaler comme un lapin sans demander son reste.

« Tricheur ! Hurla Harry derrière lui, et le châtain partit dans un fou rire incontrôlable. »

Il atteignit le pont bien avant Harry, évidemment (lequel était sans doute tombé dans sa course, parce que son pantalon était troué et maculé de terre). Il leur fallut plusieurs secondes pour reprendre leur souffle.

« Hey, Lewis ? Dit Harry entre halètements. Tu veux que je te dise un secret ?

- Ouais. »

Harry sourit et fit signe à Lewis de s'approcher avec un mouvement suggestif du doigt. Le châtain leva les yeux au ciel et s'exécuta.

« Allez vas-y, balance. »

Harry l'attira alors par la nuque et pressa ses lèvres contre son oreille, le faisant frissonner involontairement.

« Je suis amoureux de toi, Lewis Fitzmoore. »

Pendant une seconde, Lewis oublia tout. Tout à part son sang qui pulsait plus profondément et plus fort que jamais à ses oreilles. Sa gorge s'assécha complètement lorsque Harry lui offrit un sourire léger et pourtant éclatant, chargé de son éternelle gentille. Le coeur du châtain allait jaillir de sa poitrine.

Harry ne lui avait jamais dit explicitement qu'il l'aimait. Le regard du bouclé se planta dans le sien, le consumant de l'intérieur. Un sentiment nouveau, dévorant, aiguisé et profond explosa en lui.

« Hey Harry ?

- Oui ? répondit Harry avec un sourire.

- Je t'aime aussi. »

Le regard de Harry descendit sur ses lèvres. Et sans crier gare, il attrapa la main de Lewis, qui traçait doucement le contour de sa mâchoire, et glissa une autre main autour de la taille du châtain. Et dans un ultime mouvement ferme, il l'attira contre lui pour éliminer cette distance angoissante entre eux avant de sceller leurs lèvres. Non, en fait, il se retrouva à dévorer les lèvres de Lewis. Et le châtain ne manqua pas de laisser échapper un soupir de pur contentement.

Leur baiser bouillant se prolongea pendant plusieurs secondes avant qu'ils ne se détachent l'un de l'autre, un air béat plaqué sur le visage.

« On rentre ? Proposa Lewis en mêlant ses doigts à ceux de Harry. »

Ce dernier hocha la tête avec un petit sourire avant de rejeter soudain la tête en arrière, plongeant son regard dans la ciel moucheté d'étoiles.

« JE T'AIME LEWIS FITZMOORE ! Beugla-t-il en fixant la lune. »

Lewis le dévisagea, ahuri.

« C'était pour quoi, ça ? Demanda-t-il dans un rire surpris.

- Je voulais juste dire au monde que j'étais amoureux de toi, répondit simplement Harry avec un mouvement de sourcil suggestif.

- Pfff, allez viens là espèce d'idiot, rit Lewis en passant un bras autour de la taille du bouclé avant de l'entraîner vers le sentier menant au campus. »

-X-

Le semestre était enfin terminé. Lewis avait décroché des résultats excellents (d'ailleurs, Harry ne manqua pas de s'approprier le mérite, ce qui lui valut plusieurs coups sur la tête de la part du châtain), et Austin était déjà en train de réserver les hôtels pour les vacances qu'ils allaient passer ensemble en Italie cet été.

« Quoi, je vais avoir que deux semaines de répit avant de te revoir pour qu'on parte en Italie ? Se plaignit Lewis. J'aurais jamais le temps de me reposer de toi !

- Deux semaines, c'est long, Fizzy ! S'indigna Austin. Tu vas voir, tu vas adorer l'Italie. C'est le plus beau pays que j'ai jamais vu.

- Mais je ne peux pas y aller !

- Bah pourquoi ?

- Mais je n'ai pas assez d'argent pour...

- Vas chier cette excuse ailleurs, Lewis. Je t'emmène avec moi, que tu le veuilles ou non, pigé ? »

Lewis lui jeta un regard noir, plus pour la forme qu'autre chose.

« T'es une petite créature très autoritaire, tu le sais ça ?

- Je ne suis pas petit, riposta Austin en levant le nez, même s'il savait pertinemment qu'il était le plus petit de leur bande. Mais pour de vrai, viens avec nous, s'il-te-plaît ? J'ai déjà tout réservé, et ce sera pas pareil sans mes meilleurs potes là-bas... »

Lewis se redressa.

« Les autres viennent aussi ?

- Bien sûr !

- Bah pourquoi tu ne l'as pas dit plutôt ! Dans ce cas, évidemment que je viens ! »

Austin éclata de rire et ramassa sa guitare posée au sol.

« Branleur. »

Lewis lui envoya un baiser.

« Je t'aime, chantonna-t-il.

- Bah moi je ne t'aime plus. Tu m'as brisé le coeur, gronda Austin en commençant à gratter les cordes de sa guitare. »

Donc franchement, Lewis n'avait vraiment pas de quoi s'inquiéter. Il verrait les autres régulièrement, mais il aurait aussi l'occasion de passer du temps avec sa famille et Caleb.

En fait, il n'y avait qu'une seule chose qui le préoccupait.

Harry allait bientôt déménager dans sa ville natale.

Mais finalement, cette idée le terrifiait.

Et si sa relation avec Harry ne fonctionnait pas dans le monde réel ? Pour le moment, ils ne s'étaient connus que dans l'enceinte du campus, dans le contexte de l'école... Et aussi, qu'allait-il faire si sa famille le détestait, et que Harry détestait sa famille ? Qu'arriverait-il s'ils finissaient par s'éloigner l'un de l'autre ? Que deviendrait-il si Harry l'oubliait ?

Ouais. Lewis s'inquiétait trop. Mais c'était plus fort que lui. Il avait peur.

Alors, sans surprise, au cours de leur dernière soirée ensemble, il se transforma en véritable ventouse et resta accroché à Harry. Ils avaient passé la soirée avec Austin, Eloisa et Raffaele, qui avaient décidé de dormir une dernière fois chez Harry pour inaugurer son départ. Tous les trois s'étaient installés dans le salon et avaient laissé la chambre à Harry et Lewis.

L'appartement était étrangement vide, et des cartons et des valises traînaient dans toues les pièces, soigneusement empaquetés et fermés au double-face.

Ils étaient tous les deux allongés au sol, adossés contre le lit, et observaient la nuit étoilée par la fenêtre ouverte. Un silence tranquille et apaisant les enveloppait.

« Tu vas me manquer, tu sais, murmura Lewis contre le cou de Harry. À chaque fois qu'on ne se verra pas cet été, tu me manqueras horriblement. »

Il ravala difficilement la vague de tristesse qui le submergea.

« Tu m'as détruit, Harry. Tu m'as complètement retourné le cerveau, et maintenant je ne peux plus me passer de toi. beau travail. »

Il plaisantait bien sûr. Mais il ne pouvait nier qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il disait. Alors il déglutit et attendit une réponse.

Harry tourna la tête vers lui, et il sentit ses lèvres effleurer son front.

« Je pense plutôt que c'est toi le plus cruel de nous deux, Lewis, murmura-t-il. »

Leurs pupilles se percutèrent.

Lewis haussa les sourcils d'un air interrogateur.

« Tu m'as fait découvrir tout un panel de couleurs inimaginables alors que toute ma vie, je n'avais connu que du noir, du gris ou du blanc. Et tu es cruel, parce qu'à chaque fois que tu t'éloignes de moi, tu emportes toutes les couleurs avec toi. »

Wow. Le cerveau de Lewis venait de se court-circuiter.

« Harry, souffla-t-il, interdit. »

Il aurait aimé que cette nuit ne se termine jamais, et qu'il consacre le reste de son existence dans les bras de ce garçon (bon Dieu, l'amour était vraiment un sentiment horrible et malsain). Et il était effrayé. Il était effrayé de constater qu'il était devenu aussi dépendant de quelqu'un. C'était un sentiment aussi enivrant que toxique, aussi excitant que terrifiant.

« Je m'installerai près de chez toi aussi vite que possible, assura Harry en appuyant son front contre celui de Lewis. Et ensuite on se verra tous les jours. »

Lewis frissonna en sentant son souffle s'échouer sur ses lèvres.

« Promets-le moi, quémanda-t-il tandis que Harry se mettait à embrasser et mordiller la jonction entre son épaule et son cou.

- Je te le promets, chuchota-t-il contre sa peau. Lewis, ajouta-t-il dans un souffle en posant ses doigts sur la braguette de Lewis pour commencer à la déboutonner. »

Oh.

Lewis s'éloigna un peu et sonda son visage avec attention, scrutant les pupilles assombries par le désir.

« Harry ? Souffla-t-il, incertain. Est-ce que...est-ce que t'es sûr de toi ? »

Harry lui lança un regard déboussolé avant de regarder ses mains, comme s'il se demandait comment elles avaient bien pu se poser sur la braguette de Lewis.

« J-Je ne sais pas. »

Lewis médita un instant sa réponse. Puis, une idée lui vint à l'esprit. Il esquissa un sourire mutin et se leva, sous le regard confus de Harry.

Le bouclé écarquilla les yeux lorsqu'il le vit ôter son t-shirt.

« Q-Qu'est-ce que tu fais ? Lâcha-t-il en rougissant.

- Oh, je t'en prie, Curly, t'en as vu d'autres, sourit Lewis d'un aire faussement innocent. »

Sans qu'il ne le veuille vraiment, le regard de Harry dériva sur le torse du garçon, embrassant du regard sa peau laiteuse, ses tétons, son nombrils et le fin duvet de poils qui descendait jusqu'à l'endroit qu'il ne préférait pas imaginer. Le V de ses hanches était parfaitement dessiné, et le bouclé se sentit presque défaillir à cette vision. Il remonta son regard vers les yeux bleus de Lewis qui le faisaient tant chavirer.

« Est-ce que je te déstabilise ? Demanda Lewis du tac-au-tac, et Harry manqua de s'étrangler avec sa salive.

- T'es vraiment en train de me demander ça ? »

Le châtain lâcha un petit rire.

« Bon, approche-toi.

- Qu'est-ce que t'essaies de faire, sérieux ? J'ai pas la patience de participer à une de tes expériences à la noix.

- Curly, tais-toi et approche-toi. »

Harry soupira doucement et se décida à se lever avant de se planter devant son petit ami.

Puis, il fit le truc le plus inconscient du monde. Il posa ses mains sur la poitrine de Lewis. Pour le repousser, ou le forcer à se rhabiller, il ne savait même pas. Mais forcément, quand il toucha sa peau, il éprouvait l'envie de faire tout l'inverse : de l'attirer dans ses bras et de le déshabiller complètement. Alors, comm un con, il laissa ses mains là. Il les laissa sur la poitrine de Lewis. Il finit même pas les glisser le long de son torse pour s'arrêter sur ses hanches. C'était tellement con, putain. Que Lewis lui retourne le cerveau juste en le touchant. Tout semblait irréaliste, à côté.

« Rapproche-toi encore, l'encouragea Lewis avec un demi-sourire.

- Laisse-moi réfléchir, gronda Harry. »

Lewis se tut, attendant un geste de sa part. Le bouclé prit une inspiration. Ses yeux verts étaient toujours ancrés dans les prunelles bleu ciel de son partenaire.

« Ferme les yeux, murmura alors Lewis. »

Harry s'exécuta et se concentra sur les battements de son coeur.

« Écoute ce qu'il y a l'intérieur de toi. »

Une tempête. Voilà ce qu'il y avait à l'intérieur. La réaction de deux vents contraires qui s'étaient rencontrés. Harry et Lewis. Deux vents qui n'allaient pas dans la même direction, qui luttaient avec acharnement. Et dans cette lutte incessante, ils avaient fini par se mélanger, si brutalement qu'ils ne pouvaient maintenant plus repartir chacun de leur côté. Ils tournoyaient. Trop fort. Trop vite. Trop haut.

Il y avait des vents contraires dans la tête de Harry. Il y avait l'amour qu'il portait à Lewis, mais aussi celui qu'il vouait à son père, l'auteur de toutes ses angoisses et de tous ses malheurs. Il y avait la façon dont Lewis le rendait vivant, l'espoir qu'il ravivait en lui, et ses pensées négatives et néfastes qui l'éloignaient de force. Il y avait l'amour, l'affection, le désir, l'indépendance...mais aussi la jalousie, la possessivité, la peur de l'abandon... Il y avait le passé et le futur.

Il manquait le présent. Parce que Harry était en plein milieu de cette tempête et que tout était flou autour de lui. Et il ne savait pas comment sortir de là. S'il mettait un pied dehors, il se faisait emporter.

« Ouvre les yeux. »

Lentement, les paupières de Harry s'ouvrirent. Il s'habitua à la lumière et resta tétanisé devant Lewis. Il n'était pas aussi près. Il n'était pas aussi près de lui quand il avait fermé les yeux. Alors, il réalisa soudain à quel point ses mains étaient fermement agrippées aux hanches de Lewis, à quel point son torse était proche du sien, à quel point ses lèvres frôlaient les siennes...

« Tu as bougé ? Murmura-t-il, perplexe.

- Non. »

Alors, peut-être que le tournait, parfois.

« On ferme les yeux et tout s'arrange ? Demanda Harry.

- Ça serait un peu trop facile. »

Si seulement. Si seulement tout pouvait se résumer à faire un pas vers l'autre.

« Et rien ne l'est, pas vrai ? »

Lewis acquiesça, l'air sérieux.

« Qu'est-ce qu'on fait ?

- On profite, murmura le châtain, de notre dernière soirée ensemble dans cet appart'. »

Harry resta fixé sur les lèvres du garçon comme s'il savait déjà ce qui allait en sortir.

« J'te fais confiance, tu le sais ça ? Reprit Lewis.

- J'te fais confiance aussi, répondit Harry sans l'ombre d'une hésitation.

- Alors, s'il-te-plaît, fais-moi l'amour, Harry... »

Ça faisait mal, ce genre de phrase. Ça donnait envie de partir en courant. Parce qu'il y avait trop d'espoir dans ces quelques mots. Trop d'attente. Trop d'amour. Et Harry avait peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne pas être assez bien... Mais par-dessus, il avait peur de faire du mal à Lewis.

Mais il ne pouvait ignorer le désir qui le consumait de l'intérieur.

« On ne fait rien de mal, Harry.

- Je sais...

- Est-ce que tu en as envie ? Est-ce que tu as envie de moi ? »

Bien sûr que Harry avait envie de lui.

« Comment est-ce que tu peux t'imaginer que je n'ai pas envie de toi ?

- Alors arrête de réfléchir, pour une fois. Laisse-toi aller. »

/!\ SCÈNE ÉROTIQUE / LEMON

Sur ces mots, Lewis s'avança et posa ses lèvres sur les siennes. C'était chaud et humide à le fois. Doux et violent en même temps. Naturel et tellement insensé. Harry fut aspiré, transporté, dévasté.

Lewis glissa sa main dans sa nuque pour y exercer une légère pression, et le bouclé ouvrit la bouche, presque avec désespoir. Et leurs langues se rencontrèrent. C'était chaud et doux. C'était calme, en fait.

Harry se rapprocha du corps de Lewis. Ils étaient si proches qu'il sentait le coeur du châtain qui battait dans sa poitrine et sa peau qui brûlait. Lewis descendit sa main dans le dos du bouclé, lequel encercla son corps de ses bras.

Lewis fit glisser ses lèvres le long de sa mâchoire, couvrant sa peau sa peau de légers baisers, pour finir dans son cou qu'il commença à suçoter. Ils s'accrochèrent l'un à l'autre, très fort. Il y avait de la tendresse dans ce câlin. Il n'y avait qu'au contact de Lewis que Harry se sentait aussi bien. Ça paraissait tellement simple, eux deux, juste leurs peaux, leurs corps, leurs lèvres. Ça paraissait tellement évident. Son ancrage, c'était Lewis. Ses yeux. Son sourire. Ses bras. Son odeur. Son étreinte.

Leurs doigts se lièrent. Leurs respirations s'harmonisèrent.

Harry serra le châtain plus fort contre lui. Il pressa ses lèvres contre sa nuque. Il remonta le long de sa mâchoire, embrassant sa peau lisse et blanche qui le rendait fou. Il embrassa le coin de ses lèvres qui se relevèrent en un sourire adorable. Leurs lèvres se frôlèrent. Ils se cherchaient, se tâtonnaient, se taquinaient. Ils se murmuraient des mots qu'ils étaient incapables de comprendre eux-mêmes.

Ce Lewis qui craqua en premier. Il prit le visage de Harry en coupe et l'embrassa plus fermement. Le bouclé entrouvrit ses lèvres de nouveau. Il attrapa les hanches du châtain et le poussa en arrière, jusqu'à son lit. Lewis laissa un échapper un glapissement lorsqu'il tomba sur le matelas.

« Chut, souffla Harry en riant. Chut, les autres, ils vont... »

Lewis ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et se rua à nouveau sur ses lèvres en grimpant à califourchon sur ses hanches. Ouais. Austin, Eloisa, Raffaele. Ils allaient entendre. Ils allaient comprendre. Mais Lewis ne voulait pas en entendre parler. C'était juste lui et Harry, pour une fois.

Le châtain tira le drap et les recouvrit tous les deux. Ils étaient dans leur bulle. Rien qu'à eux. Il obligea Harry à s'allonger et ancra son regard dans le sien. Ils n'avaient pas besoin de parler. Ils avaient tous les deux conscience de ce qui allait se passer cette nuit. Et Harry en avait peur. Un peu.

« J'ai confiance en toi, dit à nouveau Lewis au creux de son oreille. »

Et Harry aussi, étrangement. C'était naturel, entre eux. Et ils voulaient garder ça rien que pour eux. Personne ne devait rien voir, rien entendre. C'était leur moment. Juste le leur. Alors, Harry hocha la tête et se redressa un peu pour poser ses lèvres sur la peau qui lui était offerte. Lewis poussa un soupir. Et le bouclé continua. Il embrassa chaque recoin de son torse, doucement, pour faire durer le moment, ou peut-être juste parce qu'il tremblait tellement fort qu'il essayait de se contenir comme il le pouvait. Ses mains glissèrent timidement le long des flancs de Lewis qui frissonna. Il remonta jusqu'à son cou, sa mâchoire, puis ses lèvres. Lewis le fit tomber contre le matelas.

Harry l'observa, tandis qu'il remontait son t-shirt du bout des doigts. Puis, il vint embrasser le ventre du bouclé qui ferma les yeux. Il glissa ses lèvres le long de ses côtes, sur sa poitrine, ses tétons. Il embrassait chaque recoin de sa peau, comme s'il en avait besoin. Il laissait échapper sa langue de temps en temps.

Harry réagissait à chacun de ses baisers. La pression que Lewis exerçait sur sa peau le rendait fou. Il avait l'impression d'être pris de spasmes. Il couinait doucement, frissonnait et se tortillait. Lewis l'embrassait avec tellement de douceur que ses yeux se convulsèrent et son dos se cambra. C'était agréable. Ces baisers résonnaient en lui. Il n'y avait qu'entre eux qu'existait cette tendresse.

« Enlève-moi ce foutu t-shirt, chuchota Lewis en se redressant. »

Harry se releva du matelas et plaqua ses lèvres sur les siennes. Il l'embrassa avec fermeté. Lewis glissa ses mains sur sa peau, tirant sur son vêtement. Le bouclé se décolla de ses lèvres avec regret pour le laisser lui enlever avant de se rallonger. Avec un sourire satisfait, Lewis plongea ses lèvres dans son cou en ondulant du bassin contre lui. Les doigts de Harry s'accrochèrent à son dos, griffant la peau sans s'en rendre compte. Lewis embrassa son nombril, glissa ses lèvres jusqu'à sa taille.

« Lewis ! Geignit Harry, essoufflé.

- Mais chut ! S'esclaffa Lewis en remontant immédiatement jusqu'à ses lèvres pour le faire taire.

- Lewis, je crois que tu confonds plaisir et torture, là.

- Et toi, tu confonds patience et précipitation, répliqua Lewis en lui happant de nouveau les lèvres.

- Remets, le drap, murmura Harry.

- Ça ne va pas empêcher le bruit, chéri.

- Pour qu'on soit que tous les deux. »

Lewis se releva légèrement pour chercher le drap du bout des doigts. Puis, un voile blanc vint les recouvrir entièrement. Harry se mit à dévirer son compagnon des yeux. Il était là, juste devant lui, rien que pour lui.

« Embrasse-moi. »

Lewis s'exécuta, éternisant le baiser en une douce caresse avant de dévier vers le cou du bouclé. Il descendit lentement. Sa poitrine. Ses tétons qu'il mordilla légèrement. L'intérieur de son bras. Son biceps. Son coude. Puis son abdomen. Son nombril. Ses hanches. Son sexe était gonflé et tendu sous le tissu de son pantalon.

Lewis attrapa le vêtement et le fit tout doucement glisser le long des jambes de Harry avec son boxer. Son sexe dur se libéra enfin contre son ventre, et Lewis l'observa avec un mélange d'émerveillement et de désir. Fébrile, Harry attrapa les draps pour les serrer dans ses poings. Lewis sourit à nouveau.

Il retira les vêtements complètement, puis se replaça entre les jambes de son amant. Il embrassa l'intérieur de sa cuisse droite tout en remontant doucement vers son aine, puis repartit sur le côté gauche pour effectuer le même rituel. Harry semblait au bord de la syncope. Il se retenait de gémir de toutes ses forces. Parce qui'l voulait que ça reste silencieux. Il voulait qu'il ne s'aiment que pour eux. Qu'ils soient les seuls à entendre et à savoir ce qui se passait.

Lewis remonta un peu et effleura son sexe des lèvres. Il embrassa doucement le gland, le titilla avant de l'englober. Harry avait envie de hurler, mais il garda tout pour lui. Ses muscles se crispèrent à leur maximum alors que le châtain commençait à faire des va-et-vient. Il posa une main dans ses cheveux, glissant ses doigts à travers les mèches châtain. Il se consumait de l'intérieur. Puis, Lewis s'arrêta pour respirer, remonta jusqu'à son oreille et murmura d'une voix essoufflée.

« Je veux t'entendre, rien que moi, s'il-te-plaît. »

Sa paume descendit et vint englober le sexe de Harry qui s'accrocha à ses épaules comme un forcené. Le bouclé colla ses lèvres contre l'oreille de son petit ami et laissa tout échapper. Il gémit à tout doucement, juste pour lui. Son souffle était tellement chaud que ça devait le brûler de l'intérieur. Mais Lewis adorait cette sensation. Alors il s'accrocha à Harry à son tour, lâchant son sexe pour venir encercler sa taille de toutes ses forces.

« Je te fais confiance, répéta-t-il tout bas. S'il-te-plaît. »

Harry se retira de l'étreinte pour le regarder dans les yeux avant d'embrasser ses lèvres pour exprimer son accord.

La main du bouclé glissa dans sa nuque, initiant le mouvement. Ils échangèrent de place. Lewis s'écrasa sur le lit tandis que Harry le surplombait. Le bouclé se pencha et embrassa sa bouche de nouveau, puis sa mâchoire, son cou, son torse, son ventre. Il déboutonna son pantalon, lui retira. Il n'avait plus peur. Il n'avait plus peur quand c'était lui. Alors il retira son boxer, libérant son sexe. Lewis vint poser ses mains sur les avant-bras du bouclé, les massant avec ses pouces.

« On ne fait pas de bruit, hein ? Souffla Harry. »

Lewis mima un « oui . avec ses lèvres. Harry s'allongea sur lui et leurs deux sexes se rencontrèrent. Les deux garçons s'embrassèrent, doucement au début, puis de plus en plus fermement. La main de Harry glissa jusqu'aux fesses de Lewis qu'il caressa pour essayer de le détendre au maximum. Lewis remonta une de ses jambes sur sa hanche pour lui laisser l'accès libre. Harry releva sa main et porta son index à sa bouche pour l'humidifier. Il le saliva sous le regard voilé de désir de Lewis, puis enfonça son doigts en lui. Le châtain gémit brusquement.

« Mais chut ! Pouffa Harry.

- Continue ! Râla Lewis.

- Oui mais tais-toi, parce que...

- Harold ! Je suis excité ! Fais quelque chose ! Le coupa-t-il en franchissant la barrière de ses lèvres, comme pour lui rappeler ce qu'ils étaient en train de faire. »

Harry enfonça son doigt lentement en Lewis. Il ne voulait pas lui faire de mal. Il essayait de prendre son temps, d'y mettre le plus de tendresse et d'amour possible, même si le désir était si fort qu'il avait l'impression de perdre les pédales. Il retira un moment sa main pour lubrifier cette fois deux doigts avec sa salive avant de les pousser à nouveau en Lewis. Ce dernier se crispa et une grimace recouvrit ses traits. Harry retira immédiatement ses doigts.

« Non ! Se plaignit Lewis. Continue ! Laisse-moi juste...

- C'est ridicule, le coupa Harry en se relevant. Je vais chercher le lubrifiant. »

Lewis soupira et se laissa retomber contre le matelas. Harry sentit son regard sur lui lorsqu'il sortit du lit. Il faisait froid dans la pièce, tout d'un coup, et il frissonna. Il se dirigea vers un des cartons remplis qui traînaient dans la chambre et l'ouvrit. Il partit à la recherche du lubrifiant tandis qu'il entendait Lewis s'impatienter.

« Deux minutes, chuchota Harry.

- Fais vite.

- T'es un obsédé du cul, Lewis.

- Arrête de parler et trouve ce putain de lubrifiant. »

Le bouclé s'apprêtait à lui dire de la fermer lorsque sa main tomba sur la bouteille en plastique, et il regagna le lit. Il s'arrêta devant Lewis pour lire l'inscription.

« Tu te fous sérieusement de ma gueule ?

- Je regarde s'il y a un goût, se défendit Harry. Je n'aime pas être surpris.

- Harry, je suis excité, bordel ! »

Harry lâcha un rire lorsque Lewis le tira à lui pour le ramener sur le lit. Il tomba contre le corps du châtain qui l'encercla fermement pour l'empêcher de repartir à l'autre bout de la pièce.

« Je ne peux pas bouger mes mains, fit remarquer le bouclé.

- Attends un peu. »

Harry ne s'en plaignit pas, car il commençait à se réchauffer, tout contre son corps. Il sentit Lewis glisser sa main le long de sa colonne vertébrale, tout en embrassant doucement sa nuque.

« C'est pour quoi ? S'informa Harry. Cet élan de tendresse ?

- Tu viens d'oser lire l'inscription sur ta putain de bouteille de lubrifiant, juste devant moi.

- Et ?

- J'aime bien, murmura Lewis. Quand tu restes ce mec insupportablement chiant que j'ai rencontré. »

Harry décala son visage pour l'embrasser sur les lèvres (parce que c'était quand même là le meilleur endroit). Lewis posa sa main sur sa joue, pour rendre l'échange plus intime. Le bouclé vint chercher le drap avec la sienne pour les envelopper dans leur petite bulle.

Il parsema le visage de Lewis de baisers tandis que ses mains caressaient son corps fin. Le jambe du châtain remonta de nouveau contre sa hanche. Son impatience arracha un rire à Harry qui embrassa son épaule nue avant de lubrifier ses doigts. Il trouva son orifice et caressa l'entrée du bout du doigt. Le corps de Lewis se crispa au contact. Il gémit de plaisir alors que Harry enfonça tout doucement un doigt en lui.

« C'est plus agréable, non ? S'assura le bouclé. »

Lewis se mordit la lèvre et hocha la tête. Harry l'embrassa et en profita pour enfoncer un deuxième doigt. Le châtain haletait contre ses lèvres, fébrile et avide de plus d'attention. Alors, lHarry colla encore plus leurs bassins, laissant leurs sexes se toucher. Ils continuèrent de se donner du plaisir ainsi, en essayant de rester le plus silencieux possible et avalant leurs gémissements. Puis, Harry glissa ses lèvres jusqu'à l'oreille de Lewis.

« Retourne-toi. »

Lewis s'exécuta aussitôt, trop excité pour protester contre quoi que ce soit, de toute manière. Harry retira lentement ses doigts et se mit à dos à lui. Dans un même geste, il se colla à son compagnon par derrière et sa main se posa sur son sexe. Lewis laissa échapper un petit cri de plaisir.

« Oreiller, souffla Harry, tout bas. »

Lewis enfonça sa tête dans le coussin, libérant son souffle dans le tissu. Ses doigts vinrent agripper le drap. Il essayait de se contenir comme il le pouvait alors que la main de Harry allait et venait le long de son sexe brûlant de désir et de frustration.

Une douleur chaude le prit alors aux tripes, et il suffoqua littéralement, le cri camouflé dans l'oreiller, alors que les lèvres de Harry s'écrasaient contre la peau de sa nuque. Lui aussi étouffait un cri de plaisir alors qu'il venait juste de commencer à le pénétrer. Il suça la peau de son cou, visiblement pour occuper sa bouche alors qu'il s'enfonçant un peu plus en lui.

Lewis siffla entre ses dents. Bon Dieu. Il était tiraillé entre la douleur et l'excitation. Le pire dans tout ça, c'était qu'il devait tout garder pour lui. ses doigts se resserrèrent de plus en plus fort sur le drap. Il mourait de ce nouveau contact, de cette nouvelle sensation. Il mourait des lèvres de Harry aussi, qui lui dévoraient le cou pour contenir tout ce plaisir qui l'envahissait. Il mourait de cette main qui continuait de glisser le long de son sexe, ce qui le détendit au point que Harry entra complètement en lui en quelques secondes.

« Lewis, chuchota Harry en s'arrêtant. T'étouffes pas, hein ? »

Il passa une main dans les cheveux de Lewis pour relever les mèches collées à son front. Le châtain tourna la tête sur le côté, et l'air s'infiltra si rapidement dans ses poumons qu'il réalisa seulement maintenant qu'il s'était arrêté de respirer.

« Ça va ? S'assura Harry. »

Son torse était parfaitement collé au dos de Lewis.

« J'ai envie de faire du bruit, haleta Lewis. »

Il était totalement essoufflé et troublé par la vision du visage de Harry recouvert de sueur.

« Moi aussi. »

Harry embrassa sa nuque doucement et glissa son visage dans son cou, le serrant plus fort contre lui.

« Désolé, j'ai dévoré ton cou.

- J'ai niqué ton oreiller. »

Harry fut secoué d'un rire, arrachant un frisson à Lewis.

« Continue.

- À vos ordres ! »

Harry se retira lentement, glissant presque à cause de leurs peaux mouillées par la sueur. Puis, il pénétra à nouveau Lewis qui plongea son visage dans l'oreiller pour crier. Harry fit courir ses lèvres sur son cou, sa mâchoire, son oreille. Mais, même comme ça, le châtain l'entendait gémir contre sa peau.

Harry vint chercher son sexe de sa main, alignant ses mouvements de bassins à celle-ci. Lewis se releva de l'oreiller pour quémander ses lèvres, et le bouclé s'empressa de joindre leurs bouches. Leurs langues se mélangèrent, et ils gémirent. parce qu'ils ne pouvaient concrètement plus contenir grand-chose à ce stade-là. Lewis sentait que Harry se laissait emporter par le désir. Le bouclé tremblait et ses muscles se contractaient. Il relâcha sa main sur le sexe du châtain de gémissant.

« Resserre, supplia Lewis.

- Pardon, murmura Harry en reprenant ses mouvements de va-et-vient avec plus de fermeté. »

Le désir, à-coup par à-coup. Lewis se laissait transporter, littéralement. Il plongea son visage dans l'oreiller. Les lèvres de son petit ami ainsi que la libération lui arrachèrent un cri. Il vint sur la main de Harry qui continuait ses coups de bassin. Ce ne que quelques secondes plus tard que Harry se lâcha dans le préservatif, s'écroulant sur son corps. Lewis était concrètement incapable d'ouvrir les yeux, ni même de se retourner. Il attendit que son coeur ralentisse, là, écrasé entre son compagnon et le matelas.

Avec tous les efforts du monde, Harry se retira enfin, et Lewis se retourna sur le dos pour lui faire face. Le bouclé s'écroula la seconde d'après dans ses bras, nichant son visage dans son cou. Lewis le serra fermement dans ses bras. Il glissa une main le long de son dos. Sa peau était chaude, encore humide. Harry soupira alors que son coeur se remettait à battre normalement, après cinq minutes de silence le plus complet. Finalement, le bouclé vint embrasser la mâchoire de Lewis et remonta lentement sur ses bras pour lui faire face.

/!\ FIN DU LEMON !

« Ça va ? Demanda-t-il. Tu as trouvé ça bien ? »

Lewis vint encadrer son visage avec ses mains, essuyant le coin de ses yeux humides avec ses pouces.

« Mieux que ça, assura-t-il.

- Je ne t'ai pas fait mal.

- Pas dut tout. Arrête de t'inquiéter comme ça, Harry, c'était parfait. »

Ils se regardèrent longuement en silence, chacun se perdant dans les prunelles de l'autre. Puis, les yeux de Harry s'assombrirent soudain.

« Quoi ? S'inquiéta Lewis.

- Oh putain ! Ton cou !

- T'es sérieux ? »

Harry posa une main sur sa joue, de manière à tirer sa tête pour mieux voir l'étendue de sa connerie.

« Oh mon Dieu, mais on dirait que je t'ai bouffé !

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai ? Demanda Lewis en portant la main à son cou (comme si ça allait changer quelque chose).

- T'as pleins de suçons, murmura Harry, les yeux exorbités. Mais ils sont énormes, je n'avais jamais vu ça ! »

Il s'écroula sur le matelas avant de soupirer :

« Je suis devenu un vampire. »

Lewis se releva du lit et s'emmêla les pieds dans le drap qui avait décidé de le suivre. Il se dirigea vers l'interrupteur. La lumière l'aveugla, mais il parvint à traîner son corps jusqu'au miroir encore accroché au mur. Il était prêt à réprimander Harry pour l'avoir forcé à se lever pour rien. Mais au lieu de ça, il se figea, hébété, face à son reflet.

« Putain, lâcha-t-il sourdement. Tu m'as bouffé le cou !

- Je n'avais pas d'oreiller, moi, se défendit Harry, penaud.

- Mais bordel, Harry, comment je vais cacher ça ? Ça remonte jusqu'à mon oreille, et on est en plein été ! »

Lewis se rapprocha du miroir, observant les dégâts avec plus d'attention. Des taches violacées énormes ornaient une partie de son cou. Bordel, en plus elles allaient foncer avec le temps.

« Comment je vais expliquer ça à ma mère ? Et mes soeurs ? Et Austin, putain, il va me faire chier avec ça jusqu'à la fin de ma vie... Tout le monde va croire que je suis sadomaso !

- C'est bon, t'as fini ? Soupira Harry. »

Lewis se retourna vers lui. Le bouclé était allongé sur le lit, entièrement nu puisque le drap était tombé sur le sol. Il était foutrement trop sexy pour qu'il ne le rejoigne pas tout de suite. Alors, il se rapprocha, et Harry lui tendit un t-shirt.

« Quoi ?

- Essuie-toi, t'as encore du... »

Oh.

Lewis attrapa le tissu et le frotta sur son ventre avant de laisser tomber le vêtement au sol. Il se rallongea avec Harry dans le lit, et ils se collèrent instinctivement l'un à l'autre. Le châtain se retrouva blotti dans les bras de son amant, enfermé dans son étreinte.

« Lewis ?

- Oui ?

- Tu n'as pas éteint la lumière.

- Pas grave, soupira Lewis.

- Non, c'est chiant, je ne peux pas dormir avec la lumière allumée.

- J'ai la flemme de me relever.

- Ça gaspille de l'électricité.

- Tu peux tout à fait te permettre de payer un peu plus d'électricité, arrête un peu tes conneries.

- Lewis, insista Harry. »

Mon Dieu, leu meurtre était imminent.

« Tu viens avec moi, alors.

- Non, s'offusqua le bouclé.

- Alors je ne bougerai pas.

- C'est à littéralement quatre mètres du lit, je ne vais pas m'enfuir.

- Avec toi, tout est possible. »

Harry se tut.

« Bon Ok, je viens avec toi, souffla-t-il. »

Lewis le sentit bouger sous lui, alors il se releva à son tour. Il suivit le mouvement et attrapa le drap pour les enrouler tous les deux dedans.

« T'es ridicule, fit remarquer Harry.

- Il fait froid, chez toi.

- On ne va pouvoir avancer dans cette position.

- Tu paries ? »

Harry rit en venant embrasser le cou de Lewis. Son pied se glissa entre les jambes du châtain, et il essaya de les faire avancer. Sauf qu'entre temps, leurs lèvres s'étaient scellées, donc Lewis oublia un peu l'idée qu'ils avaient une direction, à la base. Leurs jambes s'emmêlèrent dans le drap alors que leurs lèvres ne se quittaient plus. Le dos de Lewis percuta finalement le mur, et Harry posa la main sur l'interrupteur. La pièce fut replongée dans le noir, et le bouclé posa ses deux mains sur les joues de Lewis pour l'embrasser encore plus fermement.

« Lit, murmura Lewis contre ses lèvres. »

Harry recula d'un pas, et le châtain essaya d'avancer à son tour. Son pied se coinça dans le drap, et il s'écroula sur le bouclé la seconde d'après. Leur chute fit résonner le plancher, et Lewis ne put s'empêcher de se mettre à rire.

« Bordel, Lewis, râla Harry.

- BON ALLEZ VOUS CALMER BANDE D'EXCITÉS ?! Rugit soudain Austin depuis le salon, provoquant des ricanement de la part de Raffaele et Eloisa. »

Harry et Lewis échangèrent un regard à la fois abasourdi et embrassé.

Bonjour la discrétion...

« Je t'ai fait mal ? Demanda Lewis, plus sérieux. »

Il se releva légèrement pour faire face à Harry.

« Non, assura le bouclé en faisant glisser une main le long de son dos.

- On reste ici ?

- T'es sérieux ?

- C'est plutôt confortable ?

- Normal, t'es allongé sur moi, je te signale. »

Lewis lâcha un nouveau rire et l'embrassa avant de se relever et de l'aider à se remettre sur pieds. Ils s'allongèrent à nouveau et se blottirent l'un contre l'autre, se laissant enfin aller dans les bras de Morphée.

-X-

Lewis papillonna des yeux pour écarter les dernières bribes de sommeil. La lune était toujours haute dans le ciel. Il se rendit compte qu'il était allongé sur le côté, si près de Harry que leurs nez se touchaient. Sa main était engloutie dans celle du bouclé et pressée contre son torse. Un petit sourire dessinait délicatement ses lèvres.

Le châtain fit de son mieux pour ignorer son coeur qui venait de se lancer dans une course effrénée. Il entrelaça ses doigts à ceux de Harry, se délectant de cette et délicieuse réalité.

Harry et lui étaient ensemble. Cette pensée lui coupait tout simplement le souffle.

Il n'aurait jamais cru que leur relation évoluerait à ce point. Mais c'était bel et bien arrivé. Harry lui coupait le souffle, putain.

Lewis sse sentit soudain submergé d'amour et d'adoration, de douceur et de décir, et bien d'autres sentiments puissants encore.

Harry pressa un peu plus la paume du chatain contre son coeur. Tellement adorable.

Et Lewis eut soudain une certitude.

La certitude que lui et Harry s'en sortiraient toujours, quoi qu'il arrive.

La certitude qu'il serait prêt à tout et n'importe quoi pour le bouclé, et vice-versa.

La certitude qu'il aimait Harry inconditionnellement, et que Harry l'aimait aussi.

La certitude que Harry l'avait sauvé.

Et que Lewis avait sauvé Harry.

Sur ces pensées, le châtain laissa à nouveau le sommeil l'emporter, bercé par les battements régulier du coeur de Harry qu'il sentait sous ses doigts.

-X-

IMAGINE DRAGONS - NEXT TO ME

(Couplet 1)

Something about the way that you walked into my living room
Quelque chose à propos de la façon dont tu es entrée dans mon salon

Casually and confident lookin' at the mess I am
J'ai l'air décontracté et confiant en regardant le bordel que je suis.

But still you, still you want me
Mais quand même toi, tu me veux toujours.

Stress lines and cigarettes, politics and deficits
Lignes de stress et cigarettes, politique et déficits

Late bills and overages, screamin' and hollerin'
Des factures et des excédents en retard, qui crient et hurlent.

But still you, still you want me
Mais quand même toi, tu me veux toujours.

(Refrain)

Oh, I always let you down
Oh, je t'ai toujours laissée tomber

You're shattered on the ground
Tu es brisée par terre.

But still I find you there
Mais je te retrouve quand même

Next to me
À côté de moi

And oh, stupid things I do
Et oh, les choses stupides que je fais

I'm far from good, it's true
Je suis loin d'être bon, c'est vrai.

But still I find you
Mais je te retrouve quand même

Next to me (next to me)
A côté de moi (à côté de moi)

(Couplet 2)

There's something about the way that you always see the pretty view
Il y a quelque chose dans la façon dont tu vois toujours la jolie vue

Overlook the blooded mess, always lookin' effortless
Oublie le désordre sanglant, toujours sans effort.

And still you, still you want me
Et toujours toi, tu me veux toujours

I got no innocence, faith ain't no privilege
Je n'ai pas d'innocence, la foi n'est pas un privilège.

I am a deck of cards, vice or a game of hearts
Je suis un jeu de cartes, un vice ou un jeu de cœurs.

And still you, still you want me
Et toujours toi, tu me veux toujours

(Refrain)

Oh, I always let you down
Oh, je t'ai toujours laissée tomber

You're shattered on the ground
Tu es brisée par terre.

But still I find you there
Mais je te retrouve quand même

Next to me
À côté de moi

And oh, stupid things I do
Et oh, les choses stupides que je fais

I'm far from good, it's true
Je suis loin d'être bon, c'est vrai.

But still I find you
Mais je te retrouve quand même

Next to me (next to me)
A côté de moi (à côté de moi)

(Pont)

So thank you for taking a chance on me
Merci d'avoir tenté ta chance avec moi.

I know it isn't easy
Je sais que ce n'est pas facile

But I hope to be worth it (oh)
Mais j'espère en valoir la peine (oh)

So thank you for taking a chance on me
Merci d'avoir tenté ta chance avec moi.

I know it isn't easy
Je sais que ce n'est pas facile

But I hope to be worth it (oh)
Mais j'espère en valoir la peine (oh)

(Refrain)

Oh, I always let you down
Oh, je t'ai toujours laissée tomber

You're shattered on the ground
Tu es brisée par terre.

But still I find you there
Mais je te retrouve quand même

Next to me
À côté de moi

And oh, stupid things I do
Et oh, les choses stupides que je fais

I'm far from good, it's true
Je suis loin d'être bon, c'est vrai.

But still I find you
Mais je te retrouve quand même

Next to me (next to me)
A côté de moi (à côté de moi)


Et voilà, c'est sur cette petite note que se termine ENFIN Forever Young :3

Ça me fait vraiment bizarre de me dire que cette fiction est bel et bien terminée. J'y ai consacré tellement de temps, tellement d'émotions... Et le fiction n'aurais jamais vraiment existé ni eu la même importance si vous n'aviez pas été là pour me faire part de vos avis et de vos encouragements. MERCI.

Pour la chanson de fin (mon obsession du moment), je trouve qu'elle colle parfaitement à relation entre Harry et Lewis. Si Harry devait chanter quelque à Lewis, il lui chanterait cette chanson :)

J'en profite pour vous dire que ce n'est pas fin pour moi ! Je vais continuer à écrire avec True Colors, une petite histoire qui me tient beaucoup à coeur! Et une troisième fiction est en cours d'écriture !