Bonjour tout le monde,
Nous y voilà, à la fin de l'épilogue. Hip hip hip ?
Bravo à moi, bravo à vous.
Ça a été bien trop long, hein ? 127000 mots. Suffisamment long pour écrire un roman en entier.
Quelque chose que je souhaite travailler en continuant à écrire. Être plus sobre avec mes mots.
Merci à d'être parvenu jusque là, j'espère que cette "fin" aura été à la hauteur de Lien et Ilyès et que vous apprécierez ce qui se passe dans cette partie.
Est-ce la fin ? Oui et non.
Je vous dois encore quelques passages qui viendront après une pause que je ne peux mesurer encore la longueur.
Ça concerne tout d'abord Matt x Raphael x Avani que j'ai un peu teasé ici.
J'ai déjà en tête ou en notes, trois voir quatre chapitres de moments plus ou moins épistolaires entre eux sur ce qu'il s'est passé ces trois dernières années. Ce sera bien moins long que ce que j'ai prévu pour Lian et Ilyès (j'espère). Mais leur arc avait une fin suffisamment satisfaisante à la fin de réminiscence, chose que j'avais refusé aux premiers.
Pour Lian et Ilyès, quelques chapitres aussi en tête. Trois au moins. Des moments après le "et ils vécurent heureux", probablement moins longs que ceux qui couvrira notre trouple.
D'ici quelques semaines, j'enverrais à abonnés à ma newsletter ( Vous pouvez trouver le lien dans ma bio) la première version, bien plus brève de cette fin. Qui consistait juste à Ilyès dans ce bar. La partie 1 bien plus courte de cette première partie. Je la trouvais bien plus percutante pour certains points
SI vous avez des questions, laissez les moi et sachez que je serais toujours heureuse d'avoir votre avis. Je ne vais pas disparaitre
À bientôt, merci d'avoir été avec moi dans cette aventure. et bonne lecture
/
Guest: contente que la longueur des chapitres te ravient ! J'espère que cette fin sera à la hauteur de tes attentes. Pour tes questions, je t'invite à lire. Beaucoup de choses se passent en filigranne comme c'est focalisé sur Hadrian et Ilyès. J'espère que tu seras toujours présent.e pour les extras.
Hadrian se réveilla en sentant sa main passer dans ses cheveux. Il resta l'œil fermé pour profiter pleinement de cette caresse, de la chaleur de son corps qui même sans le toucher, irradier son côté droit. Malgré le peu de temps passer à dormir, Hadrian était détendu et reposé. Il le sentit se pencher et planter un baiser sur le haut de sa tête.
— Bonjour, souffla Ilyès.
Hadrian ouvrit l'œil sur cet homme et sourit.
— Comment as-tu su que j'étais réveillé ? Fit-il la voix croassante.
— Ta respiration.
Avant qu'il n'en dise plus, sa bouche était sur la sienne, son corps suivit et fut sur lui. Qu'Ilyès était chaud ! Comment après cette nuit ça pouvait l'enflammer aussi rapidement ? Ses baisers, ses caresses déposées embrasaient tout son être. Comment même pouvaient-ils avoir chacun une érection ?
Ilyès arrêta son baiser pour l'observer. Il aima sentir son regard sur lui, tout comme le bout de ses doigts qui jouèrent sur sa peau et son nez effleurant le sien.
— Que j'aimerais pouvoir te faire encore l'amour !
Y avait-il plus beau comme formulation ?
— Qu'est-ce qui t'en empêche ?
Il n'écouta pas les protestations de son anatomie qui lui disait qu'une certaine partie avait besoin de repos. L'avoir contre lui était tout ce qu'il voulait.
— J'ai forcé hier, souffla-t-il.
La contrition était là. Ilyès avait été déchainé. Il l'avait pris profondément à de nombreuses reprises. La manière dont il l'avait tenu contre le mur et…
Ilyès haussa un sourcil, sentant probablement le soubresaut de son sexe.
— C'était bon, fit Hadrian en passant la main dans sa barbe.
Ilyès sourit.
— Oui, murmura-t-il en le serrant contre lui. J'aurais aimé que le matin n'arrive pas pour continuer à te posséder.
Dans ce cas, peut-être n'auraient-ils dû pas passer tant de temps à parler. Ou plutôt Ilyès à l'écouter. Devait-il sa légère extinction de voix à ses cris ou pour avoir piaillé bien trop longtemps ? Combien d'heures avaient-ils dormi, une ? Deux ? Au moins se contenta-t-il du fait qu'Ilyès ne se soit pas enfui devant ses révélations. Qu'il lui avoue avoir douté de lui à leur retour l'avait réellement peiné et avait stoppé la discussion.
— Tu peux fermer les volets et on peut s'imaginer que c'est la nuit.
Ilyès laissa passer un petit sourire qui ne demanda qu'à être embrassé. Ce qu'il fit.
— J'ai promis à Amber d'être là au matin.
Cette phrase, qui disait clairement qu'il y avait plus important que lui, qu'eux, le ramena à une certaine réalité. Celle de la veille où ils avaient tué plus d'une vingtaine de personnes. Les morts avaient peu de poids à présent, la vie lui avait fait ne pas s'en soucier. Mais à ce point ? Hadrian se le reprocha quelque peu. Davantage de ne pas vouloir sortir de cette chambre pour affronter les conséquences de ses actes. Hadrian se releva pour l'embrasser. Leur baiser dura une éternité, leur étreinte aussi, puis Hadrian y mit fin. Il observa Ilyès.
— Me laisserais-tu rester à tes côtés, si je demandais ?
Ilyès sourit, lui caressa le bras. Ses doigts où qu'ils se posaient le faisaient frémir. Parviendrait-il à se lasser de cet homme ?
— Penses-tu que je dirais non ?
— Je demande sérieusement. Si je demandais, me laisserais-tu venir avec toi ?
Ilyès baisa ses lèvres.
— Si tu demandais, je dirais bien évidemment oui.
Avant qu'il ne puisse formuler sa requête, Ilyès continua :
» Mais pas aujourd'hui.
Le sentit-il, se tendre ? Ilyès le prit dans les bras.
— Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe à l'extérieur. Aucune. Nous sommes peut-être en pleine guerre de gangs en ce moment. Donne-moi le temps d'être certain que la situation est stable et tu seras à mes côtés. Je ne te veux nulle part ailleurs.
Ilyès fut sur ses lèvres. Le fourbe. Ce fut dur de s'extraire de ce baiser.
— Je ne resterais pas derrière à t'attendre, les bras croisés, Ilyès.
Cela ne sembla pas lui plaire. Hadrian se rappela ces histoires de chaines. Ilyès soupira et le serra contre lui, sa tête fut contre sa poitrine.
— Juste, laisse-moi au moins la journée. Ne fais rien d'inconsidéré jusqu'à ce que je rentre ce soir. S'il te plait. Pas deux jours de suite, mon cœur ne le supporterait pas.
Hadrian sut que s'il voulait, il pouvait le persuader, d'une manière ou d'une autre de le laisser être avec lui. Une supplique, quelques mots, menaces, peut-être. Hadrian n'était pas certain de pouvoir tenir debout de toute façon. Il se contenta de l'embrasser.
— Si vous ne venez pas à moi ce soir inspecteur Orvath, c'est moi qui viens à vous.
Ilyès sourit et dans un mouvement se leva. Hadrian apprécia la vue sur son corps. Ilyès avait plus de cicatrice que par le passé. L'homme lui tendit la main.
— Restons ensemble aussi longtemps que possible.
Ils se lavèrent ainsi. Au moins utilisèrent-ils la dose de savons, à se caresser de la sorte. Hadrian lava Ilyès scrupuleusement bien. Son sexe resta dur tout le long et Ilyès refusa d'être masturbé.
— Je veux passer ma journée à te désirer, souffla-t-il.
Hadrian eut envie de dire qu'ils pouvaient faire les deux, amour et désir. Dans ce savonnement, sa main se perdit vers ses fesses, sa raie et Ilyès ne trembla pas à ce moment, se contenta de le regarder. Le sentit-il, l'excitation de l'effleurer ainsi ?
Le laisserait-il le prendre ? Sa bouche fut sur la sienne.
— Un jour, souffla-t-il. Si ça te tente encore à ce moment-là.
Hadrian l'observa, avait-il parlé tout haut ?
» Mais pas aujourd'hui ni demain, pas avant que je rattrape mon besoin de te faire l'amour des onze dernières années.
Hadrian se demanda si cela était possible d'être assouvi et s'il voulait en arriver là.
— Et ne sois pas déçu de ce que ça a l'air.
Hadrian sourit.
— Comment pourrais-je être déçu de te pénétrer ? fit-il.
— Je pense que tu te fais tout un film dans ta tête, d'un acte qui sera probablement gênant pour nous deux.
Hadrian gloussa et Ilyès embrassa sa joue.
— Je pense que tu seras magnifique et que tu aimeras ça. Je bande à l'idée de t'avoir sous moi.
Sa bouche partit sur la sienne, encore. Elle le picotait de s'être bien trop embrassé.
— Tu bandes depuis tout à l'heure.
C'était vrai.
» Et je peux être sous toi à tout moment. Ce soir peut-être. Je veux t'avoir à rouler sur moi et mener le rythme, ça me va très bien.
Hadrian ne put que l'embrasser.
— Fais-moi l'amour, Ilyès.
Il ne le laissa pas parler.
» Fais-moi l'amour et désire-moi à nouveau après.
— Tu es encore enflé, fit-il. Ça te fera mal.
Ça faisait mal en ce moment, mais il avait besoin de le sentir en lui.
— S'il te plait. Je veux t'avoir en moi.
Ilyès ne fut pas dur à convaincre. Il le pénétra, quelques minutes seulement. L'inconfort étant présent et il ne put le masquer suffisamment pour que l'homme continue. Ilyès éjacula entre ses cuisses, en sumata, en le masturbant. C'était assez bon pour le satisfaire. Et laisser ses jambes un peu plus tremblantes. Il avait de ses courbatures…
Après mille et un baisers et davantage de promesses, Ilyès partit. C'était étrange, la manière dont ses dernières heures son espace avait été empli de lui, puis plus rien.
Hadrian s'assoupit dans ce lit aux draps qui auraient probablement dû être changés. Salis de leurs spermes, sueurs et autres fluides. La douche lui semblait avoir été inutile en s'y allongeant, puis il se souvint de lui sous l'eau, de cette barbe effleurant sa peau, comme ses lèvres et il regretta de ne pas être resté plus longtemps à se laver.
La tête sur l'oreiller d'Ilyès, Hadrian eut presque l'impression de pouvoir sentir son odeur. Qu'il l'aimait !
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Ce fut une main sur sa joue qui le réveilla. Sur Heli, accroupi devant le lit au regard soucieux. Dans un geste, Hadrian mit le doigt sur son froncement de sourcils.
— Que ferais-tu de ta vie, si tu n'étais pas là pour t'inquiéter pour moi, hein ?
Heli laissa passer un sourire, léger.
— Comment te sens-tu ?
— Comme si j'avais été mâché et recraché.
— Je voulais intervenir hier.
— J'imagine bien.
— J'aurais peut-être dû.
Hadrian rit.
— Je suis content que tu n'en aies rien fait.
— Tu as mal, déclara-t-il.
C'était vrai. Il en avait oublié cette partie-là avec le temps. Il avait été bien trop insouciant dans son adolescence. Comment avait-il pu vivre avec cette douleur au point d'enchainer les rapports ? Puis l'image d'Ilyès bougeant en lui lui revint. iEn train de fermer les yeux et savourer les sensations, proche de l'orgasme, contenant à peine ses gémissements et il sut qu'il pourrait vivre cette douleur cent ans s'il pouvait le voir ainsi à nouveau juste quelques minutes.
— C'était tellement bon, Heli… Tellement…
Il se rappelait de ses baisers, de ses caresses, de son souffle et de son regard fixé sur lui… Hadrian sentit son érection revenir, il dut calmer ses pensées.
» Je me fous si je dois passer la journée à me déplacer en canard. La semaine même.
— Es-tu heureux, Hadrian ? demanda Heli.
Son double était bien trop sérieux. Il ne put que se relever.
— Je crois que je le suis, oui.
Ça n'amena pas de paix sur son visage, au contraire.
» Heli…
Ce dernier soupira.
— Je ne l'ai pas remarqué, fit-il, contrit. Je ne l'ai pas vu. J'étais sûr que tu avais un problème et…
Hadrian mit la main sur sa joue. Il pouvait voir où il allait ainsi.
— Tu sais grâce à qui j'ai pu vivre ce que j'ai vécu hier ? souffla-t-il. Toi, toi, toi, toi et encore toi. Sans compter le fait que j'aurais fini de nourrir les vers depuis longtemps sans toi. Alors ne fait pas cette tête.
C'était dur de le voir ainsi. Heli était toujours celui qui avançait, toujours la tête haute, toujours positif semblait bien trop perdu en ce moment pour que ça ne l'affecte pas. Il posa son front contre le sien.
— Je te veux à mes côtés Heli. Ilyès ou non, ça ne changera pas.
Heli l'observa avec émotion.
» Seulement si tu le veux, bien sûr. Et j'aimerais aussi que tu mènes la vie qui te plait. Même si c'est être un ermite à jouer des jeux vidéos en haut d'une montagne. Je veux que tu puisses avoir la vie que tu souhaites. Et si c'est continuer à être à mes côtés, je ne te chasserais pas. Je ne chasserais aucun de vous. Nous en avons déjà parlé.
Heli semblait sur le point de pleurer. Hadrian se demandait réellement pourquoi il avait le droit à temps de dévotion.
— As-tu mangé ? questionna-t-il.
Heli secoua la tête.
— Mangeons alors.
Ce fut une épreuve en soi de se lever et il fut heureux de la présence de Heli à ses côtés qui l'aida à avancer. Dans un naturel qui relevait d'années à ce que Heli prenne soin de lui, il l'habilla. Hadrian apprécia un peu plus ses différentes libertés de mouvement retrouvées en trois ans. Cette prison de chair était moins étouffante et chaque souffrance en ce moment lui faisait apprécier toutes les rééducations qu'il avait faites.
— Quelle est la situation, à l'extérieur ? demanda-t-il.
— Tu es parvenu à ce que tu voulais, je suppose.
Ils allaient devoir en parler, hein ? Hadrian ne pouvait simplement continuer à rouler la balle comme si de rien n'était.
— Pour hier…
— Il y avait mille possibilités pour que ça foire, Hadrian. Mille ! Aucun ne s'est dit que ça pouvait mal tourner, aucun. C'est pour ça que personne n'est vraiment énervé. Tous étaient certains que d'une manière ou d'une autre, on s'en sortirait, que tu t'en sortirais, comme tu t'en sors toujours. C'était un coup de poker risqué, qui a payé, mais je ne sais pas si tu te rends compte de ce que tu mises à chaque fois. Hier, nous avons eu de la chance, un jour la chance, elle ne sera plus là.
— Je vous ai fait confiance.
— Tu nous aurais fait confiance, tu ne serais pas parti comme tu l'as fait seul.
Hadrian haussa un sourcil.
— M'aurais-tu laissé y aller si je t'avais parlé de mon plan ?
Sa réponse eut au moins le mérite d'être honnête.
— Non.
— Tu vois que…
— Tu t'es mis en danger, as pris des risques inconsidérés pour un résultat qui n'en vaut pas la peine.
— Nous avons pu nous débarrasser de ceux qui nous chassaient, rappela-t-il.
— Nous aurions pu nous en débarrasser autrement.
— Il fallait qu'ils soient tous les trois réunis pour éradiquer les menaces.
— La menace principale était Tabaré, j'aurais pu m'infiltrer et le tuer.
— Et tu sais pourquoi nous n'en avons rien fait. Pour Ilyès…
— Je me fous d'Ilyès ! siffla Heli. Pourquoi je risquerais ta vie pour la sienne ?
Hadrian n'apprécia pas beaucoup. Il se planta devant Heli, proche.
— Si tu veux me préserver, il faudra aussi le préserver lui. Avec vous sept, il est la seule raison pourquoi je suis encore en vie, prends en soin. Tu voulais nous rabibocher, me voilà collé à lui de nouveau. Il coule, je coule.
Heli serra les dents. Hadrian ne parla pas plus. Il n'avait pas envie d'aller sur cette pente, celle qui finirait sur la source de son obsession à le garder sauf.
Le silence les entoura alors qu'ils se dirigeaient vers la cuisine. Deux membres du personnel prenaient une pause, trop absorbés par leur discussion pour les remarquer.
— Comment est-ce possible de se battre à un contre cinquante personnes ?
— Je te jure, Phil était là-bas. Il est entré seul et…
La femme s'arrêta dans un sursaut en prenant conscience de leurs présences. Cela faisait un moment que Hadrian n'avait vu personne le fuir aussi rapidement.
— Parlaient-elles d'Ilyès ?
Heli hocha la tête.
— Cinquante ?
— Certaines rumeurs parlent de cent personnes.
— Donc le monde murmure qu'il m'a sauvé seul ? fit Hadrian.
— Ça fait plus que murmurer. Amber propage les dires : qu'Ilyès n'a pas eu le choix, que Tabaré avait kidnappé son cher et tendre, qu'il s'est rendu sur place sans peur et que personne ne s'est relevé de l'avoir défié. Bla bla bla, tu peux imaginer la suite.
Hadrian fronça les sourcils.
— On croit ça ?
Combien d'individus il y avait eu dans cette pièce ! Plus d'une vingtaine, non ?
— Peu nous ont vus. Une des dernières images qu'il y a est nous tous à genoux. Sa légende le précède.
— C'est un récit suffisant pour calmer les rivalités ?
— Ça a l'air pour le moment. Elle a fait du bon travail.
Hadrian fut songeur.
» Je m'attendais à plus de réactions de ta part, fit Heli.
— Je me dis que peut-être il rentrera plus tôt grâce à ça.
Il se tourna vers lui.
» J'ai l'habitude de jouer le damoiseau en détresse, ça ne change pas de d'habitude. Les autres le vivent bien ? Être perçu comme des incapables.
— Tu sais que ça nous a toujours fait rire. Tout est bon pour nous préserver.
Hadrian se traina vers une des chaises de la table haute qui trônaient au centre de la cuisine. Monter dessus fut toute une épreuve en soit. Tant à cause de ses fesses, que les muscles de son corps.
— Comment vont-ils ?
— Bien. Drissa et Vaness' dorment encore, Usul et les autres vident notre base. Il faudra trouver où nous établir et…
— Amène ça à la maison. Je suis sûr que Miki et Oui auront bien une place au sous-sol où nous installer.
Au moins, il eut le droit à un vrai sourire sur ses lèvres.
— C'est déjà fait.
— M'en veulent-iels ?
Heli l'observa un moment puis soupira.
— Aucun de nous n'est capable de t'en vouloir, Hadrian. Et je pense qu'iels s'ennuyaient bien de trop. Iels sont comme des junkies ayant besoin d'un fix. Iels voulaient autant vivre ce danger que toi. Ils agissent comme si à aucun moment aucun d'eux n'avait mis leur vie en danger.
Heli le regarda avec reproche et résignation. Mais il ne semblait pas désireux d'alimenter cette discussion. Il changea donc de sujet.
— Avez-vous ce que j'ai demandé à vous procurer ?
Il pourrait en faire le cadeau dès qu'Ilyès rentrerait. Il put le voir hésitant.
— Hadrian… souffla Heli.
— Dois-je aller me le procurer moi-même ?
— J'aimerais que tu réfléchisses un peu.
— C'est réfléchi, Heli. Mon corps mon choix. Et ne fais pas l'innocent, tu as voulu m'en faire mettre un pendant des années.
— Et j'ai respecté ta volonté quand tu m'as dit non.
— Respecte-la encore.
— Tu avais dit que tu ne voulais que personne n'ait un ascendant sur ton corps, plus jamais, quand j'avais proposé ça ! Tu as refusé et m'as fait la tête pendant au moins une semaine ! Et quoi ? Pourquoi t'avilis-tu à ce point pour cet homme ?
Et pas toi ? retint-il.
Hadrian soupira, prêt à s'énerver encore contre son double, jusqu'à ce qu'un membre du personnel lui annonce.
— Amber est ici et souhaite te parler.
Celle-là, il ne l'avait pas vu venir. Pas aussi tôt. Il n'avait même pas eu le temps de se nourrir. Si ça avait été pour se lever, il n'aurait pas pris la peine de s'asseoir. Heli le suivit sans un mot avec probablement l'envie de l'étrangler.
Il se tourna vers lui dans le couloir.
— Je l'aime Heli. Et j'ai besoin de tout faire, absolument tout, pour conserver et calmer cet homme. Appelle-moi désespéré. Et si tu penses que c'est ça, m'avilir, une chance que tu ne m'as pas vu onze ans plus tôt. Et tu n'es pas au bout de tes peines.
Heli voulut parler, mais Hadrian se retourna et continua le chemin, le sujet clos pour lui. Elle était là, près de l'ascenseur, dans le lobby, magnifique comme dans ses souvenirs. Davantage même, devant la confiance qu'elle irradiait. Ori et elle étaient clairement plus que les petits chiots égarés et battus qu'il avait trouvées. Malgré tout, malgré les doutes, malgré ce qu'il avait entendu, c'était bon de la voir ainsi. Ça apaisait une partie de son âme, de ce dire qu'il n'avait pas fait que pervertir son entourage. Il leur aussi avait donné des ailes.
— À vous voir, difficile de croire que tant de temps est passé, fit Amber. Peut-être le manque de noir, de canne et de cache-œil.
Hadrian n'avait pas réellement eu le luxe de choisir quoi mettre ces dernières années. Il restait souvent dans les tons sombres cependant. Et il bénissait chaque jour qui pouvait le voir marcher sans canne. Il pouvait voir devant les cicatrices ou sa claudication, des regards le suivre, souvent emplis de pitié, mais ces gens-là qui ne l'avait pas connu sans appui ne savait rien de la prison que ça avait pu être.
— Ilyès sait-il que tu es ici ? demanda-t-il.
— Il doit le savoir à présent.
Elle sourit. Hadrian ne put que faire de même.
— Doit-on vraiment faire ça maintenant ?
Il se rappelait bien de trop de ses baisers, de ses sourires de ce matin, il aurait aimé s'épargner un quelconque risque que ça tourne mal.
— Es-tu trop occupé ? Dois-je prendre un rendez-vous ?
Dans un soupir intérieur, il pointa l'arrière et partit ainsi vers le bureau. Ilyès ne lui en voudrait pas, il espérait. Heli le suivit et lui fit très bien comprendre qu'il n'avait pas l'intention de rester en arrière.
Lian se laissa tomber sur le canapé, non sans un détour pour enlever ces fleurs séchées du mur et les placer dans la corbeille. Assis ainsi, il se rappela de cette nuit, leur première, et l'émotion fut là. Amber s'assit avec un temps de retard, l'analysant. Avait-elle pensé qu'il s'installerait derrière le bureau ? Même s'il était certain que l'homme ne s'en formaliserait pas, ça enverrait un signal qu'Amber ne tarderait pas à interpréter. Elle l'observa, bien trop silencieuse, et il décida d'abréger cette rencontre.
— Tu dois être une femme occupée. Ne perdons pas de ton précieux temps plus que nécessaire.
Amber — Aga — sourit.
— Si mon temps t'importait, tu te serais abstenu hier de ton coup d'éclat.
Hadrian fit une moue. Essaya du moins. Cela se retranscrit-il sur son visage ?
— C'est drôle, je pensais que tu serais la première à me remercier d'avoir enfin fait qu'Ilyès ait agi.
— Il y a un temps pour tout. Ce n'était pas le meilleur moment pour renverser tout un pan de notre organigramme.
Lian l'observa.
— Y a-t-il un bon moment pour poignarder certains membres de ton groupe dans le dos ? Si ce n'est avant qu'eux ne te poignardent ?
Amber resta silencieuse et l'analysa.
— As-tu fait tout ça pour Ilyès ?
Devait-il mentir ?
— Oui et non. Je l'aurais fait sans lui. Tabaré est celui derrière les tentatives d'assassinat que j'ai vécu. Il devait être éliminé pour que nous puissions avoir une chance de vivre correctement. Davantage en apparaissant vivant devant lui.
Ça ne sembla pas être une surprise pour elle. Hadrian ne se permit pas de douter.
— Et sa mort va fermer le contrat ?
— Éventuellement la valve financière, oui. Surtout que ces plus proches successeurs, on disparut avec lui. Je ne sais pas combien il versait à chaque organisation pour garder un œil ouvert, pour que même malgré nos morts certifiées, on en vienne à nous traquer sur la base de rumeurs, mais ça doit être un montant assez conséquent. Qui que soit son héritier pour peu qu'il y en ait un, va forcément mettre un coup de vis.
— Quel est le niveau de danger auquel tu exposes Ilyès en restant à ses côtés ?
Question légitime, somme toute douloureuse.
— Plus que si je n'étais pas là.
— Cette ville, elle a besoin de lui, fit Amber.
Elle soupira.
» Je trouvais l'idée idiote saupoudrée de népotisme quand tu l'as annoncé trois ans plus tôt, davantage devant la ferveur de Flores. Mais il fait du bon travail. Ce n'est pas l'homme le plus brillant qui soit, mais il est sérieux, honnête, fait de son mieux et la plupart du temps écoute les gens plus avisés que lui. Il est surprenamment raisonnable et charismatique. Le monde le respecte. Il connait ses limites et trouve toujours des gens compétents pour s'entourer.
— Viens-en au point, Aga, fit-il.
Elle tiqua clairement, appréciant peu la référence à une autre époque, une autre dynamique, où elle était sa subordonnée. Amber serra les dents.
— Tu ne feras que tout gâcher. Tu es une distraction pour lui.
Son niveau de sympathie diminua drastiquement. Il ne l'écouta pas, s'obligea à rester loin de ce fil de pensées qui le ferait si facilement le quitter. Les siens appelaient ça son syndrome du martyre. Tout pour qu'il auto-justifie son malheur.
— Voudrais-tu que j'aille m'enfermer dans une villa sur la côte et attendre qu'il vienne me piler une fois par mois ?
Elle l'observa, choquée.
— Il t'en a parlé ?
— Non.
Avant qu'elle ne continue, ait un discours qui viendrait miner sa résolution que ses baisers avaient apportée, il prit la parole.
— Je ne le quitterais pas, Amber. Tant qu'Ilyès lui-même ne viendra pas me dire qu'il veut que je disparaisse en me regardant droit dans les yeux, je ne le quitterais pas. Donc si tu veux perdre ton temps à convaincre quelqu'un que nous devons ne pas être ensemble, va voir avec lui.
Il fut surpris à quel point sa voix lui parut résolue. Amber lâcha un petit rire.
— Tu crois que j'ai une chance de le convaincre de te laisser ?
— Plus que celle de me faire croire que c'est la bonne chose de le faire.
Il ne montra aucun doute, celui éternel qu'il pensait de ne pas mériter cet homme. Celui qui le voyait se condamner.
— Tu l'as fait. Deux fois.
La culpabilité fut là. Si la première fois était enfouie dans une série de traumatisme bien trop grand pour qu'il laisse ce souvenir l'impacter, il se rappelait bien trop de la seconde fois. Hadrian regrettait beaucoup de choses. Ça en faisait partie.
— Et le résultat a été le même. Il était malheureux. Quitte à ce qu'il le soit avec ou sans moi, je préfère être à ses côtés.
— Tu pourrais briser une bonne fois pour toutes l'emprise que tu as sur lui.
Hadrian, après onze ans, se demandait si c'était même possible.
— Je pourrais, je ne le ferais pas.
Elle alla parler.
» J'aime cet homme, je ne le quitterais pas, point. Même si c'est pour sauver le monde, j'ai assez donné dans ce registre. Ce que je veux en ce moment, c'est nous sauver nous.
Aga soupira. Elle semblait s'être attendue à ça. Avait-elle été là pour tester sa dévotion ? Se dire qu'au moins, elle avait essayé ?
— Puis-je avoir ta parole que tu ne te mêleras pas des affaires de cette ville ?
— Ma parole te suffirait ?
— Tu ne m'as jamais menti.
Vraiment ? Difficile en ce moment de se rappeler.
— Je n'ai aucun intérêt de prendre un quelconque contrôle sur cette ville. J'ai bien trop perdu à cause d'elle, elle peut brûler pour ce que ça me fait. Ilyès pense malheureusement différemment. Et il est la seule raison pourquoi je suis ici. Je n'ai aucune envie de rester à l'attendre sagement dans une chambre pendant des années le temps qu'il arrive au moment où il ne voudra plus de cette position. Je ferais tout pour le retirer du joug de cette ville le plus rapidement possible. S'il le souhaite, je le conseillerais au meilleur de mes capacités. Je peux te promettre que je ne chercherais pas à retourner la situation pour mon gain personnel.
— Penses-tu qu'on te laisserait faire ?
Hadrian se pencha en avait, avec un sourire.
— Penses-tu pouvoir m'en empêcher, m'arrêter si je demandais à Ilyès de me donner les clefs du pouvoir ?
Il fanfaronnait clairement.
— Son but est de rendre cette ville à ses citoyens, ce que tu voulais.
— Je pense que c'est un but tout aussi louable qu'illusoire. La corruption existera toujours. Mais ça me va très bien. Je récupérerais Ilyès au passage et nous pourrons quitter alors cette ville.
Elle l'observa puis lâcha un petit rire.
— Tu crois que vous aurez le droit à une retraite sous les cocotiers, main dans la main.
— Pourquoi pas ? Il y a un nombre tout à fait décent de despotes et criminels qui finissent les doigts de pieds en éventails.
— Ils sont peu nombreux. Mais la vie m'a montré que rien n'est impossible.
Il suffit d'un regard pour comprendre qu'elle capitulait. Pour le moment du moins.
— J'ai appris quelque chose d'intéressant hier. Au moment où je pensais qu'il y aurait un soulèvement interne pour demander ta tête.
Les gens et leur sens du spectacle.
» Celui que je pensais le plus prompt à charger ne l'a pas fait. Au contraire même, a soutenu pour que tu restes.
— Et c'est pertinent parce que…
— Il était le bras droit de Pablo.
Le silence fut présent.
» L'homme que tu as poussé vers la sortie, que tu as anéanti en tuant son amant.
Hadrian savait qui était Pablo Ferro.
— Je répète ma question, en quoi est-ce pertinent ?
— Ne trouves-tu pas cela étrange ? Moi si. Il semble depuis le début n'avoir aucune haine envers toi, au contraire.
Ils ne purent parler davantage puisque la porte s'ouvrit en grand. Heli avait déjà une arme en main. L'intrus n'était nul autre qu'Ilyès. Hadrian sentit une certaine langueur le prendre à cette vue.
— Je peux savoir ce que tu fais là, Amber ?
— Je renoue mes liens avec une vieille connaissance.
Ilyès semblait courroucé. Y avait-il que lui pour le trouver beau, même énervé de la sorte ? Il avait envie de caresser cette barbe et passer la main dans ses cheveux.
— Je t'ai dit de ne même pas penser à le faire partir, siffla Ilyès.
— Il n'en a aucune intention, répondit-il, en ayant assez de faire partie des meubles.
Ilyès fut derrière le canapé et posa la main sur son épaule. Avant qu'il ne dise un mot, il lui avait attrapé la mâchoire et se penchait vers lui. Sa bouche fut sur la sienne et il se demanda comment il avait pu passer sa journée sans elle. Son bas-ventre brula.
— Allo la terre, je suis encore là, annonça Amber.
Ilyès releva le visage vers elle. Hadrian pouvait voir son énervement. Il le trouvait adorable.
» Il va falloir te faire à l'idée que je lui parle. Si nous sommes amenés à évoluer dans les mêmes sphères.
Amber se leva et dans cette langue qu'ils partageaient, souffla :
— Avant de m'en vouloir, pense à qui remercier de le voir rentrer si tôt.
Elle disparut ainsi. Ilyès se pencha pour prendre à nouveau ses lèvres. Il la remercia à l'infini.
Amber n'était pas sortie, qu'Ilyès le lâchait pour s'asseoir à ses côtés.
— Qu'a-t-elle dit ? demanda Ilyès, alors que la porte se fermait.
— Rien, fit Hadrian.
Il prit ses lèvres avant qu'Ilyès ne pense à l'interroger.
» Tu m'as manqué.
— Toi aussi, soupira Ilyès avant de repartir dans un baiser.
Comme c'était bon.
— Avant que vous vous mettiez à roucouler, fit Heli — dont il avait oublié la présence —, j'ai besoin de vous donner quelque chose.
Il quitta la pièce ainsi. Ilyès n'attendit pas que la porte se ferme pour l'attirer sur lui et dévaler son cou de baisers.
— Comment a été ta journée ? demanda Hadrian entre deux soupirs.
— Je n'ai fait que penser à toi, souffla-t-il.
Ilyès lui mordilla le menton et Hadrian retint un frémissement.
» Je ne voulais qu'une chose, te retrouver.
Lui désirait tellement plus. Ils eurent à échanger un regard, un seul avant que la frénésie ne les prenne. Si son haut disparu avec facilité, la chemise d'Ilyès donna plus de fil à retord, spécialement avec sa main estropiée. Cette nécessité de le toucher, de le sentir contre lui, lui serrait bien trop le bas-ventre, le besoin se faisait de plus en plus pressant.
La main d'Ilyès se perdit dans son sous-vêtement et Hadrian ne put que gémir. C'était tellement bon, il voulait…
— Vraiment ? fit une voix. Vous êtes quoi ? Des lapins ? Vous avez quel âge pour vous sauter dessus comme ça ? Vous ne pouviez même pas attendre cinq minutes.
Hadrian tourna la tête pour voir Heli, une mallette à la main, le jugement dans le regard. Malgré ses protestations, il lui avait obéis. Devait-il préciser qu'il avait attendu trois ans ? Aucun des deux ne bougèrent, Hadrian restant sur Ilyès, lui toujours les doigts tenant son sexe. Hadrian n'eut pas besoin de faire des signes pour lui faire comprendre qu'il voulait qu'il disparaisse.
Heli posa la mallette bruyamment et partit en claquant la porte.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda Ilyès.
— Un cadeau pour toi.
L'homme sembla hésitant et ne chercha pas à ôter sa main qu'il avait dans son sous-vêtement. Que Hadrian pouvait vivre constamment avec cette sensation ! Pourrait-il ouvrir l'objet d'une main tout en le masturbant de l'autre ? Hadrian se laissa tomber à ses côtés.
» Ouvre.
Ilyès se redressa la chemise à moitié déboutonnée. Son œil s'attarda sur son téton gauche qui avait des signes de maltraitance. Était-ce une morsure ? Avait-il fait ça ?
Hadrian se colla à lui en passant la main dans les cheveux. Ilyès, après un regard interrogateur, ouvrit la valise. À l'intérieur se trouvait un objet dont la description la plus simple aurait été pistolet, un clairement plus médical que léthal. Dans cet écrin se trouvait également une fiole contenant ce qui ressemblait à une gélule. Il pouvait voir aussi un kit médical qui avait dû être ajouté par les siens.
L'homme ne quittait pas la malle des yeux, dubitatif. Il tourna son beau regard impénétrable sur lui.
— Explique-moi, fit Ilyès.
Hadrian continua de passer la main dans ses cheveux. Il découvrait bien plus de cheveux blancs ainsi.
— Sais-tu ce que c'est ? demanda-t-il en baisant sa joue.
Il apprécia la manière dont Ilyès se tendit à ce moment-là pour raccourcir la distance entre sa bouche et sa peau.
— J'ai mes soupçons, je ne veux pas tirer de conclusions.
Hadrian pointa l'arme.
— C'est un pistolet pour implantation.
Il désigna le flacon.
» C'est un traqueur GPS.
— Pour ?
— Moi.
Ilyès l'observa de ce regard si vert. Et clairement perturbé.
» Tu sauras à chaque instant où je me trouve.
Il le vit serrer ses poings, fermer les yeux presque abattus. Ce n'était pas vraiment la réaction qu'il avait espérée. Il se toucha le sourcil de ce geste si adorable.
— Est-ce encore une sorte de test ? demanda Ilyès, se tournant vers lui, le défi présent.
Encore ?
Ilyès semblait las.
— Non.
Ilyès l'observa un long moment, l'analysant.
— Tu me penses être un meilleur homme que je suis si tu crois que je ne te mettrais pas cet implant.
— Alors, utilise-le.
Il l'embrassa, profondément. Il put sentir que le cœur d'Ilyès n'était pas à prolonger cette caresse.
» Tu as répété que ça te tuait de ne pas savoir où j'étais, tu sauras à présent.
Ilyès se recula pour l'analyser et il put voir, la folie pas loin et surtout, le contrôle que ça demandait à l'homme pour la garder au loin.
— Tu n'aides pas en cédant à mes lubies.
Du bout des doigts, Hadrian caressa la ligne qui délimitait ses cheveux.
— Je pense que si. Le jour où tu seras enfin serein, je l'enlèverais.
Hadrian continua à effleurer ainsi son visage. Ilyès soupira et il ne put savoir si c'était la situation ou ses doigts les responsables.
— Tu penses qu'il y aura une fin à ce besoin de savoir où tu es. Il n'y en aura pas.
Hadrian prit ses lèvres. Doucement.
— Je le garderais alors. Je crois qu'il faut le changer tous les cinq ans.
Le trouble était sur son visage. Lian avait aimé cet homme si stoïque si fort, Hadrian appréciait chacune de ses faiblesses. Il y avait une saveur particulière à s'en savoir la cause. Il se saisit du pistolet, qu'il mit dans sa main. La respiration d'Ilyès s'accéléra. Il semblait difficilement contrôlable. Hadrian lui baisa le cou.
— J'ai enfin retrouvé une certaine mobilité. Je n'ai aucune envie que tu me brises ou me coupes les jambes. Encore moins que tu m'enchaines à un lit, laisse-moi t'offrir ça.
— C'est tout autant une prison.
— Et si tu en es le gardien, ça m'est égal.
Ce n'était pas le moment, n'est-ce pas, de s'égarer un peu plus dans ce genre de scénarios ? Lui demander s'il avait toujours des menottes ? Ses fantasmes furent coupés court devant l'attitude d'Ilyès.
Cet homme qui bougeait si vite, aux réflexes hors normes, que le mouvement définissait ne quittait pas l'objet des yeux, figé. Il ne vivait pas ça bien.
Hadrian s'en voulut. Il n'était qu'un idiot. Qu'avait-il cru accomplir ? La peine fut là, si il l'avait connu mieux, aurait-il été capable de prévoir son attitude ? Il replaça le pistolet dans son écrin. Lui et ses idées.
— Mon but n'était pas que tu te sentes mal, encore moins à t'obliger à quoi que ce soit. Je pensais avoir trouvé un moyen de pouvoir apaiser ta peur. Désolé si c'était raté.
Avant qu'il ne puisse fermer la mallette et bien avant de comprendre, Hadrian était allongé dans le canapé, Ilyès lui tenant le bras.
— Je ne vais pas m'arrêter, siffla-t-il.
Pourquoi eut-il alors l'impression qu'il attendait une dernière validation de sa part ?
— Ne le fais pas.
Un regard, un ultime baiser et Ilyès se releva.
Le voir mettre des gants, désinfecter son bras, visser la fiole contenant le GPS et pointer le pistolet contre sa peau fut étrangement érotique. Était-ce seulement lui ? Ilyès n'hésita pas. Il actionna l'appareil, la piqure fut vive. Déjà, Ilyès plaçait un coton et bientôt, le pansement fut là. Hadrian sentit son bras pulser. Ilyès se tourna vers lui.
— Ça va ?
— Comme un charme.
La vérité. Ilyès semblait abasourdi par son propre acte.
» Il faudra voir avec Vanessa comment paramétrer le tout sur ton téléphone.
Ça n'aida pas à enlever l'expression tétanisée d'Ilyès sur son visage.
— Je veux mon médicament, souffla-t-il.
Ilyès, adorable, chercha vers la malle. Hadrian de son bras valide, attrapa son col et le tira à lui. Il ouvrit la bouche en sortant un peu la langue. Ilyès sourit puis l'embrassa.
/ / /
Ilyès se réveilla en sentant son regard sur lui. Lian sortit de ce lit. Et cette absence, ce fut difficile à vivre, l'idée de le laisser partir. Sa main fut sur son bras avant qu'Ilyès ne réalise avoir agi. Lian de cette compréhension qu'il avait, sourit. Dans la pénombre, il l'entendit plus qu'il ne put le contempler.
— Je vais juste aux toilettes. Tu peux activer le traqueur si tu veux.
Il prenait ça de façon si légère, ça le perturbait tant. Était-ce ce que Lian avait ressenti trois ans plus tôt, quand lui se pliait à tout pour l'obtenir ? Sentait-il ce pouvoir bien trop dangereux ?
Lian se pencha, laissa un baiser sur sa joue. Ilyès desserra sa prise. Il vit sa silhouette se diriger vers la salle de bain et ce fut suffisant pour le calmer. Un temps. Alors que les minutes passaient, le malaise montait. Il fut debout avant de se raisonner de ne rien en faire. Il partit vers la porte menant aux toilettes. Il ouvrit le battant au moment où il sortait. Lian eut simplement un petit rire et le prit dans ses bras.
— Comment as-tu survécu en me laissant derrière ces derniers jours ?
Devait-il avouer son malaise constant, cette panique qui faisait qu'il bougeait rarement sans avoir accès à la vidéo surveillance. Qu'il avait eu du personnel en place pour lui rapporter tous ses faits et gestes.
— Je pense que cette anxiété augmente un peu plus chaque instant que je passe avec toi. J'ai peur de baisser ma garde, m'habituer à toi et que tu disparaisses. Je frôle bien trop le bonheur en ce moment pour ne pas être terrifié que ça s'arrête.
— Je ne disparaitrais pas, plus, fit Lian avec fermeté.
Il l'embrassa et ça parvint à le calmer.
» Tu sais qu'il est extrêmement tôt, fit Lian en baisant son cou.
Il y avait beaucoup de sous-entendus dans cette phrase, ou dans la manière dont il le tenait contre lui. Peut-être était-ce seulement lui.
» C'est toujours difficile pour moi de me rendormir. Vu le temps qu'il reste, ça n'en vaut peut-être pas la peine.
Non, ce n'était pas juste lui qui interprétait les choses.
— Proposes-tu quelque chose de différent ? demanda Ilyès aussi innocent que possible tout en lui caressant le visage.
— Tu aimes ça, hein, quand je dis à voix haute que je veux que tu me pénètres ?
Il n'avait pas idée. Ilyès lui baisa la joue.
— Peut-être. Comment souhaites-tu que je te pénètre, dis-moi… Veux-tu que je sois sous toi ?
— Ma jambe a besoin d'une pause.
Lian l'embrassa.
» Je veux que tu me baises profondément et lentement. Pour que lorsque tu pars, je te sente encore en moi.
Que pouvait-il faire d'autre que lui obéir ? Ilyès le souleva et le porta jusqu'au lit. Il baisa cet œil, son faux, et Lian frissonna un peu plus. Le fait qu'ils soient nus lui permit de ne pas perdre de temps, il pouvait profiter de sa chaleur totalement. Lian s'étira interrompant le moment. Il alluma la lumière, chassant la pénombre. Lian lui sourit avant de se replacer.
— J'aime te voir me faire l'amour, voir que je te donne du plaisir, tu es tellement magnifique, encore plus quand tu jouis.
Lian lui toucha la joue, il finit par baiser sa paume.
— Je t'aime Lian, souffla-t-il comme réponse.
Ilyès entrelaça sa main à la sienne. Délicatement, il le pivota sur le côté, replia sa jambe gauche. Il se saisit de ce lubrifiant déjà à moitié vide et humidifia sa main. Il lui caressa la raie et son anus. Son soupir fut là. Ilyès le pénétra d'une phalange, tout en l'observant. Lian tourna le visage vers lui.
— Tu dois bien sentir que je n'ai pas besoin de tout ça.
Ilyès inséra trois doigts en lui.
— Qui te dit que je le fais pour toi ? répondit-il en lui baisant l'épaule. J'aime voir le plaisir t'envahir.
Il insista de ses doigts et Lian se mordit les lèvres en l'observant. Ilyès ne put que lâcher un soupir, presque repu de ce spectacle. Il y avait une euphorie grisante de se concentrer ainsi sur son bien-être, négligeant son propre besoin physique. De ne pas écouter désir gonflant qui ne demandait qu'à le prendre, tout en satisfaisant sa faim mentale de voir Lian ainsi offert à lui et de ne pas laisser son propre plaisir obscurcir le tableau qu'il était.
Son œil brillait clairement. Ses hanches commençaient à rouler seules et Ilyès ne put qu'insister un peu plus.
— Ilyès, pitié, souffla-t-il. Je veux plus que tes doigts.
Il fut bien trop faible devant sa supplique.
Il fit un mouvement pour prendre un préservatif. Lian lui mit la main sur le bras.
— Faisons-le sans.
Lian était bien trop fiévreux. Ilyès se pencha pour baiser sa joue.
— Quand j'aurai le résultat de mes tests. Je veux te protéger.
Il regretta de ne pas avoir pensé à les faire plus tôt. Comme il était étrange qu'à leurs retrouvailles, ça n'eût pas été une de ses premières décisions. Bientôt, il pourrait le sentir totalement.
— Tu as éjaculé dans ma bouche, mentionna Lian. Rendu là, c'est du chipotage.
Devait-il lui rappeler ça ? Il faisait des dépistages entre ces différents partenaires et avait toujours eu des rapports protégés, mais il ne désirait pas prendre de risque. Lian devrait-il prendre un traitement d'urgence, juste au cas où ?
Ilyès lui caressa les cheveux et baisa son oreille.
— Fais-moi plaisir. Je te ferais bientôt l'amour autant que tu veux sans protection.
— Attention à ce que vous dites, monsieur, je risque de vous prendre au mot.
— Tant mieux.
Il mit le préservatif et de cette même position, Lian l'accueillit facilement. Savait-il à quel point il était bon d'être en lui ? Ilyès obéit à sa première demande. Il lui fit l'amour, profondément et lentement. À ce moment-là, il aurait pu vivre pour seulement ça. Être en lui, voir sur son visage le plaisir qu'il prenait, l'entendre soupirer, la manière dont il pouvait être perdu un moment dans la luxure, puis l'instant quémander ses baisers. C'était transcendant.
À présent, sur lui, en lui, Ilyès bougeait extrêmement lentement, atteindre l'orgasme ne l'intéressait pas. Jouir de chaque seconde à l'avoir contre lui en revanche l'animait. Du bout des doigts, il lui caressait la tête, du bout des lèvres, il lui effleurait la bouche et par moment, il balançait son bassin.
— J'ai des fourmis dans la jambe, Ilyès, soupira Lin.
— Veux-tu qu'on arrête ? demanda-t-il.
Lian nia, lui fit comprendre de se soulever. Lian se retourna et fut allongé sur le ventre.
— Continue s'il te plait.
Il en fut peu pour qu'il obéisse, pour dévaler sa colonne de baiser, et retrouver sa place en lui. Ses lèvres étaient moins accessibles, son cou, sa joue, son oreille l'étaient davantage. Il se nourrissait de ses soupirs. Combien de temps restèrent-ils ainsi ?
— Je ne sais pas comment tu peux encore bander suffisamment dur pour continuer, souffla Lian après une éternité.
— C'est bon d'être en toi, contre toi… Je me fous totalement de bander mou.
Lian gloussa et il dut sentir l'écho physique que ça eut sur lui de l'entendre rire.
Son amant se retourna.
— Vraiment ?
Était-il scandalisé ?
— Vraiment.
Ilyès s'empara de ses lèvres. Sa pénétration fut plus profonde. Plus rapide et Lian se cambra dans un soupir rauque, il se fit plus présent.
» Veux-tu que j'arrête ?
Lian sourit bien trop malicieusement.
— Jamais. Juste, je suis épuisé. Je ne suis même pas sure de tenir à quatre pattes, tu m'as complètement vidé.
Ilyès appuya sur son épaule, et Lian fut allongé comme un peu plus tôt.
— Et comme ça ?
Il bougea et Lian ne put que soupirer.
— C'est tellement bon, tellement doux, c'est comme un massage en plus profond, ricana-t-il. Je me sens tellement bien et détendu que je pourrais m'endormir.
— Et je ne suis pas supposé m'arrêter en entendant ça ?
— J'aime ça, Ilyès, te sentir en moi. Encore plus l'idée de m'endormir ainsi.
— Alors, endors-toi.
Lian tourna son visage et il prit ses lèvres, en bougeant doucement et profondément.
Des coups à la porte les interrompirent.
— Ilyès, fit la voix de Niel. Je te rappelle que nous avons un meeting important ce matin. Nous ne pouvons nous permettre d'être en retard.
Il s'en rappela à ce moment précis. Ilyès n'avait aucune idée de l'heure qu'il était.
Il put voir l'amusement plus que la frustration de Lian. Ilyès se pencha pour prendre ses lèvres à nouveau.
» Ilyès ? appela à nouveau son assistant.
— Oui ? souffla-t-il frustré.
— Ne sois pas en retard. C'est important, Amber a réuni tout le monde.
Comment cela pouvait-il être plus important que faire l'amour à l'homme de sa vie ?
— Je serais à l'heure.
Puis il se pencha pour embrasser Lian et se remit à bouger.
— Sais-tu même l'heure qu'il est ? demanda son partenaire.
Ilyès nia. Il lâcha un petit gloussement. Savait-il à quel point que l'entendre et sentir en lui ainsi le faisait frissonner.
» Alors, accélére la cadence, il semblerait que tu n'as pas toute la vie devant toi. C'est l'heure d'aller à l'école.
Ilyès appartenait à cet homme, et s'il voulait qu'il accélère… Cela prit un moment, un qu'il n'avait peut-être pas. Mais c'était tellement bon de lui faire l'amour.
Ilyès finit en lui mordant l'épaule. Il le garda dans ses bras une éternité bien trop courte. Il ne voulait pas le quitter, sentir cette anxiété de ne pas l'avoir dans son champ de vision, la peur qu'il disparaisse encore bien trop ancré en son sein.
Lian passa la main dans ses cheveux.
— Va, avant que Niel fasse une syncope. Je l'imagine créer une tranchée devant la porte.
Il laissa un baiser sur le coin de sa bouche.
— Je ne te quitterait pas, tu viens avec moi, fit Ilyès.
Lian se tendit.
— Et le danger, tout ça ?
— Je te protégerais.
Lian le fixa un long moment.
— Tu es sérieux ?
— Pourquoi es-tu à ce point surpris alors que tu m'en as fait la demande hier et que j'avais négocié une journée ?
— Je pensais que tu trouverais excuse après excuse pour gagner du temps.
Ilyès l'embrassa.
— Je te l'ai dit, je n'ai absolument rien à te cacher.
Lian caressa sa joue, Ilyès lui baisa la paume.
— Tu devrais avoir un peu plus d'instinct de préservation. Je pourrais avoir de mauvaises intentions.
— En as-tu ?
— Je pourrais te corrompre au point que tu lâcherais tout pour t'enfuir avec moi loin de cette ville de fou.
Ilyès posa son front contre le sien.
— Dois-je faire mes bagages maintenant ?
Lian tressaillit. Il se redressa pour le voir le transpercer de son œil Heli.
» Quoi ?
— Sais-tu que tu es l'homme de ma vie, Ilyès Orvath ?
Il sentit, le plaisir monter, le désir aussi, mais il ne pouvait que ce souvenir de ses mots sur ce toit, si similaire qui avait vu tout s'effondrer.
— D'où ça sort ?
Lian baisa sa bouche et avant que la panique ne s'empare de lui, il souffla :
— Merci de m'avoir attendu onze ans. Je ferais tout ce que je peux pour que cette attente vaille la peine.
Ilyès lui caressa du bout des doigts le visage.
— Tu es là, contre moi, ça a valu la peine.
Lian lui sourit.
— Tu es un idiot.
En même temps que l'insulte, il prit ses lèvres et ça lui donna envie de prolonger leur étreinte et de… Lian fut celui qui mit fin au baiser.
» On ne va pas sortir du lit à ce rythme-là.
Il le tira à sa suite jusqu'à la douche, où ils furent plus raisonnables que la veille. Ils se tinrent dans les bras de l'autre un long moment, puis ils s'obligèrent à quitter la cabine bien qu'aucun d'eux n'en avait envie. Pourraient-ils un jour passer un temps décent ensemble ?
À peine sorti de la salle de bain et une simple serviette autour de la taille, Lian partit vers la porte. Il échangea quelques mots avec celui ou celle qui le gardait cette nuit.
Il ferma le battant derrière lui et Ilyès dut ravaler sa jalousie de le voir si peu pudique. Lian ne l'avait jamais été.
— Jusqu'à quand vont-ils surveiller la chambre ? demanda-t-il.
Lian sourit.
— Si j'y dors, jusqu'à mes quatre-vingts ans, probablement.
Ça le faisait rire, lui moins.
— Tu ne risques rien ici.
— Tu peux le leur dire si tu veux, ça n'empêchera pas que ce soir un autre sera là.
Lian l'observa.
— Je leur en ai déjà parlé, ils ne m'écoutent pas. Ils ne t'écouteront pas plus.
— Qu'as-tu demandé ?
— De m'amener mon beau costume.
À peine eut-il fait cette déclaration, qu'on frappa à la porte et que Kora, s'il se rappelait de son nom, pénétrait à l'intérieur de la pièce sans gêne et se dirigea de Lian avec lesdits vêtements.
— Veux-tu de l'aide pour t'habiller ? questionna-t-elle.
— Il a toute l'aide dont il a besoin, merci, siffla Ilyès sèchement.
Ilyès s'approcha et tendit la main pour qu'elle lui passe la pile d'habits. Ce qu'elle fit avec un petit sourire. Après quelques signes aussi secrets et frustrants qui firent sourire Lian, elle disparut.
— Qu'a-t-elle dit ?
— Que tu es clairement plus son genre que moi. Et que ce serait moins une corvée si elle t'habillait toi que moi.
— Et ça te fait rire ?
— Dois-je pleurer ?
— N'es-tu pas jaloux ?
Lian l'observa, amusé.
— Ai-je une raison de l'être ?
— Non, répondit-il catégorique.
Lian sourit, s'approcha et attrapa le slip qu'il avait sur cette pile de vêtements.
— M'aides-tu alors ?
Il y avait beaucoup de choses qu'il aurait aimé mettre à plat quatre au cinq minutes qui venaient de se passait. Ilyès sut que ce n'était ni le moment ni l'endroit. Pas alors que l'équilibre entre eux était là. Ilyès s'habilla en même temps que Lian et l'aida à plusieurs reprises, comme pour boutonner sa chemise.
— Tu devrais porter autre chose que du noir, souffla Ilyès alors qu'il l'aidait à passer la veste.
— Et quelle couleur ?
— Du blanc ? proposa-t-il en se plaçant devant lui et attrapant sa cravate.
Le temps se suspendit, un moment, pour deux raisons. Pour le rappel de Flores toujours vêtu de blanc qui avait tenté de l'assassiner et sa culpabilité de n'avoir rien vu. Dire qu'il avait porté le deuil et regretté sa mort. Puis alors qu'Ilyès était en face de lui, tous les deux en costume et qu'il faisait le nœud de sa cravate, pour l'image qui se formait dans son esprit, d'un moment bien plus radieux et qui avait été jusque là un rêve auquel il ne voulait s'attarder. Celui de marier cet homme. Il sentit la tristesse se faire plus grande quant à l'absence de ses anneaux. La honte aussi. À quoi cela servait-il d'être l'homme le plus puissant d'une ville si on pouvait lui dérober si facilement sa possession la plus précieuse ? Il les avait conservés huit ans pour qu'elles disparaissent avant son arrivée. Ilyès ne pourrait jamais interroger Tabaré ou Chavez. Était-il le temps de faire une croix dessus et de trouver d'autres bagues ? Ilyès se demanda si Lian refuserait de l'épouser. Encore. La douleur avait été bien trop présente devant son refus la première fois. Leur relation survivrait-elle à un deuxième rejet ? Ce moment de joie se transforma en peur.
Une main sur sa joue le ramena au présent, à Lian.
— Peut-être une autre fois, qu'en dis-tu ?
Il hocha la tête et Lian baisa ses lèvres. Le doute disparut.
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Heli n'avait pas perdu de temps quand Usul lui avait annoncé ce qui se tramait à l'étage.
Seul voir Niel impatient devant la chambre lui avait appris qu'il était arrivé avant qu'il ne soit trop tard. Ils s'adressèrent un regard et se turent. Qu'auraient-ils pu se dire ? L'un probablement se questionnait sur les raisons qui pouvaient pousser l'autre à se dédier autant à l'homme qu'ils suivaient.
Peut-être aurait-il de quoi parler finalement, Heli se demandait bien trop ces derniers jours pourquoi il vouait sa vie à un imbécile pareil.
Heli appréciait peu la manière dont les autres ne l'avaient pas prévenu concernant la demande de Hadrian. Cherchait-on à lui cacher des informations ? Il ne pouvait décemment le protéger si ses propres troupes le traiter comme un ennemi. Heli se rendait compte qu'il pouvait agir parfois quelque peu de façon excessive, à vouloir tout savoir et tout contrôler, mais de là à ce qu'on ne le tienne pas au courant ?
La porte finit par s'ouvrir sur ces deux idiots roucoulants.
— Non, fut la réponse de Heli alors qu'ils sortaient enfin de cette chambre.
Il ne fallait pas être un génie pour savoir ce qu'il préparait.
Hadrian partit à rire.
— Bonjour à toi aussi. Sais-tu même pourquoi tu dis non ?
— Hors de question que tu ailles avec lui, répliqua-t-il.
Il put voir Niel se figer. Au moins n'était-il pas le seul contre.
— Parce que… commença Hadrian.
— C'est bien trop dangereux.
Ilyès fut là devant lui et ça l'énerva.
» Décale-toi, je parle à Hadrian.
— À se demander qui de nous deux veut autant l'enfermer hein ?
Heli serra les dents. Il ne pouvait être celui qui assenait le premier coup. Hadrian le lui reprocherait. Ce dernier se plaça entre eux deux.
— Vous règlerez votre excès de testostérone et votre volonté de montrer qui est le mâle alpha un autre jour, fit Hadrian.
Heli tut sa réflexion qui aurait vu la pyramide différemment et lui au sommet. Hadrian se tourna vers Ilyès.
» Donne-moi deux minutes.
Il attrapa sa main et se décala avant que l'homme ne puisse répondre quoi que ce soit. Ils ne s'éloignèrent pas de beaucoup, Ilyès pourrait probablement entendre ce qu'ils se diraient, mais Heli apprécia cependant ce semblant d'intimité. Hadrian planta son regard Heli dans le sien en silence. Il détestait quand il faisait ça.
— C'est bien trop dangereux, Hadrian, de t'exposer à ses côtés en ce moment. Nous n'avons pas encore une connaissance complète de ce que peuvent faire les groupes hostiles. Donne-moi…
— Non. Je vais avec lui.
Heli serra les dents.
— C'est bien trop dernière minute, donne nous le temps de…
— Parfait, personne ne s'attendra à ce que je sois à ses côtés.
— Jusqu'à ce que leur informateur leur fasse parvenir la nouvelle.
— Raison de plus de ne pas perdre de temps.
— Hadrian, ce…
— Tu ne me convaincras pas de rester enfermé, Heli.
Il voulut parler. Il mit sa main sur sa joue. Heli pouvait imaginer Ilyès peu appréciateur de cette proximité sans le voir.
» Pourquoi m'as-tu drogué et m'as obligé à quitter notre campagne ? demanda Hadrian.
Heli soupira, énervé.
— Tu sais très bien pourquoi.
— Tu ne pourras pas constamment tout le temps me protéger, Heli. Encore moins en ayant fait le choix de revenir ici.
— Je peux au moins t'éviter de t'afficher pleinement devant ce qu'il reste de nos ennemis, sans aucune préparation.
Hadrian sourit. Il faisait ça bien trop souvent récemment, sans que ça semble forcé. S'en rendait-il compte ?
— Nous avons passé des jours à estimer le danger que les différents partenaires de ce syndicat pouvaient représenter. Nous avons éliminé ceux dangereux. Vous avez même fait plusieurs petits schémas et études de cas pour deviner qui seraient le plus à même de représailles et je me suis assuré qu'ils mourraient avec Tabaré.
Heli savait cela vrai, mais ça n'empêchait pas que quelque chose pouvait mal tourner. Il n'eut pas le temps d'en faire part.
Il semblait bien trop demander à cet homme de se tenir trois minutes loin de Hadrian. Ilyès prit ses doigts.
— Il va falloir y aller, Lian.
Il lui parlait peut-être, mais Heli était celui qu'il regardait.
— Tu peux soit venir avec moi, soit rester en arrière. J'y vais dans tous les cas, Heli.
Heli détestait quand il faisait ça. Comme s'il avait le choix.
— Nous y allons en trois voitures, trois itinéraires différents. Hadrian sera avec moi. Tu vas dans une autre voiture, et nous prétendons que vous êtes ensemble dans la troisième.
— Notre protocole de sécurité est déjà établi et…
— Probablement connu par beaucoup de gens qui peuvent vouloir vous éliminer.
— Ce…
— Faisons chacun ce que l'on fait de mieux, d'accord ? Toi dans cette chambre et moi en dehors. Laisse-moi en charge de sa sécurité.
Ilyès apprécia peu. S'il lui assenait le premier coup…
— Devant le travail que tu as fait jusque là, tu te penses être le plus qualifié pour prendre soin de lui ?
Ça fit mal. Il n'avait pas besoin de pointer ainsi ses failles. Sa gorge était un rappel constant de ses manquements.
— Nous suivons tes directives, Heli, fit Hadrian. Et j'ai vraiment besoin que vous enterriez cette hache de guerre, quelle qu'elle soit pour que nous puissions cohabiter.
Hadrian se tourna vers son amant.
» Je lui dois la vie, Ilyès. Pour un nombre incalculable de fois. Et c'est seulement quand je compte les fois où s'est passé suffisamment proche pour que je les remarque. Je serais mort sans Heli. Nous serions tous morts sans lui.
Hadrian leva sa main droite où il manquait un doigt.
— C'est un prix peu cher à payer.
Ilyès l'observa un long moment, soupira et se tourna vers lui.
— Nous suivrons tes directives, tu ferais mieux de parler à Eren et d'arriver à un consensus dans les trente prochaines minutes. Nous ne pouvons nous permettre d'être trop en retard.
Il fut abasourdi devant son attitude, face à cette acceptation. Puis ainsi, il disparut embarquant un Hadrian papillonnant bien de trop.
Niel semblait aussi découragé que lui.
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Quand ils débarquèrent ensemble, Amber se demanda comment même la dizaine de personnes présentes purent être surprises. Il lui semblait que la chaise ajoutée quelques instants plus tôt avait été une alerte suffisante.
La fatalité était là pour elle depuis des jours. Un peu plus après la discussion qu'elle avait eu avec Ilyès la veille. Ils ne purent qu'être spectateurs de leur arrivée et Amber devait avouer qu'ils étaient beaux ensemble. Ils exhalaient une certaine autorité, un couple fait pour régner. Elle qui aurait aimé voir Niel accompagné Ilyès devait concédait ça à Hadrian : que probablement il était le seul que l'intensité d'Ilyès n'aurait pas effacé, qu'ils puissent être perçus comme égaux. Même sa claudication n'entacha pas le tableau. Mikki était-elle derrière ces habits bien trop similaires dans leurs coupes et couleurs ou était-ce un heureux hasard ? Hadrian qui lui avait semblé si changé la veille lui rappelait bien trop dans ce costume et ses cheveux coiffés en arrière celui qu'elle connaissait. Plus que le cache-œil ou la canne manquante, c'était la douceur qui le caractérisait qui la perturbait plus qu'autre chose. Si aucun garde n'était autorisé dans cette pièce, comme les armes, Hadrian avait le droit à un traitement d'exception, alors que Heli fermait la porte derrière eux. Lui s'était assombri autant que Hadrian s'était adouci.
La paire se déplaça et la partie d'elle qui n'avait souhaité que son bonheur fut touchée par la manière dont Ilyès tira la chaise à ses côtés et y amena Hadrian, comme leur regard échangé. Amber aurait pu dessiner des petits cœurs au-dessus d'eux tant leur affection était évidente. Savaient-ils où ils étaient ? Ne pouvaient-ils pas montrer une attitude plus appropriée ?
Ilyès s'assit à la tête de cette table en déboutonnant sa veste. Si la tendresse avait été là en faisant face à Hadrian un peu plus tôt, son visage était à présent sévère. Celui de Lian, un masque imperturbable. Heli se plaça derrière Hadrian avec un regard qui défiait quiconque de tenter quoi que ce soit. Ilyès à ses côtés n'était-il pas un chien de garde suffisant ?
— Je sais que nous avons beaucoup de choses à aborder aujourd'hui, fit Ilyès. J'apprécie de voir que tout le monde a fait l'effort de venir malgré nos agendas respectifs occupés.
La sommation qu'elle leur avait adressée en son nom avait été claire, la moitié d'entre eux s'ils avaient pu se seraient abstenus.
» Je vais retarder quelque peu l'ordre du jour avec une annonce qui même si elle me semble évidente a peut-être besoin d'être faite. Ceux qui me connaissent savent, les autres doivent connaitre les rumeurs ou les ont entendus depuis.
Ilyès prit la main de Hadrian et la plaça sur la table. La satisfaction de cet homme d'ordinaire bien trop réservé dans ses émotions était flagrante.
— Celui que vous connaissaient sous le nom d'Hadrian Rishar ou Parrish va à partir d'aujourd'hui rester à mes côtés. Il fera partie de mon quotidien autant que le vôtre. Vous vous adresserez à lui comme vous vous addressez à moi. Mieux même. Ce n'est pas une requête ou une demande, mais un constat. J'ai conscience que beaucoup d'entre vous ont des réserves, des interrogations et des inquiétudes. C'est le moment de les formuler et de les mettre à plat. Demain, ce sera trop tard.
Le silence fut présent, long. Ceux qui ne manquent jamais une occasion de critiquer ouvertement Ilyès se taisaient, bien plus devant le massacre des derniers jours. Lui qui avait voulu régner avec consensus venait clairement d'effacer des années à travailler sur une image d'un leader clément et c'était probablement pour le mieux.
Pendant ce silence bien trop pesant, le doigt d'Ilyès caressait la main de Hadrian. S'en rendait-il même compte ?
» Personne ? demanda Ilyès.
Elle trouvait toujours tout aussi fascinante la manière dont la surprise et la menace pouvaient se mêler dans sa voix.
Qui se risquerait de dire à cet homme qui venait de trucider selon les rumeurs plus de vingt personnes pour sauver son partenaire qu'ils étaient contre se coltiner sa présence ?
Ce fut un bruit désapprobateur montant de sa droite, d'un des lèche-bottes de Tabaré qui brisa le calme. Qui pour le croire aussi courageux ? Devant l'attention qu'il attira, il ne put que soupirer :
— Discutez ? Orvath. Vas-tu nous faire croire que la discussion est possible ?
— Elle a toujours été possible, Gabriel.
— Donc si je dis que ta pu…
— Sans manque de respect, siffla Ilyès, dont la colère était présente. Si tu es incapable de parler de manière civile, autant te taire. Ce genre de langage n'a pas sa place ici.
— Et après on se dit prêt à discuter ? fit Gabriel.
— Es-tu incapable de parler sans insultes ?
— Il n'a rien à faire là, Ilyès, fit Georgy, une femme quinquagénaire.
Si Amber l'avait croisé dans la rue, elle aurait été incapable de la pensée à la tête d'une de leur branche, qui plus est concernant les armes.
» Ce qui se passe dans ta chambre ne regarde que toi. Tu couches avec qui tu veux, quand tu veux. Tu ne vois pas mon gigolo à la table. Je comprends l'envie de népotisme, mais tu as montré jusque là bien plus respectable, je trouve ça décevant que ça change maintenant.
Hadrian restait silencieux, peut-être était-ce parce qu'elle l'avait vu avec un visage bien trop fermé qu'elle se représentait en ce moment avec un léger sourire.
— Dois-je passer des entrevues à chacun de vous ? fit Ilyès. Voir vos qualifications ?
Ilyès observa chaque personne assise à cette table.
» Combien sont suffisamment confiants pour que nous commencions à régner par simple mérite et capacités ?
Le malaise fut présent.
— C'est le meurtrier d'Andrea Flores, Ilyès. Celui responsable de son empoisonnement.
Personne ne réagit à cette table, était-elle la seule à voir à quel point cette remarque le contrariait ?
» Il a tué notre leader, et nous sommes supposés accepter sans rien dire quand il vient s'asseoir à cette table ?
Ilyès voulut probablement parler, mais le gloussement de Hadrian, même léger figea la table. Elle pour une raison différente des autres. Hadrian, glousser ? Elle avait voulu ça pendant des années, mais le spectacle était bien trop bizarre pour elle.
Elle le connaissait suffisamment pour savoir que Hadrian ne faisait rien sans raison. Donc quand il parut étonné qu'Ilyès se tourne vers lui, comme le reste de l'assistance, elle n'y crut pas un moment.
— Pardon, fit-il. Je t'avais dit que je resterais silencieux…
— Tu as autant le droit de parole que quelqu'un à cette table.
Si ce n'est plus… retint-elle de dire, devant l'intérêt qu'il avait quant à sa personne. Amber sentait les maux de tête venir concernant ces deux-là. Si elle avait peu apprécié voir Ilyès s'effondrer de plus en plus, elle n'était pas certaine de tolérer ses minauderies. Qu'est-ce qui était plus supportable, un Ilyès en dépression ou amoureux ?
Hadrian tourna son regard vers celui qui avait parlé, elle se demanda si cette attention allait augmenter la calvitie de l'homme.
— Me reproches-tu ma volonté de vouloir me débarrasser de Florès, ou d'avoir réussi ?
Là, le timbre de sa voix, elle retrouvait le Hadrian à qui elle avait voué son existence. Et devant le plaisir qu'elle ressentit, elle craignit vraiment pour l'avenir de cette ville. Combien de temps avant qu'elle se remette à apprécier travailler pour lui ?
» Tuer votre leader ? Combien se trouvent à cette table qui était d'accords pour qu'Ilyès meure, hm ? Qui était prêt à le renverser ?
Le silence fut présent.
— J'ai prévu d'éliminer Florès dès le moment où j'ai passé un marché avec lui. Florès était un tyran en devenir. Que quelqu'un me contredise.
Silence, à nouveau.
» Et si tu en viens à voir cette ridicule année avec nostalgie, tu n'es pas mieux que ces gens qui regrettent l'époque où Mussolini, Staline ou Hitler étaient au pouvoir. La seule raison pourquoi tu penses ainsi, c'est qu'Ilyès t'a laissé suffisamment de liberté pour penser autrement et, ça t'a amené à croire que le petit morceau de pouvoir que tu as, t'est dû.
— Et toi, penses-tu que ce morceau de pouvoir t'est dû ? fit Lin Sin.
Ça l'a surpris de sa part. Elles avaient parlé du cas Hadrian à de nombreuses reprises, mais elle n'avait pas semblé opposée à son retour. Au contraire.
» Tu reviens comme une fleur et tu penses que nous allons juste accepter ton retour sans rien dire ?
— Je conçois que ça n'est pas simple et que ça prendra un temps pour s'ajuster. Mais je suis persuadé que vous me verrez rapidement comme un atout pour ceux qui sont sincèrement dédiés à Ilyès.
— Tu es la raison que notre autorité se retrouve déstabilisée, que nos différentes factions tanguent, que Tabaré soit mort.
Hadrian nia dans un soupir qui ressemblait bien trop à celui d'un adulte répétant que 1 + 1 faisait deux à un enfant.
— Tabaré est mort de sa propre faute. Il était incapable de se satisfaire de sa position.
— Et toi le seras-tu de la tienne ? fit Martin.
Le si discret et direct Martin.
» Te satisferas-tu de rester simplement à ses côtés ? Où es-tu ici pour prendre le contrôle de cette ville ?
Elle ne s'attendait pas à celle-là non plus. Puis elle se demanda depuis combien de temps cet homme était à ce point vendu à Ilyès.
Hadrian n'hésita pas dans sa réponse.
— Non. Je n'ai aucun intérêt pour ça.
— Que veux-tu en revenant ici, à t'immiscer dans ce conseil si ce n'est prendre le pouvoir ?
Amber se demanda depuis quand Ilyès et Martin étaient à ce point proche devant une réponse évidente de Hadrian.
— Je suis revenu pour cet homme, pour Ilyès Orvath et je suis là en ce moment pour passer le plus de temps possible avec lui.
Elle allait vomir devant la satisfaction claire d'Ilyès. Les cœurs étaient bien trop nombreux au-dessus d'eux à présent.
— Et qu'il soit à la tête de la mafia aujourd'hui n'a pas poussé ton retour ?
— Je me moque parfaitement de ce groupe. J'ai été là avant et mon départ est une preuve suffisante que le pouvoir m'intéresse peu. Ce que je veux, c'est rester proche de cet homme, l'aider du mieux que je peux avec mes conseils pour qu'il achève ce qu'il cherche.
Gabriel ricana encore.
— Et on est supposé te croire ?
— Je me moque que tu me crois. Pourquoi mentirais-je ?
Hadrian pivota vers Ilyès et il fut évident que l'homme le plus puissant de cette ville fut aspiré par son amant.
— Si je demandais à ce que tu me laisses gouverner à ta place, le ferais-tu ?
Sa réponse fut immédiate, l'imbécile n'hésita même pas, ne prit rien en considération :
— Oui.
Hadrian tourna un sourire satisfait vers son audience.
— Je n'aurais pas besoin de mentir, Martin, si je voulais le pouvoir.
Il fixa Gabriel.
» Mais je vais tout faire à présent pour consolider la position d'Ilyès. La récréation, c'est terminé. Vos petits jeux de pouvoir qui le sapent aussi. Un nouvel ordre va voir le jour. Ceux qui sont loyaux à Ilyès, ne lui ont jamais menti ou cherché à l'abuser, n'auront rien à craindre de moi. Ceux en revanche qui n'ont pas d'intentions aussi pures, ceci sera la seule mise en garde que vous aurez.
Hadrian regarda chacun d'entre eux, un temps suffisamment inconfortable qui donna l'impression qu'il pouvait lire les pensées de chacun. Hadrian était clairement de retour et Amber ne savait quoi faire de ça.
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Cela faisait plusieurs semaines à présent que Lian était à ses côtés. La nouvelle année était déjà entamée. Et tout se passait bien. Trop bien. Si on mettait de côté que c'était toujours un peu plus explosif entre Heli et lui. Ilyès en oubliait presque qu'il avait été son seul défenseur trois ans plus tôt. Ilyès savait que tôt ou tard, ils en viendraient aux poings. Il aurait désiré pouvoir se débarrasser de lui, purement et simplement. Mais il semblait que ni Heli ni Lian n'avaient en tête une séparation imminente. Comme avec le reste de sa troupe. Ilyès aurait aimé être l'homme impulsif de onze ans plus tôt et faire le même chantage qu'il avait fait à l'époque. Il ne l'était pas.
S'il mettait de côté cette impatience, tout allait bien.
Si on oubliait le face-à-face de Lian avec Eun Hee. Et Matt. Et Raphael. Et ses parents. Et Milla. Ilyès n'avait jamais regretté à ce point de n'avoir pas écouté les refus de Raphael quant à entrainer la jeune fille après le coup qui avait envoyé Lian à terre et son hématome. Au combien mérité, il était douloureux pour Ilyès de contempler son visage abimé. Qui pour arriver comme une fleur le lendemain de Noël et croire que le monde l'accueillerait les bras ouverts devant une nouvelle résurrection ?
Mais tout ceci ne le concernait pas. Lian devait vivre avec les conséquences de ses actes. Il en tirait une certaine satisfaction, de savoir que malgré tout, malgré le temps passé en ville avant de le voir, Ilyès avait été un des premiers à être au courant de son retour. Avant Matt même. Qu'il était étrange de ressentir encore de la jalousie envers cet homme.
Son seul bémol dans tout ça était qu'Eun Hee refusait toujours de lui laisser Min Ho si Lian était présent. Lian lui répétait de faire preuve de patience, en lui rappelant que trop bien la menace qu'il avait été pour l'enfant. La compréhension était là où elle n'avait pas été trois ans plus tôt et Ilyès n'était pas certain qu'il pouvait être clément encore longtemps.
Tout ceci n'était pas suffisant pour gâcher le fait de le savoir là, avec lui.
Mise à part une tentative contre eux peu après Noël, déjoué par Heli avec bien trop de facilité, il ne semblait y avoir aucun nuage à l'horizon. Rien.
Et Ilyès ne pouvait qu'en être anxieux. Il frôlait bien trop le bonheur à chaque journée qui passait pour ne pas craindre que tout lui soit enlevé de nouveau.
Quand on atteignait le sommet, il n'y avait qu'une seule direction possible et il appréhendait bien trop la chute. Ilyès se réveillait chaque matin avec la peur que tout s'arrête. Et s'ils s'étaient promis avec Lian de ne plus rien se cacher, il ne parvenait pas à entacher leur quotidien avec son angoisse. Pas alors qu'il illuminait chaque moment de sa vie.
Ils vivaient une symbiose qu'il n'avait pu que rêver pendant des années. Ils se réveillaient avec des baisers et s'endormaient avec d'autres. Lian était à présent à ses côtés durant les heures de travail et personne depuis la réunion, n'avait redit quoi que ce soit. Si on le soupçonnait encore de vouloir renverser le pouvoir, personne ne questionnait ses qualifications. Peut-être un peu plus son impartialité, mais Lian avait toujours les preuves en main quand il punissait ses détracteurs. Et tout semblait être fait dans son intérêt.
Plusieurs même se tournaient vers lui d'abord à présent, cherchaient à le séduire, à gagner ses faveurs. Lian avait l'air de s'en amuser, Amber bien moins. Son amant lui rapportait tout ce qu'ils se disaient, lui donnait des conseils, mais se moquait de ses décisions. Parfois, Ilyès lui demandait son avis et l'écoutait la plupart du temps, ces propositions étant toujours censées, mais jamais Lian ne lui imposait quoi que ce soit.
Et mis à part de temps à autre quelques suggestions faites par l'un ou par l'autre loin d'être professionnels qui avaient agrémenté leurs journées au travail et qui leur avait valu d'être pris en flagrant délit par plus d'une personne dans des positions et actes indécents, ils collaboraient surprenamment bien ensemble. Ilyès avait vu un homme intelligent dévoué à sa mission et il appréciait cela, son sérieux et sa méthodologie. Ils devaient simplement ne pas rester trop longtemps seuls dans une pièce, sans que ses « monsieur Orvath » ne prenne une tonalité différente, que des baisers soient échangés et que de fils en aiguille, il se retrouve à le possède sur son bureau, ou contre le mur, ou le sol même. La tension entre eux n'était pas prête de diminuer.
Ils passaient plus de temps ensemble que séparés et Lian semblait s'en satisfaire autant que lui.
Il y avait constamment une personne pour lui dire où Lian était dès l'instant où il quittait les prémices du bureau et de l'appartement. Ilyès savait toujours où il était et ce qu'il faisait. Et Lian n'avait aucun problème avec ça.
Ilyès avait ouvert l'application une seule fois et s'était senti bien trop mal pour le faire de nouveau. Lian n'était pas du genre à se balader de toute façon. S'il n'était pas avec lui, ils étaient à la résidence Rishar et c'était probablement l'endroit le plus sécurisé qui existait dans cette ville.
Tout allait donc parfaitement bien. Si ce n'était lui.
Chaque fois qu'il s'endormait avec lui dans ses bras, Ilyès se réveillait toujours avec la peur panique que Lian se soit plus avec lui. Il avait besoin alors d'allumer la lumière pour être certain que c'était Lian contre lui, pas un quelconque remplacement d'une nuit. Et il lui fallait se répéter que c'était lui, qu'il ne rêvait pas, plus, que la réalité le lui avait ramené un long moment avant de se calmer. Chaque matin, il avait dû mal à se faire à l'idée qu'il était juste là. Et quand Ilyès se raisonnait et parvenait à y croire, l'anxiété montait comme les murmures dans sa tête : rien ne l'empêchait de disparaitre à tout moment. Il trouvait Lian bien trop calme devant tout cela. Comme si c'était naturel pour eux d'être réunis. Pour eux de s'endormir dans le même lit, faire l'amour, se cajoler, manger ensemble ? Ça tenait bien trop du rêve pour lui, qu'il fasse partie de son quotidien. Et Ilyès attendait bien trop sur le qui-vive le moment ou la bulle éclaterait.
Quand donc Lian lui annonça ce matin alors qu'ils s'habillaient qu'il faudrait dans les semaines à venir qu'il sorte de la ville pour plusieurs jours, ce fil toujours tendu se cassa. Davantage lorsqu'Ilyès demanda la raison, Lian lui répliqua que ça ne le regardait pas. Bien plus quand il laissa entendre qu'il ne faisait que retarder l'inévitable depuis des jours.
— Donc depuis le début tu penses effectivement à me quitter ?
Lian le fixa abasourdi. Il secoua la tête, les dents serrées, clairement blessé et énervé.
— Ça ne va pas marcher, Ilyès. Ça ne pourra pas si ça continue comme ça… Que veux-tu que je fasse de plus ? Qu'est-ce qui te pousse à croire que je vais partir ?
Ilyès l'observa.
— Qu'est-ce qui me pousse à croire que tu vas rester ?
Lian claqua la porte et il ne le vit pas de la matinée. Son amant ne prit pas la peine de décrocher les deux fois qu'il n'avait appelé, comme aucun des membres les plus modérés de son entourage. Qu'on lui annonce qu'il était chez les Rishar fut une maigre consolation.
Ilyès passa la journée à se traiter d'idiot. Il ne l'avait pas vu venir, avoir plus de doutes et d'insécurités à presque quarante ans qu'à vingt. La journée fut bien trop monotone sans lui à ses côtés. Même si Amber lui reprochait qu'il était bien trop distrait quand Lian était avec lui, les heures étaient plus simples à vivre. Tout l'était à présent qu'il était là, mais cette peur invisible ne parvenait à s'ôter.
Et la crainte s'approfondit en se rappelant ses actions onze ans plus tôt quand ils s'étaient disputés. Sa façon d'aller voir ailleurs.
C'était un combat contre lui-même, un épuisant, celui de ne pas laisser ses doutes gagner et affecter le présent. Sa jalousie le lui avait fait perdre une fois, il n'était pas question que son anxiété fasse la même chose.
Ilyès soupira.
— Ça en devient inquiétant, fit Niel à ses côtés.
Il se tourna vers lui.
» J'ai l'impression d'être avec un gamin balbutiant traversant sa première dispute avec son petit copain. Quel âge as-tu pour te laisser affecter ainsi et laisser ça impacter ton travail ?
Si Ilyès admirait son professionnalisme, il appréciait quelque peu moins son ton beaucoup plus sec ces derniers temps qui étaient parfois à la limite de l'insolence. Ça semblait par contre plaire à Eren. Lian lui avait dit de les laisser tranquilles.
— Je peux me passer de ton avis.
— Alors agit d'une manière qui me prouve que c'est le cas. Tu dois passer en revue les propositions de Martin concernant les quartiers nord.
Niel avait été son confident pendant si longtemps, l'épaule contre qui il s'effondrait qu'il hésita à s'ouvrir et lui demandait conseil. Un temps court. Qu'y pourrait-il ? Alors qu'Ilyès savait que c'était un combat personnel contre lui-même.
» Plus tu auras du mal à te concentrer, plus tu traines la patte, plus ça sera long à traiter. Tu as énormement à faire aujourd'hui.
Tel un prophète, Niel eut raison. Son travail ne finit pas. Son assistant même partit avant lui.
Il arriva en début de soirée à l'appartement, un qu'il savait désert. Il avait ordonné qu'on lui signale quand Lian quitterait la résidence des Rishar et personne jusque là ne l'avait alerté. Il se retenait de demander à nouveau sa position.
Il alla jusqu'à son bureau et en traversant le lieu, le vide amplifia son malaise. Avoir Lian ici signifiait qu'il y avait au moins deux ou trois de ses bouffons qui le suivaient et ces gens-là trouvaient toujours le moyen d'être une nuisance, visuelle ou sonore. Il n'y avait eu que ses rires qui l'avaient empêché de se débarrasser d'eux et qu'ils déménagent tous de manière permanente chez les Rishar. Ça et la peur qu'il ne le choisisse pas lui devant cet ultimatum.
Ilyès n'avait rien à leur reprocher pour la plupart. Mis à part Heli et Jorgy, le reste était plus que tolérable. Il s'était mis à réellement apprécier Kora et Drissa.
Ilyès s'entraina pour étouffer sa frustration et l'heure passante, son absence s'insinuait dans son esprit un peu plus. Davantage son anxiété.
Il partit se doucher et revenir dans une chambre vide fit grandir son malaise. Ne rentrerait-il même pas pour dormir ? Ne le laisserait-il même pas s'excuser ? Il chercha à le joindre et si son téléphone avait sonné dans la journée, ce n'était plus le cas en ce moment. Il contacta Hector qui était supposé le surveiller également. Rien.
Reviendrait-il tout court ? La panique le gagna. Il appela Eren qui arriva les cheveux en bataille d'un couloir qui n'était pas celui qui amenait à la chambre qu'il occupait quand il était en service. Ilyès avait mieux à faire que demander.
— Je ne parviens pas à avoir Hector, qui d'autre surveille Lian aujourd'hui ?
— L'équipe A.
— Appelle chaque membre.
Eren prit son téléphone et chaque appel, chaque fois qu'il raccrochait pour joindre un nouveau numéro amplifia sa peur. Comme le froncement de sourcils.
— De quand date leur dernier rapport ?
— Quelques heures.
— Quelques heures ? Et tu peux me dire à quoi tu étais bien trop occupé ces dernières heures pour ne pas t'en alerter ?
Ils le savaient bien trop tous les deux, hein ? Ce qu'il faisait.
— Il est chez les Rishar, qu'est-ce qui peut lui arriver ?
Ilyès lui sentait bien trop, ce sentiment, celui qui lui criait que quelque chose n'allait pas.
— Mets-moi en contact avec Mikki ou Ori, fit Ilyès, et prépare la voiture.
Cybèle le rejoignit peu après avec un téléphone en disant que c'était Mikki.
— Mikki, c'est moi, Ilyès.
— Je sais, ton nom s'affiche quand tu appelles. Que puis-je faire pour toi, je suis occupée.
— Lian est-il à la résidence ?
— Je ne sais pas.
— Comment ça, tu ne sais pas ?
— Ce que je dis, je suis en déplacement, je…
Il raccrocha. Ilyès appela Ori.
— Bonsoir Ilyès, que puis-je faire pour toi ?
— Lian est-il à la résidence ?
— Hadrian ? Pas que je sache…
— Pas que tu saches ?
— Je ne suis pas sur place.
— Qui l'est ?
— As-tu demandé à Mikki ? Elle garde généralement un œil sur le planning.
— Non. Merci.
Ilyès rappela Mikki.
— Je ne devrais même pas décrocher tu…
— Qui est à la résidence avec Lian ?
— Je suis censée le savoir ?
— Ori me dit que tu connais le planning des gens sur place.
— Et je suis supposée te donner aussi l'heure à laquelle ils mangent ?
Un frisson le parcourut. Il se faisait clairement baladé, il pouvait le sentir.
— Il n'est pas à la résidence, n'est-ce pas ? Je ne te le demanderais qu'une fois… Où est Lian ? siffla-t-il.
— Pourquoi au fait tu me demandes, hm ? Est-ce qu'il y a écrit nourrice sur mon front ? N'as-tu pas moyen de savoir par toi-même aux dernières nouvelles ?
Mikki raccrocha et son malaise persista. Elle avait pointé l'évidence. Il pouvait connaitre sa position facilement, bien trop facilement.
Ilyès aurait aimé avoir la force de l'ignorer, de ne pas utiliser ce traqueur, d'être un meilleur homme, lui faire confiance. Il avait probablement blessé Lian et il devait le laisser vivre sa peine et revenir quand il serait prêt, ne pas interférer.
…
Impossible.
Ilyès ouvrit l'application, il lui fallut un moment pour confirmer un fait : il était hors de la ville. La panique s'ancra en lui.
Comment pouvait-il être aussi stupide ? Qui dans cette ville serait plus à même de l'aider à se volatiliser si ce n'était les Rishar ? Qui l'avait su présent plusieurs jours voir semaines avant lui et n'avait rien dit ? Le quittait-il ? Il était clairement proche de l'océan. Allait-il prendre un bateau et disparaitre puisqu'Ilyès gardait les aéroports sous surveillance ?
Ilyès chercha à l'appeler. En vain. Il contacta à nouveau Heli, pas de réponses. Puis les autres. Rien.
La panique était proche. Eren revint vers lui, Niel n'était pas loin. Le gout du sang lui emplissait la bouche.
— Ilyès, la voiture est…
— Lian a quitté la ville. Comment a-t-il pu quitter la ville ? Est-ce trop dur pour toi de suivre une seule personne ? S'il lui arrive quoi que ce soit, je…
— Que fais-tu encore là à parler, alors ? demanda Eren.
Il y avait peu de pitié dans son regard. Que cherchait à faire Lian ? À quoi jouer Eren ? Que voulait-il ? N'était-il pas supposé être heureux de la venue de Lian et pouvoir se taper un Niel épleuré ?
— Prépare l'hélicoptère.
— Quoi ? fit Niel, interpelé.
— Tu m'as très bien entendu. Je veux l'hélicoptère prêt à décoller dans quinze minutes.
— Niel, préviens Amber de la situation et je veux que Martin se tienne prêt au besoin. Je veux que trois équipes me suivent en voiture. Cybèle, contacte à nouveau Mikki et Ori et fais-leur bien comprendre que ce n'est pas dans leur intérêt de me cacher quoi que ce soit. Que la liste des bateaux et de leur propriétaire dans un rayon de cinquante kilomètres de sa géolocalisation me soit aussi envoyée.
Se pouvait-il que Lian est interprète sa remarque de ce matin comme sa volonté de se séparer de lui ?
Il prit seulement le temps de se changer. Une tenue plus confortable s'il devait combattre. Des vêtements et des bottes de facture militaire. Il se dirigea vers l'armurerie, enfila un gilet par balles et sélectionna rapidement plusieurs armes à feu et de poings.
Il sortit de la pièce pour trouver Niel lui barrant le chemin.
— Ilyès, tu surréagis.
— Qu'en sais-tu ?
Niel voulut parler, ferma les yeux puis soupira.
— Rien. Juste que…
— Alors, ne me fais pas perdre mon temps.
Il fut dans l'ascenseur le moment d'après, Niel à sa suite, pour aller sur le toit, l'hélicoptère prêt à décoller. Eren et Cybèle attendaient devant comme deux autres gardes.
— Donne-moi une bonne raison de ne pas te jeter du haut de l'édifice, cria Ilyès à Eren.
— Que je sois le seul capable de conduire l'hélicoptère si tu veux partir dans la prochaine heure ?
Ilyès ne put que serrer les dents. Il règlerait son compte plus tard. Quelle que soit son implication dans sa disparition. Était-ce une forme de fidélité latente qui l'avait fait prendre le parti de Hadrian ?
Ils furent une demi-douzaine dans l'habitacle. Il leur faudrait moins d'une heure pour rejoindre sa position. Il ne semblait pas avoir bougé ces dernières minutes, il ne semblait pas avoir bougé depuis son arrivée des heures auparavant s'il se fiait à l'historique.
Il contacta Cybèle à travers le casque audio.
— Peux-tu me dire ce qui se trouve exactement à ces coordonnées ?
Il lui fallut quelques instants pour venir avec une réponse.
— Rien. Une esplanade et une plage, fit Cybèle.
Cela ne le rassura en rien à savoir qu'il était en terrain découvert ainsi.
— Quels ont été les mouvements des factions qui sont encore fidèles à Tabaré ces dernières heures ? questionna-t-il.
— Il n'y a eu aucun mouvement suspect, répliqua Niel.
— Où est la liste des bateaux que j'ai demandée ?
Il lui fallut presque la totalité du trajet pour réaliser, pour se rendre compte que quelque chose clochait. Qu'aucun n'était vêtu de manière adéquate. Son entourage était bien trop calme, presque jovial même. Comme s'ils étaient partis à cette heure en plein hiver en hélicoptère pour le fun. La seule tension présente était la sienne. Malgré le sérieux de leurs visages, ils semblaient tous bien trop sereins. Amusé aurait été le mot. Quand il entraperçut un léger sourire échangé entre Niel et Cybèle, il prit la parole :
— Quelqu'un va-t-il m'expliquer ce qu'il se passe ?
Aucun regard ne croisa le sien, personne ne lui répondit.
— Navré Ilyès, fit Cybèle.
— Qui vous a dans sa poche ? Est-ce Lian ?
Que préparait-il ? Comment était-il parvenu à retourner Niel ?
— Nous sommes sur le point d'arriver, un peu de patience.
— Fais-moi descendre en rappel quand on approche.
Eren partit à rire.
— Désolé Ilyès, on ne peut pas faire ça. Tu as assez fait foirer le plan avec l'hélico.
La confusion était là, mais il avait besoin de savoir que deux choses :
— Lian n'est pas en danger ?
— Non.
— Il ne cherche pas à partir ?
Cybèle sourit en secouant la tête.
Pourquoi personne ne lui disait ce qu'il se passait ?
— Que quelqu'un m'explique.
Ordre ou supplique, difficile de réaliser ce que cachait le ton de sa demande.
— Après avoir passé onze ans à l'attendre. Tu peux faire preuve d'un peu de patience, non ? fit Eren.
L'hélicoptère atterrit sur la plage, l'empêchant de répondre. Il fut bien trop figé.
— Qu'attends-tu ? demanda Niel.
Il lui montra la plage qui s'étendait et se perdait dans l'obscurité. S'il se fiait au point GPS, Lian n'était pas loin, droit devant lui. Il devait se forcer à ne pas s'imaginer découvrir son corps étendu, ou son bras coupé et laisser au milieu de la pénombre. Les ténèbres s'étendaient devant lui. Ilyès s'obligeait à se dire que son entourage ne serait pas aussi calme si quelque chose lui était arrivé.
Que savaient-ils difficile à dire, mais suffisamment pour qu'il renferme sa panique. Ilyès s'apprêta à se jeter hors de l'appareil et partir à courir. Cybèle l'arrêta et lui sourit avec beaucoup de tendresse et d'émotions.
— Pas besoin de courir. Il t'attend, probablement lui aussi depuis onze ans.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il, la supplique était clairement présente.
Cybèle sourit.
— Je ne vais pas vendre la mèche rendue là. Enlève-moi ce gilet par balles et tes armes.
Ilyès était réellement perdu. La bienveillance était au fond de son regard. C'était un coup de Lian, n'est-ce pas ? Était-ce une sorte de test encore. Il décida d'obéir. Niel lui sortit un manteau.
— Il fait froid dehors.
Tout, tout semblait bien trop planifié.
— Depuis quand préparez-vous ça ? fit-il.
Seuls leurs sourires encourageants répondirent. Ilyès n'eut pas envie de perdre davantage de temps. Il sauta donc hors de l'hélicoptère en suivant leurs conseils : il marcha. Beaucoup de choses lui passèrent par la tête sur les mètres qui les séparaient. Dans cette pénombre, il pouvait sentir la présence de plusieurs individus. Aurait-il dû ignorer les avis de Cybèle et garder ses armes ? Peu cependant le prépara à le trouver là debout. À l'attendre. Sa tenue, blanche, ressortait même dans l'obscurité. Son cœur chavira à cette idée : qu'il ait suivi sa requête. On lui avait dit de marcher, il courut les derniers mètres. Il fut dans ses bras. Lian se laissa faire. Il lui fallut un moment pour réaliser qu'il était là. Lian était là, en un seul morceau. Il desserra sa prise pour envelopper son visage.
Il n'était pas gelé.
— Ça va ? Que se passe-t-il ?
Lian mit la main sur ses yeux. L'environnement lumineux changea. Lorsqu'il ôta ses doigts, il put voir plusieurs guirlandes de lumières allumées, les entourant et les éclairant chaleureusement. Ils se trouvaient au milieu d'un haut vent. Et Ilyès était totalement pétrifié. Il pouvait distinguer des silhouettes. Beaucoup, mais il n'y avait que lui.
» Lian ?
Ce dernier lui sourit.
— C'était supposé être illuminé depuis le parking, fit-il. Tu étais supposé marcher depuis là-bas.
Il pointa dans une direction. Ilyès ne comprenait pas.
— Qu'est-ce qui se passe Lian, pourquoi es-tu parti comme ça ? Que…
— Sais-tu où nous sommes ?
— Sur une plage.
Lian sourit davantage, il l'embrassa.
— Nous sommes là où tu m'as amené trois ans plus tôt pour…
— Notre rendez-vous ? finit-il.
Il fut là à sourire. Ses cicatrices scintillaient avec la lumière.
Ilyès soupira.
— J'ai bien trop paniqué, n'est-ce pas ?
— Je me disais que la localisation te permettrait d'être rassuré. Je voulais que ce soit symbolique.
— Tu as disparu et…
— As-tu une idée pourquoi nous sommes là, Ilyès ?
— Tu sais que je ne suis pas la personne la plus imaginative qui soit.
Lian l'embrassa, les mains sur ses joues. Que c'était bon, l'avoir contre lui ! Lian se détacha, sourit et souffla silencieusement un « je t'aime ».
Puis contre toute attente, il mit un genou à terre.
Contre toute attente ? Non, Ilyès aurait aimé être surpris, mais ça lui semblait presque inévitable à ce point là.
— Ilyès Uriel Aram Orvath, annonça Lian, le prenant par surprise qu'il connaisse son nom complet.
» Ces dernières semaines à tes côtés m'ont fait regretter ce que je nous ai fait devenir. Regretter ce que nous aurions pu être. Ne pas avoir pu passer ces onze années ensemble. Ça fait des milliers de matins dont je n'aurais pu me réveiller avec toi et me dire que j'ai de la chance. Je souhaiterais que l'amour soit suffisant. Je souhaiterais ne pas avoir ces voix dans ma tête qui me répètent constamment que tu mérites mieux, que je n'ai fait que te détruire, que tu finiras par le regretter, que ce serait pour le mieux que je disparaisse. Je souhaiterais beaucoup. Mais pourtant… Chaque jour à me réveiller à tes côtés ces dernières semaines, c'est plus difficile de te laisser partir. Je ne sais pas s'il y a une langue sur terre qui pourrait en un temps suffisamment court exprimer ce que je ressens pour toi. Je t'aime, ne reflète qu'un centième de ce que j'éprouve en te voyant là devant moi. Tu es l'univers dans lequel je veux vivre à présent, qu'importent les risques, qu'importe le futur. J'aimerais te jurer qu'à nous deux, nous serons invincibles, qu'il n'y a que le meilleur pour nous qui nous attend.
Lian sourit, l'œil humide.
» Il y a une très grande probabilité que ce soit pour le pire. Nous sommes tous les deux bien trop brisés… Mais je ne pense pas avoir le courage de te laisser partir encore une fois. Je te veux mien et être à tes côtés. Je ne sais pas comment te rassurer et te persuader que je suis là pour rester. Que je veux sentir tes baisers sur ma peau, ton regard, ton désir pour le reste de ma vie. Je veux sentir tes mains me caresser, ou être là pour me rattraper. Je veux t'entendre me parler de moments banals comme importants comme nous l'avons fait les derniers jours. Ne plus être les étrangers que nous sommes malgré notre amour. J'aime toutes les petites choses que j'apprends sur toi chaque jour qui passe. Et je veux tout faire absolument tout pour que tu comprennes que je ne partirais pas.
Lian se saisit d'une boite et l'ouvrit. Dedans se tenait un anneau, mince. Un qu'Ilyès ne reconnaissait que trop bien, dont il connaissait chaque détail avec précision, un qui était le quart d'une alliance. Leurs alliances.
Ces bagues qu'il avait portées autour de son cou pendant huit ans, puis qui étaient dans ce coffre qui avait disparu. Il les avait trop regardés pour ne pas le reconnaitre, même séparé ainsi et un quart de ce qu'il avait été. Les Quatre de Boucheron, un design de quatre anneaux en un, maintenant à jamais divisé. Où étaient les trois autres cercles ?
Ilyès observait Lian, le cœur battant bien trop fort et vite. L'émotion le submergeait, le pétrifiait. Il était totalement tétanisé. Le moment passa. Les larmes ne pouvaient pas sortir.
Lian sourit.
— Dis quelque chose, je vais finir par croire que tu vas refuser sinon.
Il ne semblait pas inquiet pourtant. La gorge serrée, Ilyès soupira :
— J'ai cherché ses bagues.
Lian sourit. Il était beau.
— Je sais. Une des raisons qui ont précipité un peu le tout plus que la dispute de ce matin. Personne ne pouvait retarder davantage l'inévitable.
— C'était toi ?
Il se souvenait l'horreur qui l'avait tenaillé en apprenant cette disparition.
— Les miens. Quand je pensais qu'il n'y avait aucun espoir pour nous.
— Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?
— Je n'en ai pas eu l'opportunité, fit Lian.
Ilyès se rappelait bien trop des heures dans ce lit, à se parler, à murmurer certains détails de leurs vies, à s'embrasser. Le temps avait été là. Son sourire fut bien plus malicieux.
» Et peut-être avais-je en tête de les utiliser.
— Je devrais être celui qui te propose en mariage, souffla-t-il.
L'amertume était là. Il aurait dû être celui qui mettait un genou à terre.
— Pourquoi ? Ne sois pas vieux jeu… Je suis celui qui a acheté ces bagues, précisa Lian.
— Je suis celui qui les a portés onze ans de ma vie et qui t'a demandé en mariage il y a trois ans. Ça devrait être moi.
Son sourire vacilla. Puis Lian attrapa une autre boite qu'il lui tendit sans l'ouvrir.
— Ça tombe bien que je ne te demande pas en mariage en ce moment.
Ilyès l'observa sans comprendre.
— Que demandes-tu alors ?
— Si tu veux être avec moi.
Dans un geste, il lui fit signe d'ouvrir l'étui. Ce qu'il fit.
Dedans se trouver quatre anneaux. Deux paires jumelles. La moitié de ces alliances. Plus fines que dans ses souvenirs. Sur ces quatre stras, il en possédait à présent deux. La deuxième et la dernière, la plus haute.
— Tu auras toi aussi l'occasion de demander d'être avec moi et de me demander en mariage.
Cela faisait-il même sens ?
— Pourquoi les séparer ? demanda Ilyès.
— Par équité. Parce qu'à dix-huit ans je rêvais d'être celui qui te demanderait en mariage, pas le contraire, mais que je me doutais que tu apprécierais peu. Pour attester le temps qui passe. J'avais acheté ses bagues pour qu'elles soient une promesse. Mais je ne veux pas d'autres anneaux que ceux-là à présent une fois uni à toi.
Ilyès sentait bien trop les larmes proches.
— Je te marierais sur le champ si ça ne tenait qu'à moi, souffla-t-il.
Lian sourit.
— Je sais.
— Je t'aurais marié il y a des années déjà.
— Je sais aussi. Merci d'avoir attendu que je sois prêt.
— Et tu veux me faire attendre plus longtemps ?
Lian le regardait avec une douceur bien trop débordante.
— Je ne vais pas m'enfuir, je ne m'échapperais pas. Tu es le seul homme que je veux dans ma vie. Ces bagues, elles ne sont pas les promesses, mais la preuve de ce qu'il y a entre nous. Je ne veux pas que nous nous mariions pour nous prouver que nous nous aimons. Je veux que nous nous mariions en nous disant « nous nous sommes aimés, et nous continuerons à le faire.
Le silence fut présent.
» Je répète ma question, parce que je commence vraiment à avoir froid. Ilyès Orvath, veux-tu être avec moi ?
— Dois-je vraiment répondre à l'évidence ?
Lian hocha la tête. Ilyès avait la gorge nouée.
» Bien sûr que je veux être avec toi, c'est la seule chose que je n'ai jamais voulue.
Son amant se releva prit la bague dans la boite et lui passa à son annulaire gauche. Cet instant, il l'avait tellement voulu, chéri. Celui où ils se marieraient. Ilyès n'était pas du genre à se faire des scénarios dans sa tête, mais il savait qu'il avait bien trop rêvé de ce moment pour ne pas observer ça avec émotion. C'était parfait pour lui, même s'il n'était pas celui qui lui proposait.
Il regarda sa main bien trop longtemps, suffisamment pour que Lian souffle :
— Dois-je moi-même mettre mon anneau ?
Ce fut la main tremblante qu'il fit disparaitre la boite qu'il tenait dans une poche et qu'il prit cet anneau que Lian lui tendait. L'émotion était proche de le submerger. Il se saisit de sa main, qu'il baisa. S'il avait cru Lian impassible, il put clairement voir dans son visage l'émotion en ce moment. Ilyès lui passa la bague au doigt. Enfin.
Alors que Lian s'approchait pour l'embrasser, Ilyès demanda :
— Comment ça se passe pour mes sections ? Un scénario particulier ?
Lian nia.
— Tes bagues, tu fais comme tu veux.
Le second anneau fut autour de son annulaire avant que Lian ne semble le réaliser. Il put presque sentir l'aimant qui lia les deux parties. Lian partit à rire.
— Tu ne prends même pas la peine de me demander ?
— Qu'y a-t-il à demander ?
Ilyès aurait aimé passé l'autre anneau qu'il avait, mais il connaissait le design par cœur de cette bague. Lian devrait passer le sien d'abord avant qu'il ne puisse compléter cette bague.
— Lian, souffla-t-il en lui baisa sa pommette alors que ce dernier plaçait le second anneau à son doigt à son tour.
L'homme de sa vie l'observa. Il lui caressa la joue.
— Où est le troisième anneau ? Mets-le-moi.
— Pour que tu mettes le dernier ?
— Oui. Marions-nous.
— Sais-tu comment il a été difficile pour un orfèvre de les diviser, et surtout le faire alors que tout le monde cherche les bagues dans cette maudite ville en ce moment ?
— Ça m'importe peu. Épouse-moi.
— Il est presque minuit. Est-ce ainsi que tu voyais notre mariage ?
— Tu es là, devant moi, je n'ai besoin de rien d'autre.
Lian l'observa.
— Tu vas finir par me faire regretter de l'avoir laissé chez les Rishar.
— Quoi ?
— Je craignais quelque peu que tu cherches à me persuader à te la passer au doigt.
La déception fut là, elle dut transparaitre.
» Et je veux faire ma demande en mariage avec un peu plus de préparation et quels étaient tes mots ? Que je te montre dans la démesure à quel point je t'aime.
Ilyès l'observa, peu convaincu.
— Je ne pourrais pas faire ma demande avant que tu fasses la tienne.
Lian lui caressa la joue.
— Je pensais que tu aimerais être celui qui décide quand le mariage aura lieu.
— Je…
D'un doigt, il l'empêcha de parler.
— Embrasse-moi Ilyès et partons d'ici. J'ai froid et je veux faire l'amour à mon fiancé.
Fiancé…
Il ne perdit pas de temps à ces mots, Ilyès l'embrassa. Plusieurs sifflements prirent place, des applaudissements aussi et Ilyès reconnut plusieurs têtes, dont Mikki et Ori. Il fut surpris de ne pas avoir vu ses cheveux dans la pénombre.
— Depuis quand tu as préparé ça ? demanda-t-il à Lian.
— Peu après notre dispute de ce matin.
Ilyès voulut protester que le ton était à peine monté. Lian caressa sa joue.
» C'était déjà dans ma tête depuis un moment, de revenir ici, avec toi et les bagues.
Ilyès se demanda ce qui pouvait se passer dans sa tête et pire comment ses troupes pouvaient le suivre ainsi. Puis il se dit qu'il était là, lui aussi, à suivre sa cadence.
» Tu nous as un peu pris de court avec l'hélicoptère. Tu étais supposé arrivé par la route, guidé par les décorations, je pensais sincèrement avoir jusqu'à demain à l'aube, j'avais misé sur le lever de soleil.
— Je n'ai aucune envie de passer une nuit sans toi si je peux l'éviter.
— Donc l'hélicoptère
— J'ai eu peur.
— Je sais, désolé.
— Tout le monde était au courant ?
— Il a bien fallu les persuader de me laisser venir jusqu'ici.
— Ça aurait pu être dangereux, souffla Ilyès.
Lian sourit.
— Je ne sais pas combien ils sont à surveiller la zone, mais dans tous les cas, je peux faire avec un petit peu de danger. Ça fera partie de notre vie à présent. Continuons à vivre. Je n'ai pas pris de risque inutile. Heli ne me l'aurait pas autorisé.
L'écoutait-il plus que lui ?
» Allons-y ? Je veux te sentir en moi dans les trente prochaines minutes.
— Même en hélicoptère, ça prendra plus de temps pour rentrer que ça.
Lian sourit, lui prit la main, l'amena à sa bouche.
— J'ai réservé une chambre, viens.
La chambre se révéla être tout un étage. La moitié de leur entourage semblait s'y trouver déjà le temps qu'il y arrive. Devant la sécurité et l'étage bouclé, Ilyès put voir plusieurs personnes intriguées et chercher à s'approcher pour savoir qui était présent. Les sourires furent sur le visage des gens qu'il croisa, il put voir des grimaces contrites et des excuses soufflées sur le passage.
Ils se trouvèrent devant une chambre, Eren était là, souriant, patientant la porte ouverte avec Heli à ses côtés.
— Tu aurais dû me prévenir.
L'homme gloussa.
— Quel est le fun dans ça ?
Avant qu'il ne réplique, Lian le tira à sa suite. Ils furent dans une suite.
Un repas les attendait.
— Je croyais que tu me voulais en toi dans les prochaines minutes, souffla Ilyès en l'enlaçant par-derrière.
— Les miens ont probablement pensé autrement. As-tu mangé ?
Ilyès nia.
» Moi non plus.
Une partie de lui eut envie d'attraper Lian, de virer ce qu'il y avait sur la table et le prendre. Faire l'amour à son fiancé. C'était ce dont il avait envie, le retrouver, le savoir là. Pourtant il alla se laver les mains avec lui, et s'assit à cette table.
Ils prirent le temps de manger, de déguster, savourer le moment. Lian lui conta comment il s'était retrouvé en possession des bagues, comment ça l'avait persuadé de le rejoindre au Luxor, à cette date précise. Il se sentit beaucoup moins énervé à cette idée. Son agacement envers Heli diminua également. Lian semblait ne rien lui cacher à présent, une partie de lui aurait aimé ne pas entendre à quel point il avait été proche d'abandonner. C'était difficile de se dire qu'eux ensemble tenaient à si peu.
Le repas fut lent. Lian semblait le vouloir ainsi. Il aurait pu croire qu'il était le seul impatient, si ce n'était quand ils liaient leurs doigts, il pouvait presque le voir rougir, sentir sa main serrer la sienne, les soupirs.
— Nous habituerons-nous un jour à la présence de l'autre ? Toi et moi ? finit par demander Lian.
— Une partie de moi l'espère, l'autre le redoute, avoua-t-il. Mon cœur manque toujours un battement en te voyant. J'espère que ce sera toujours le cas.
Lian secoua la tête dans un soupir.
— Tu sais être bien trop ringard, hein ? fit Lian.
Il joua avec ses doigts.
» C'est une des choses que j'aime chez toi, être capable de dire ce que tu penses, sans filtre.
— Qu'est-ce que tu aimes d'autre ? demanda Ilyès, curieux.
— J'aime ton sérieux, ta dévotion. J'aime te voir bouger. J'aime ta force et la confiance que tu en tires. Que tu fasses ce que tu veuilles, sans concessions. J'adore tes yeux… J'adore me perdre dans leur profondeur. J'aime te regarder me regarder, ou que tu regardes le monde. J'aime le fait que tu m'aimes, malgré ce que je suis devenu, que malgré toutes mes cicatrices, tu me regardes comme si j'étais la plus belle chose qui existait. Que tu les acceptes elles et moi pour ce que nous sommes devenus. J'aime tes mains, leur rugosité, leur force, souffla-t-il en jouant avec. J'aime ta douceur, j'aime ta bestialité. J'aime perdre ma main dans tes cheveux.
Lian sourit et baisa ses doigts.
» Veux-tu que je continue ? Que je décrive tout ce qui te fait toi ?
— Ça serait long ?
— Oui… Une autre chose. J'aime quand tu me fais l'amour. J'ai l'impression d'être la chose la plus précieuse de ta vie.
— Parce que tu l'es.
— J'aime cette honnêteté aussi. Peut-on manger le dessert plus tard ?
Ilyès laissa passer un soupir satisfait.
— Je n'attends que ça.
Il tira cet homme vers lui, Lian obtempéra. Lian se leva et fut assis sur ses jambes.
— J'ai l'impression que je pourrais passer ma vie à t'embrasser, souffla le plus jeune en le lui prouvant par un baiser.
Ilyès finit par lui baiser le cou, qu'il mordit. Il sentit Lian frémir dans ses bras. Ilyès s'était laissé aller à ses pulsions, Lian l'y encourageant même, et il cherchait à vivre avec sans trop les laisser déborder.
— Moi à t'avoir constamment.
Lian lui baisa la joue.
— Demande à ton fiancé de te faire l'amour, souffla son amant.
Que pouvait-il faire si ce n'était obéir ?
— Fais-moi l'amour, Lian, je veux bouger en toi, soupira-t-il en lui caressant sa joue couverte de cicatrices.
Sa voix s'était faite bien trop rauque. Il attrapa sa bouche avant que Lian ne puisse lui répondre. Il se pressa contre lui et sentir son sexe gonflé s'enfoncer dans son bas ventre rendit ce besoin bien plus primaire. Puis avec une agilité que Lian n'avait pas eue trois ans plus tôt, il s'écarta de lui, comme il était venu.
Il fut debout, d'un geste, il lui demanda de se lever lui aussi. Ilyès ne put qu'obéir. Lian ôta d'un mouvement son haut.
— Le blanc te va bien, souffla-t-il.
— Veux-tu me faire l'amour habillé ?
— Pas aujourd'hui, répliqua Ilyès en enlevant ce sous-pull.
Dans un sourire, Lian s'approcha de lui et il baisa sa clavicule. Puis il la caressa de ses lèvres en bougeant la tête.
— Qu'ai-je fait pour te mériter, peut-être y a-t-il une justice dans ce bas monde.
Ilyès ne laissa rien filtrer, pas de peine rien. Pas maintenant, pas aujourd'hui. Pas alors que Lian semblait calme et serein. Il le tint contre lui.
— Pour ce matin… finit-il par dire.
— Je veux aller chercher Hubert, Farid et les autres.
Lian se recula pour le regarder.
» Nous les avons abandonnés, sans réelles sépultures parfois, je veux les ramener ici et les enterrer chez eux, chez les Rishar.
Ilyès lui caressa la joue.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit ça ?
Lian se laissa aller à ses doigts.
— Je… C'est dur pour moi, Ilyès, de ne rien cacher. Pas après avoir vécu des années en ne pouvant dire ce que je veux, à garder enfermer certaines parties de ma vie. Spécialement quand je sais que j'aurais le droit à ce genre de face.
— Quel genre de face ?
— Voir la peine dans tes beaux yeux, la douleur. Ça fait mal.
Sa main fut aussi sur sa joue.
— Tu es bien le seul à voir autant de choses dans mon regard.
— Je sais mieux que personne ce que c'est de tout renfermer.
Il baisa ses lèvres.
— Je me suis braqué en pensant ce que ça risquait de créer des conflits et j'oublie que c'est la source d'un plus gros problème entre nous, les non-dits. C'est une mauvaise habitude à perdre. J'apprends. La seule relation que je n'ai jamais eue dans ma vie est les mois que nous avons passés ensemble.
Ilyès caressa son visage, il ne s'en lassait pas.
— N'est-ce pas risqué pour toi ? Heli et les autres ne peuvent-ils pas s'en charger ?
— Bien trop sont morts par ma faute, pour me protéger. Je peux au moins avoir la décence de les accompagner sur leur retour.
Il ne lui répondit pas sur le danger.
— Y a-t-il un moyen pour que je te convainque de ne pas y aller ?
— J'ai besoin de faire ça, répliqua Lian.
Sans lui dire non. Ilyès vit cela comme une victoire. Il lui caressa la joue.
— Et de retarder un peu plus ton départ ?
Lian soupira.
» Juste attendre un moment que la mort de Tabaré soit actée et laisser plusieurs équipes de ton côté ou du mien s'assurer un maximum que le danger est écarté.
— Il y aura toujours…
Ilyès ne le laissa pas finir, il baisa sa main, particulièrement ce doigt qui était orné d'un même anneau que le sien.
— S'il te plait.
Lian l'observa puis soupira.
— Tu essaies de m'amadouer, n'est-ce pas ?
— Ça marche ?
Il put presque le voir dire oui, à la place Lian sortit :
— Je n'ai aucune envie qu'on se dispute…
Ilyès lui baisa cet œil à jamais disparu.
— Alors, ne le faisons pas. Quelques semaines, donne-moi quelques semaines.
Puis d'un baiser, à un autre, il trouva sa bouche ainsi et la discussion fut terminée. Lian chercha bien à protester, à commencer à parler, mais Ilyès connaissait son corps comme personne et savait comment tirer des sons bien différents que la parole. Lian se laissa aller et il semblait bien trop apprécier la manière dont il tentait de le faire taire. Ses baisers finirent par s'épuiser et ils s'observèrent, torse nu debout dans cette chambre.
— Est-ce seulement moi qui suis à ce point nerveux ? ricana Lian. Combien de fois avons-nous fait l'amour depuis novembre ?
La réponse était évidente.
— Pas assez, fit Ilyès en l'embrassant. Et non, il n'y a pas que toi. Mais c'est la première fois que je fais l'amour à mon fiancé.
Il l'embrassa profondément et Lian l'accompagna dans ce moment de passion. Ilyès avait repéré depuis bien longtemps où était le lit. Il l'amena les yeux fermés sans quitter ses lèvres. Avant que les jambes de Lian rencontrent le montant, il pivota et s'assit sur le matelas. Il leva les yeux sur cet homme et n'eut aucune envie de perdre davantage de temps. Lian passa les mains dans ses cheveux pendant qu'il lui baisait son nombril. Et sa cicatrice des trois coups de couteau.
Puis doucement, il ouvrit son pantalon et ses soupirs augmentèrent au fur et à mesure que sa bouche descendait. Il fit tomber son boxer, blanc également, et révéla son sexe. Dur. Ilyès le prit en bouche d'une faim qu'il lui était incapable de rassasier. Lian lâcha un long râle et il aima la manière dont il balança sa tête en arrière et pénétra un peu plus sa cavité buccale. Ce fut grisant pour lui, qu'il commence à bouger, l'envahissant toujours plus. Lian était le seul homme qu'il avait jamais sucé et il se demandait à chaque fois comment il pouvait tirer à ce point plaisir d'un acte dont il ne se serait jamais pensé capable les trois quarts de sa vie. Ilyès accentua sa fellation et dans un frémissement et un feulement, Lian se retira de sa bouche.
Il lui souriait.
— Ça, c'est très dangereux, fit-il en dessinant de son pouce le pourtour de ses lèvres.
Puis d'une pression, il lui fit comprendre qu'il voulait qu'il s'allonge. Ce qu'il fit. Lian après s'être débarrassé des vêtements lui ceignant encore les pieds le chevaucha. Tout en lui effleurant une partie de son visage, lui baisa ses lèvres. Sa main partit vers son entrejambe qu'il commença à caresser. Ilyès laissa passer un râle.
— Puis, suis-je meilleur gaucher ? Tu ne m'as pas dit. Je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup pratiquer.
Il ne put que rire à cette évocation d'un commentaire trois ans plus tôt.
— Même pas sur toi, souffla-t-il, curieux.
— J'ai eu très peu l'opportunité, l'envie ou le temps.
Il put le voir, Lian se renfermer et Ilyès comprit bien trop que c'était son moyen à lui de surmonter ses démons de se taire, les passer sous silence. Il regretta son évocation.
» Je l'ai tout de même fait, plusieurs fois en pensant à toi. Ma main était rarement suffisante et satisfaisante.
Que répondre à ça ?
— Ta main est très, souffla-t-il entre deux baisers. Très satisfaisante.
Lian sourit de cet air malicieux qui l'avait charmé onze ans plus tôt.
— Et suffisante ?
— Ta main pourrait me suffire, mais pas ce soir. Ce soir, j'ai besoin de sentir que nous sommes totalement unis.
Lian plongea dans un baiser et tous les deux, bien trop maladroitement se débarrassèrent de son pantalon. Quelle idée d'avoir mis ces chaussures de facture militaire et les avoir lacées si serrée !
Ils perdirent un certain temps et l'ardeur du moment à le libérer. Ils furent nus l'un contre l'autre en travers du lit, riant de cet empêtrement qui aurait pu être gênant à une autre époque pour eux.
Allongés sur le côté, se faisant face, ils tentaient de calmer leurs rires par des baisers. Il fallut un long moment avant que les derniers esclaffements retentissent.
Il se recula pour l'observer, la partie scarifiée et ce faux œil se perdant dans les draps, laissant cette partie sans cicatrice à contempler. Il pouvait presque imaginer un visage complet et l'homme qu'il aurait pu être sans ces blessures, cet adolescent bien trop beau devenu magnifique. Ils se regardèrent un long moment ainsi, leurs jambes se liant.
— À quoi tu penses ? fit Lian.
— Que ça, fit-il en baisant son front, ça pourrait me suffire finalement.
Il prit cette main qui avait son alliance et l'amena à la bouche. Fiancés, ils étaient fiancés !
» Tu m'as offert suffisamment.
Lian prit ses lèvres.
— Je suis bien plus avide que toi, je veux plus ce soir.
Il se pressa contre lui, son sexe était chaud contre lui.
— Veux-tu me prendre ? demanda Ilyès.
Lian se figea, la surprise présente.
— Qu'est-ce qui t'amène à croire ça ?
— Non, je te demande simplement, veux-tu me pénétrer ?
Il sentit contre lui la réponse, plutôt affirmative, de son corps. Lian se redressa et l'observa.
— Tu es sérieux…
Il semblait étonné, alors que Lian ne passait pas plusieurs jours sans faire une insinuation à ce sujet, physique ou avec des mots.
— Ai-je l'habitude de ne pas l'être ? demanda Ilyès.
Lian caressa de ses lèvres les siennes.
— Et le fait de me laisser le faire le jour où tu seras satisfait ? Es-tu satisfait ?
Était-ce sa crainte ? Ilyès, de ses doigts, parcourut son bras.
— Non. Mais ce que tu m'offres ce soir Lian, c'est… J'aimerais t'offrir quelque chose en échange.
Lian l'embrassa en caressant ses cheveux. Il aima cette main.
— Tu l'as fait, tu l'as fait pendant onze ans.
— Ça veut dire que c'est un non ?
— En as-tu envie, que je te sodomise ? interrogea Lian.
Il sembla plus sérieux, plus mature.
— Je ne veux rien laisser entre nous.
Lian, après un moment, baisa ses lèvres et se plaça sur lui, d'un mouvement il lui demanda de se retourner. Ce qu'il fit, le cœur battant plus rapidement qu'il ne s'y attendait. Ce n'était qu'un acte. En quoi devait-il être troublé ? Il sentit Lian au-dessus de lui, et ses hanches se pressèrent contre ses fesses. Une sensation bien étrange. Il laissa un soupir à son oreille qui contint bien trop son excitation.
Lian se décala comme il était venu, et ses lèvres furent la seule partie de son corps qui le toucha, lui dévala la colonne vertébrale. Ilyès pouvait anticiper ce qui allait se passer. Il n'y avait qu'une destination possible à cette bouche, n'est-ce pas ? Lianm en quelques semaines, avait glissé ses doigts et effleuré son anus à suffisamment de reprises pour appréhender les sensations prochaines.
Mais quand sa bouche arriva à son coccyx, que le bout de sa langue continua la descente et que ses mains écartèrent ses fesses, la sensation qui envahit ses reins fut bien trop primitive et viscérale pour qu'il y soit préparé. Davantage lorsque sa langue atteignit son but et qu'il commença à embrasser et lécher son orifice. Les bruits qui montaient prouvant le plaisir que Lian prenait le faisaient un peu plus frémir, comme ses mains lui pétrissant les fesses. Il fallut un moment, un long, pour qu'Ilyès puisse lâcher prise, pour admettre à quel point c'était plaisant, à quel point il voulait pl…
Sa bouche disparut soudainement, bien trop soudainement, et il se retourna sur Lian, un bien trop conquérant. Dans son sourire se lisait une satisfaction certaine. Lian savait. Il savait qu'il avait apprécié cette caresse. Il plongea sur ses lèvres sans hésitation en lui agrippant ses cheveux, lui laissant peu de chance d'éviter ce baiser. Il le lâcha aussi brusquement.
— J'ai envie de toi, de cette manière depuis longtemps. Avant même mes dix-huit ans, Ilyès. Je rêvais de te prendre et de te voir aimer ça. D'être celui qui te dépucèlera. Je t'imagine t'empaler de toi-même sur ma queue et je…
Pour appuyer ses dires et son trouble, il enfonça son bas ventre contre ses reins et lâcha un soupir rauque. Sa bouche posséda la sienne à nouveau.
» Tu peux le sentir, à quel point je peux jouir à cette simple idée. Mais ce dont j'ai encore plus envie, c'est que cette curiosité, elle vienne de toi, pour toi, pas parce que tu penses me devoir quelque chose. Jamais. Tu ne me dois rien et il n'y a rien qui se dresse entre nous. Encore moins ça.
— Tu en as envie.
— J'ai aussi envie que tu me fasses l'amour en pleine forêt, le faire alors que tu m'attaches avec toi en uniforme et…
Lian sourit.
» Si je commence à parler de tous mes fantasmes, nous en avons pour des heures. Mon désir pour toi est multiple et nous allons avoir des années pour nous satisfaire.
Sa main partit vers son anus que Lian caressa, dans un soupir qui ne cacha pas son excitation.
— Ça en fait partie. Je veux te faire l'amour, mais quand tu seras prêt, quand tu n'en pourras plus de simples attouchements, que tu auras envie que je te remplisse. Je saurais me montrer patient jusque là.
Il désirait amenuiser ses défenses petit à petit.
— Tu veux que je te supplie le moment venu de me prendre ?
Ilyès aurait pensé il y avait de cela encore quelques heures que ce moment ne pourrait jamais arriver. Là, tout de suite, il doutait. Lian avait piqué une certaine curiosité. Il pouvait toujours sentir l'ombre de sa langue le…
— Ça pourrait avoir son charme. Comme ça aurait son charme de mille et une autres façons. Qu'importe comment et quand ça arrive. Lian baisa son épaule.
— Qui te dit que ce n'est pas ce soir ?
Lian se laissa tomber sur lui en le serrant dans ces bras. Son sexe pulsait.
— Arrête de me tenter. En plus nous manquons absolument de tout ici, que ce soit de temps, ou de produits, ou de préparation. Je veux te faire l'amour correctement et avoir le temps de le faire pour que ça ne te fasse pas mal. Je suis persuadé qu'ils sont en train d'organiser une fête pour demain. Fais-le surpris si c'est le cas. Je veux pouvoir danser avec toi si l'occasion se présente. Et pas que la danse des canards.
Il lui baisa le dos. D'un geste, il lui demanda qu'il se retourne. Ce qu'il fit. Lian fut à nouveau sur lui avec un énorme sourire sur le visage. Il se trouvait probablement amusant. Ilyès le dévora.
— Merci, fit Lian. J'ai hâte de te posséder.
Lian se pressa contre lui et savamment ses hanches entamèrent un mouvement qui l'embrasa.
— Puis, m'avoir dans tes bras te suffit ?
Il n'y avait qu'une réponse.
— Non.
À nouveau, il sentit son sourire dans leurs baisers.
Lian le chevaucha et il positionna de lui-même son sexe contre son intimité, qu'il masturba. Lian d'une main attrapa un lubrifiant qui se trouvait sur la table de nuit. Le produit fut chaud, une fois sur sa verge, ça n'intensifia qu'un peu plus son désir et son besoin d'être en lui. Lian se décala et tenant sa verge, chercha à s'empaler dessus.
— Tu as besoin d'un minimum de préparation, protesta Ilyès.
Lian sourit.
— C'est déjà fait.
Et il descendit sur son sexe sans perdre de temps. Il l'entoura le moment d'après. Ce fut bon, comme toujours.
Lian commença à bouger et très vite il entama un rythme qui était là pour fait pour le satisfaire lui, il pouvait le voir sur son visage, savourant.
Ilyès montait ses hanches parfois, appuyer cette pénétration et ça le faisait toujours un peu plus gémir. Ilyès resta passif aussi longtemps qu'il put, à l'observer se mouvoir jusqu'à ce que son désir ait le dessus. Il se releva et ils se retrouvèrent assis l'un en face de l'autre. Lian ne put que l'embrasser. Puis Ilyès appuya chaque pénétration avec le besoin de s'enfoncer toujours un peu plus, un peu plus longtemps. Ses gémissements ne faisaient que le rendre plus fou.
— Ilyès, soupira Lian, pour attirer son attention, bien trop perdu dans l'acte dans ce plaisir.
Il l'observa un long moment.
» Défonce-moi.
Il avait l'art de manipuler les mots et d'y ajouter de la poésie. Lian s'écarta et cette absence créa un manque bien trop grand qui lui donna envie de le coller à lui. Alors que Lian allait se mettre à quatre pattes, ce qui permettrait une pénétration plus profonde, Ilyès le fit tomber, dos au matelas et fut au-dessus de lui.
— Je veux te faire face et t'embrasser.
Ilyès fut de nouveau en lui sans perdre de temps. Ne pas avoir à mettre de préservatif avait du bon. Il le prit aussi profondément qu'il en était capable.
— Je ne pense pas me lasser de cette vue, fit Lian en baisant son bras.
Chacun fit comme il put pour garder ce contact visuel, pour rester focalisé sur l'autre, ne pas se perdre dans leur propre plaisir. C'était à chaque balancement un peu plus difficile. Ils étaient proches de jouir l'un l'autre, l'acte bien trop intense. Son mouvement pour récupérer le lubrifiant ne passa pas inaperçu.
— Tu es tellement trempé Lian que j'ai l'impression de pouvoir déraper à tout moment. Je ne crois pas que ça soit nécessaire.
Ça le fit rire. Lian n'arrêta pas son geste pour autant, au contraire. Ilyès sut instinctivement où ses doigts allaient se perdre. Lian lui laissa le temps de refuser, Ilyès n'en fit rien. Ce n'était pas que pour combler cet homme. Il bougea plus lentement, comme ces doigts qui se mirent à l'explorer, c'était une sensation étrange. Étrangement plaisante et la chaleur qui montait du produit ne l'aidait pas. Ilyès s'attendit à plus de résistance que ça, de douleur aussi quand sa première phalange le pénétra. Lian soupira d'une satisfaction réelle et Ilyès le sentit se resserrer autour de lui. Ce fut dur de ne pas jouir à ce moment-là. Le plaisir qui monta entre eux fut infini et se réfléchissait chez l'un puis l'autre. Lian semblait transcendé par son exploration et chaque coup de reins lui faisait oublier le besoin de celle-ci. Ilyès prenait bien trop plaisir à le voir subjuguer de la sorte, à être en lui et ce doigt était loin d'être désagréable.
— Comment c'est, finit Lian par demander.
— Étrange.
La vérité. C'était un sentiment bien trop inconnu pour lui.
— Tu ne détestes pas ça ?
— Il n'y a probablement rien qui me permettrait de te faire l'amour que je pourrais détester.
Lian sourit et se souleva pour l'embrasser.
— C'est bon à savoir.
Ses mouvements étaient bien trop lents pour qu'il ne sente pas ce doigt aller et venir en lui. Ilyès n'était pas certain de se faire à la sensation qui montait davantage à celle double de le pénétrer. Il resta bien trop longtemps passif à tenter de comprendre le vertige qui s'élevait d'une région de son corps qu'il ne connaissait pas.
— Tu veux que j'en mette un deuxième ?
— Ça dépend, fit-il.
— De ?
— Veux-tu que cette pénétration se finisse rapidement ou pas ?
— Et c'est un doigt qui va changer ça ? demanda Lian.
— Un peut-être pas, deux probablement.
Lian sourit.
— Tu aimes ça, pas vrai ?
Et pour appuyer ses dires, il sentit un autre doigt le perforer. Ça piqua, la douleur proche. Ilyès sut que ce serait le maximum qu'il pourrait tolérer pour la soirée.
— J'ai du mal à catégoriser la sensation.
Une moue douteuse lui répondit.
» C'est bien trop nouveau pour moi, c'est très loin d'être désagréable. Mais je ne sais pas si j'aime ça.
Lian l'embrassa.
— J'aime ça chez toi aussi, ta façon si simple d'accepter les choses, sans retenue.
Il en avait beaucoup, mais pas en ce moment.
— Je peux me remettre à bouger ?
— S'il te plait.
Et Ilyès l'avait su, que ces doigts ne feraient qu'agrandir son désarroi, comme lorsque Lian lui léchait ou mordillait son oreille, comme lorsqu'il lui mordait la nuque, c'était comme un interrupteur, un beaucoup plus charnel et déroutant, un qui le faisait davantage frémir. Ilyès était honnête, il n'était pas certain d'aimer ça, pas devant l'étrangeté de la chose. Les doigts de Lian calquaient ses mouvements et rendaient sa pénétration beaucoup plus totale. C'était trop pour lui.
— Lian je vais…
— Je sais… Viens s'il te plait. Jouis.
Il enfonça ses deux doigts bien plus profondément en lui. Ce fut bon, bien trop brutal, bien trop nouveau. Il l'embrassa alors que l'orgasme le traversa. Puis il eut la nécessité de se raccrocher à davantage à lui et le serra contre lui, perdu dans des sensations bien trop connues et différentes. Lian ôta ses doigts et il en sentit un certain soulagement, une pression disparaitre qui lui permit de reprendre le contrôle. Ilyès ne savait réellement pas quoi faire de cette porte que Lian entrouvrait, il n'était pas sûr de vouloir la voir totalement ouverte non plus. C'était bien trop…
Sa main gauche passa dans ses cheveux. Son alliance se coinça dedans et le tira en même temps que sa tignasse quelque peu de sa bulle.
— Désolé, fit Lian contrit.
Il serrait les dents dans une grimace gênée. Ilyès la dévora.
— Je t'aime, souffla Lian.
— Donne-moi quelques minutes et je m'assure que tu sois satisfait toi aussi.
Il aurait aimé finir en même temps que lui aujourd'hui, pour marquer le moment.
— Je suis amplement satisfait.
Il voyait bien trop la suffisance sur son visage.
— Tu as aimé me voir perdre mes moyens à cause de deux doigts ?
Lian l'embrassa.
— Tu as été magnifique. Tu étais si serré en jouissant, c'était…
Et il le remarqua à ce soubresaut, que son sexe n'était plus tout aussi dur. Ilyès se souleva pour voir que l'humidité entre eux n'était pas seulement due à la sueur. Il lui adressa un regard interrogateur. Lian avait joui.
— Je viens de le dire, tu as été magnifique. J'ai pas pu me retenir non plus.
Ilyès regretta d'avoir été bien trop pris dans son propre plaisir pour manquer ça. Lian l'obligea à se rallonger sur lui et le serra contre lui. Il aima ça, dans ses bras. Son amant baisa le haut de sa tête. Il pouvait sentir la langueur l'envahir. Ilyès se força à sortir de cette torpeur. Il se retira en se soulevant.
— Allons nous laver.
Lian le tira à lui de nouveau.
» Je n'ai pas à te rappeler où tes doigts ont trainé. Et nous devons ôter mon sperme avant que ça soit désagréable pour toi.
Lian approcha sa main droite de son visage qu'il chassa, ça semblait l'amuser.
— Rien sur les doigts, fit-il. Merci à ton hygiène de vie.
Il soupira, qu'allait-il faire de cet homme ?
» Et c'est loin d'être désagréable maintenant. Crois-moi. Et j'ai le désir secret qu'on fasse encore l'amour après un petit break. Pourquoi se laver si c'est pour remettre ça, le lubrifiant sera déjà là ?
Il n'eut pas la force de protester. Lian savait probablement, la déroute que ça pouvait être ces sensations, ce manque présent. Lian l'avait toujours retourné de l'intérieur, mais le sentiment était bien trop viscéral à ce moment précis. Ils restèrent un long moment ainsi, puis il souffla :
— Je ne sais pas si je suis prêt à ce genre de sensations.
À les vivre, à les admettre, à les faire siennes, à les vouloir.
— Je sais. Tu as tout le temps dont tu as besoin pour être prêt. Je suis satisfait juste au fait que tu sois prêt à les découvrir Ilyès. C'est déjà beaucoup plus que ce à quoi je pouvais rêver à dix-huit ans.
Ilyès se redressa pour l'observer, Lian ouvrit l'œil qu'il avait de fermer.
— Parfois j'en oublie la décennie qui a passé et je me surprends à voir l'homme que tu es devenu.
Lian sourit.
— Embrasse donc cet homme et reviens ici.
Ilyès ne put qu'obéir. Il s'endormit dans une position aussi inconfortable, dans un état inconfortable, dans des draps bien trop salis. Le calme présent et le doute dissipé.
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Hadrian se réveilla pour la troisième fois. Celles précédentes, ils avaient refait l'amour, longuement. Il pouvait sentir le souffle de l'homme contre sa nuque, sa main gauche posée sur son ventre. Ils étaient nus. Hadrian ne savait pas où la couverture avait pu passer. Était-ce le froid qui l'avait réveillé ? Un coup d'œil lui permit de voir ce doigt orné de la moitié d'une bague et il sourit. Ilyès était sien. Davantage même songea-t-il alors qu'il se souvenait de lui au-dessus, son gémissement et son orgasme, et qu'il le pénétrait de ses phalanges. Hadrian s'obligea à rester immobile. Il voulait juste dans son excitation se mettre à gesticuler dans tous les sens, sauter et crier victoire. Il avait été tellement beau.
Le fantasme n'avait pas été à la hauteur de la réalité. Ilyès avait plié ça si facilement.
Hadrian sentit son érection revenir et il devait se raisonner pour ne pas consommer ce désir-là tout de suite. Ilyès le laisserait faire, il en était persuadé, il s'imaginait déjà, Ilyès, tenant lui-même ses cuisses écartées, et son masque se fendillait alors que le plaisir montait petit à petit en lui pendant qu'il…
Sa bouche trouva son cou et sa main le plaqua contre lui. Ilyès était chaud. Ça n'aida pas réellement à calmer son excitation.
— Bonjour, soupira Ilyès.
Hadrian se retourna pour prendre les lèvres de cet homme. Ilyès se décala pour observer son bas-ventre.
— Toujours autant du matin à ce qu'il semblerait. Cette nuit ne t'a pas suffi ? Je suis totalement vidé, fit Ilyès d'une voix ensommeillée et en fermant les yeux.
Et lui il sentait une partie de son anatomie bien trop pleine. Il n'osa pas formuler la demande, cette requête qu'ils pouvaient quand même s'unir, mais différemment. Hadrian n'était pas certain de pouvoir donner des coups de reins convenables de toute façon.
— Tu ne devrais pas être aussi bandant alors.
Ilyès sourit et s'approcha pour l'embrasser. Il dut l'y aider, l'homme gardant les yeux fermés.
— Est-il tard ?
— Aucune idée. Tu n'as pas à t'inquiéter, je me suis arrangé avec Niel pour que tu puisses avoir ta journée libre.
Ilyès ouvrit les yeux.
— Pas étonnant que la charge de travail hier ait été si intense.
Puis dans ces mots, il le serra contre lui. Hadrian sentit Ilyès s'assoupir. Ça n'allait pas l'aider qu'il soit à ce point adorable. La paix était là et il en profita aussi longtemps que possible, jusqu'à ce que les lois régissant son anatomie se fassent ressentir. Il se glissa hors de ce lit aussi discrètement qu'il en était capable et partit dans la salle de bain, retenant comme il put la série de méfaits de cette nuit en lui.
Une main contre le mur, la tâche d'enlever le sperme qui le remplissait ne fut pas des plus gracieuses tant visuel que sonore, surtout avec le mal qu'il avait à garder son équilibre avec sa jambe handicapée. Hadrian fut heureux au vu de l'acte, qu'Ilyès en soit loin.
Il avait cependant de la difficulté à se rendre aussi profondément qu'Ilyès avait été. Combien de litres avait-il éjaculé et à combien de kilomètres ? Il allait avoir besoin de plus longs que ses doigts.
À peine finit-il cette pensée qu'il sentit sa présence venir se coller contre lui. Un baiser sur l'épaule et sa main retira la sienne.
— Laisse-moi m'occuper de toi.
Ce qui devait être une tâche graveleuse finit avec plusieurs soupirs de sa part. L'autre main d'Ilyès fut sur sa verge qu'il caressa. Hadrian ne protesta pas vraiment.
— Ma jambe en peut plus, Ilyès, soupira-t-il de fatigue.
— Ta gauche, elle tient le coup ?
— Ce n'est pas elle le problème.
Avant qu'il ne le réalise, Hadrian était retourné, le dos plaqué contre le mur, Ilyès agenouillé, sa jambe droite sur son épaule et son sexe dans sa bouche. C'était bon. Comme souvent. Ses doigts reprirent leur mission de le nettoyer. Quoi que, avait-il besoin de trois doigts en lui pour ça ? Hadrian ne put que venir se saisir de sa tête. Il mit peu de temps à jouir, dans la douleur sous son regard vert. Les testicules d'Ilyès n'étaient pas les seules ayant besoin d'une pause.
L'homme prit ses lèvres.
— Devrais-je te rendre la pareille ? demanda Lian.
Ilyès souriait.
— Non. Pas tout de suite.
— C'est maintenant ou jamais, fit-il. Je t'ai fait part de mes suspicions.
— Qu'est-ce qui te fait croire qu'il se trame quelque chose.
— Je connais les miens. Veux-tu parier ?
— Que parie-t-on ?
Ta virginité. Ilyès le sentit-il proche de prononcer ces mots ? Allait-il pouvoir se montrer aussi patient qu'il avait prétendu être ? Pourquoi l'avait-il joué aussi noble ? Il n'aurait pas dû débuter ces caresses. Mieux aurait valu laisser cette porte fermée qu'entrevoir l'homme magnifique qu'il serait en prenant plaisir à se faire prendre.
— Un striptease ?
Ilyès baisa sa joue.
— Je ne suis pas gracieux comme toi.
Hadrian sourit.
— Tu sais bouger mieux que personne. Et tu me prouves chaque nuit que ton bassin sait se mouvoir.
Il plaça ses mains sur ses hanches qu'il bougea d'avant en arrière. Ça fit rire l'homme. Ces sons étaient magnifiques, même à moitié sourd comme il l'était.
— Veux-tu t'échapper par la fenêtre avec moi ? Et profiter de la journée ensemble seuls ? demanda Hadrian.
Ilyès baisa son front.
— Ne me tente pas. Ils ont mis beaucoup d'effort pour mettre en place tout ça non ? Davantage sans que je m'en rende compte, n'est-ce pas ?
Il acquiesça.
— Célébrons avec eux. Sans eux, nous n'aurions jamais été ensemble.
Hadrian caressa son visage, ces cheveux.
— Vous êtes la sagesse même.
Ilyès sourit, puis le prit un temps long dans les bras. Hadrian ne le pressa pas. Qu'avait-il de toute façon de plus urgent à faire qu'être avec cet homme ?
Ilyès se décala :
— Donne-moi quelques minutes pour me laver, d'accord ?
Hadrian lui aurait offert tout le temps du monde qui lui permettait d'être nu avec cet homme. Ilyès avait toujours eu de belles fesses, mais elles prenaient une dimension différente dans son esprit en ce moment. Il resta loin de ses caresses, ne se faisant pas confiance. Ses mains se perdraient avant qu'il ne le réalise vers une certaine partie de son anatomie. Il suivit Ilyès hors de la douche.
Ilyès fit un commentaire quand il se lava les dents qui le ramenèrent trois ans plus tôt à cette cabane. Il n'avait pas assez profité de ce moment, eux seuls, coupés du monde. Ils furent à nouveau dans cette chambre. Hadrian ne put observer ce lit sans arrière-pensée. Il eut un baiser sur le coin de sa tête.
— Tu imagines des choses, fit Ilyès.
Il se tourna vers lui.
— Rien à imaginer.
Ilyès semblait bien plus gêné que la veille. Il avait pris le tout de manière si naturelle, l'émotion sans doute. D'une main sur la joue, Lian l'embrassa.
— J'aime chaque partie de toi, fit-il.
— Cette partie davantage ? fit Ilyès.
Il aimait ça quand il essayait de le suivre dans ses traits d'esprit.
— Elle est nouvelle donc j'ai un intérêt particulier, j'avoue. Tu sais les enfants et leurs nouveaux jouets.
Ça n'aida pas son malaise, Lian lui prit les doigts.
» Tu as dit que tu ne voulais que rien ne se dresse entre nous, ne laisses pas ça le faire. Il n'y a absolument rien dont tu devrais être gêné, tu étais magnifique, vivant à travers cette découverte, y allant sans concession. Tu t'es laissé aller à ta vulnérabilité et il n'y a rien de mal à ça.
Ilyès l'embrassa et Hadrian se fit la promesse d'y aller lentement, d'être fidèle à ces mots, le laisser venir à lui. Patience, patience. Il priait simplement que cette demande ne se fasse pas dans dix ans.
Ils ne réalisèrent que trop tard les deux tenues accrochées sur une des armoires, deux blanches.
Ilyès lui lança un regard et Hadrian fit le signe d'excuse sans réfléchir. Il le vit.
— Ça signifie ?
— Désolé.
— Autant ne pas perdre de temps, n'est-ce pas ?
Ils se vêtirent l'un et l'autre. Le visage d'Ilyès était bien plus serein, plus reposé. Ilyès fit à nouveau son nœud de cravate, il souriait. Il tirait une satisfaction certaine et touchante de ce moment. Cet homme avait des désirs si simples. Pourquoi avait-il mis tant de temps à les exaucer ?
Hadrian baisa ses lèvres.
— C'est parti ?
Ilyès lui tendit sa main qu'il prit. Hadrian le suivit hors de cette chambre. Jorgy les attendait dans le couloir devant la porte.
— Tu es en retard, fit-il.
Hadrian leva un sourcil. Jorgy partait déjà après avoir fait un signe pour qu'ils viennent avec lui. Il n'était même pas dix heures.
— Je ne savais pas que j'avais une heure pour sortir de cette chambre.
Jorgy sourit.
— Nous avions parié. On était arrivé à une heure un peu plus matinale. L'impatience gronde.
— Beaucoup de monde ?
Ils furent dans l'ascenseur.
— Ça dépend ce que tu penses être beaucoup. Les Rishar, ça fait déjà beaucoup, ceux qui ont pu venir à temps du moins. Votre mariage sera un casse-tête pour la sécurité.
Sa main serra la sienne. Il suffisait que cet homme entende le mot mariage pour le ravir.
— Un conseil ?
— La journée va être longue. Tout le monde en a fait qu'à sa tête. Ne prends aucun d'eux comme organisateur pour le grand jour.
Hadrian n'eut pas vraiment le temps de répondre. Les portes d'ascenseur s'ouvrirent et il pouvait sentir l'euphorie présente, une, latente. Ils attirèrent beaucoup de regards. Aucune idée si c'était à cause de l'effervescence qui avait entouré leur couple ou ce qu'ils étaient : deux hommes en blancs dans une société fondamentalement homophobe.
— Ai-je le droit de revenir sur mes mots ? On part à courir vers la sortie à trois ? souffla Ilyès à son oreille gauche.
Hadrian en eut réellement envie. Profiter de cet homme en se moquant du reste. Il se tourna vers lui et sourit.
— Tu m'as bien trop épuisé cette nuit, je ne pourrais pas courir. Qui c'est, ça peut peut-être amusant.
Il marcha jusqu'à une des salles qui avait leurs noms au-dessus de la porte. Ils ne restaient plus caché, hein ?
— Avez-vous dormi ? fit Hadrian.
Jorgy sourit.
— Plus que vous visiblement.
Ils n'avaient pas été aussi bruyants, n'est-ce pas ? Hadrian aurait aimé demander s'ils avaient entendu par chance l'orgasme d'Ilyès de la veille. Il se voyait peu le faire à voix haute et il n'avait pas envie de quitter la main d'Ilyès pour le faire en signe. Hadrian questionnerait les siens plus tard. Mais son cri avait été plus sonore que d'habitude. Hadrian en avait joui. Ça et son visage, et son sphincter serrant ses doigts, et son sexe se répandant en lui…
Hadrian lança un léger regard vers son bas ventre. Il fut heureux d'avoir épuisé cette partie de son anatomie et ne voir aucune érection. Il était trop vieux pour se mettre à bander en public sans gêne. Si le monde avait un aperçu de ce qu'était Ilyès comme partenaire, peut-être la compréhension aurait été là…
Ilyès accepterait-il cette requête de sa part ? Faire l'amour en public ?
— Vas-tu réellement passer la journée à penser à ça ? fit Ilyès.
Il semblait quelque peu désespéré. Devait-il lui dire que son fil de pensée avait été différent même si c'était encore à les imaginer faire l'amour ? Hadrian sourit aussi innocemment que possible et se leva légèrement pour prendre ses lèvres.
» Es-tu prêt ? Je pense que cette salle abrite plus que quelques Rishar.
Hadrian hocha la tête. Ilyès baisa sa main gauche avant d'ouvrir la porte. Il s'était préparé. Pas aux cris, aux confettis et à la foule amassée là-dedans, réunis, pour eux. Jorgy avait clairement un sourire satisfait sur le visage alors qu'il le filmait, lui et sa surprise.
Il fut submergé par le moment, par les sourires, par le bruit, par le monde ici pour célébrer avec lui. Tant de personnes présentes, tant de faces qui retraçaient son histoire. Les accolades commencèrent, les célébrations et les rires le noyèrent. À croire qu'ils venaient de se marier. Très vite, sa main glissa hors de la sienne. Ilyès le laissa partir sans l'agripper. Un regard et une promesse silencieuse de se retrouver bientôt. Ils furent accaparés séparément.
Sa bande fut la première à le féliciter, à le chambrer, à rire. Puis il passa plusieurs Rishar. Il s'arrêta un plus long moment devant Ori qui avait les larmes aux yeux, Mikki y laissait libre cours.
— Devoir annuler ce deal à plusieurs millions pour être ici valait la peine, la coupe te va si bien, regarde-toi ! Comment vais-je faire pour faire mieux pour ton mariage ?
Hadrian sourit devant cette appropriation.
— Merci pour les costumes. Tu as fait un travail formidable.
Ilyès avait été si beau. Il fut dans ses bras et il fallut un moment pour calmer cette femme. Ça le rendit bien trop émotif. C'était comme si tous ces gens, là pour lui, ancraient ce qui se passait dans la réalité.
Les mots échangeaient, les félicitations, les accolades continuèrent et éloignèrent davantage Ilyès de lui. Il trouvait son regard à chaque fois qu'il le cherchait. Hadrian avait le droit à un de ses sourires. Y avait-il plus craquant que le sourire de cet homme ? Ça lui donnait envie de glisser sa main dans sa barbe.
— Devrais-je aller m'excuser tu crois pour lui avoir dit onze ans plus tôt que ce n'était qu'un salopard qui n'en avait qu'après ton corps ? demanda une voix.
Il se retourna vers un homme grand et blond avec un sourire craquant aussi. Bien trop craquant. Matt se tenait devant lui avec cette simplicité qui était la sienne, dans une veste bleue allant avec un pantalon de la même couleur au-dessus d'un tee-shirt. Rien d'extravagant. Matt n'en avait jamais eu besoin pour sortir du lot. La surprise l'avait saisi quelques semaines plus tôt, et semblait toujours présente face à l'homme qu'il était devenu. Redevenu ? Matt conservait de cette période sombre où il n'avait été que l'ombre de lui-même, ses cheveux longs. Il avait repris du poids et du muscle et en faisait un homme imposant. Ses yeux bleus n'étaient plus hantés et pétillaient bien de trop, malgré une fatigue certaine. Son cœur manqua clairement un battement devant sa douceur. Il se mit à fondre sans lui laisser une chance. Foutu premier amour.
— N'étais-tu pas fâché ? demanda Hadrian.
Matt rit. Comment avait-il pu oublier le charme fou de cet homme ? Comment même avait-il pu être à ce point imperméable trois ans plus tôt ?
— Je suis incapable de rester fâché contre toi, à quatorze comme à trente ans. Ton retour par contre était bien trop foireux. Je ne sais pas à quoi tu t'étais attendu. Mais je sais que tu n'as pas disparu et fait le mort par simple amusement. Il m'a fallu le choc passé pour le réaliser.
Il lança un coup d'œil et il se tourna pour voir Mikki.
» Et un peu d'aide. C'est difficile de suivre le rythme avec toi. Tu es comme un tsunami qui dévaste tout sur son passage. Tu viens et tu pars comme tu veux et nous on fait comme on peut pour s'ajuster et tenter de suivre. C'est épuisant.
Matt lui sourit. Avait-il toujours eu ces adorables fossettes ?
— Bravo à toi. Tu as réussi à le faire tien. Yay !
Le blond avait été avec lui la première fois qu'il avait appris qui son amant du soir était vraiment.
» Je ne peux malheureusement pas rester. Ça a été un vrai casse-tête pour me libérer dans un laps de temps si court même pour quelques heures.
— Tu n'avais pas.
— Je voulais vraiment être là. Pense aux communs des mortels la prochaine fois que tu organiseras ce genre d'évènement en pleine semaine, à la dernière minute.
Hadrian sourit.
— Ce n'était pas de mon fait.
— Tu ne peux reprocher à personne de désirer être là et vous vous voir enfin heureux.
Un moment latent passa. Un certain malaise aussi. Que dire à un homme qui avait été tout son univers pendant son adolescence et qu'il avait tout fait pour détruire ?
Matt le prit dans ses bras et la gêne disparut. Ce fut agréable d'être contre cet homme. Une personne pouvait-elle avoir la même odeur à travers la moitié de sa vie ?
» Appelle-moi quand tu as un moment, nous pourrions aller manger chinois, le restaurant est encore là, tu sais.
Hadrian acquiesça et se sépara de cet homme avec une bouffée d'amour envers lui. Le Matt qu'il avait toujours rêvé de voir devenir se tenait devant lui. Il devrait remercier Raphael et Avani un jour pour ça.
— Tout va bien pour toi ? demanda Hadrian.
Matt acquiesça.
— Très.
— Les terreurs ?
C'étaient ainsi qu'ils les avaient nommé, pas lui. Matt rit, quelque peu jaune.
— Une chance qu'on soit trois, je te le dis. Je me demande comment ça peut trouver l'énergie de pleurer autant tout le temps. J'en ai vu des bébés, mais les nôtres battent des records. Peut-être que Raphael viendra avec eux, ces deux-là semblent dormir seulement en voiture. Il a répété qu'il était bien trop occupé pour faire l'aller et retour, que si tu avais voulu qu'il vienne, tu aurais dû le prévenir, mais quelque chose me dit qu'il devrait passer plus tard. Il est vraiment heureux de te savoir vivant.
Hadrian rit.
— Il a une façon très particulière de le montrer.
— Vous avez toujours eu une façon particulière de démontrer votre amour fraternel.
Hadrian ne put argumenter.
» Peut-être pourrais-tu venir manger à la maison avec Ilyès. Ça pourrait être sympa.
Dieu qu'il pouvait être adorablement naïf.
— Nous cinq autour d'une table ? fit Hadrian, dubitatif.
Une main fut dans le creux de son dos.
— Matt, tu as fait le déplacement.
Ilyès, très factuel. Le blond sourit. Il pouvait être touchant. Était-ce de la jalousie qu'il voyait là ?
— Je voulais être présent et vous féliciter. J'ai hâte de voir à quoi ressemblera le mariage si c'est ça vos fiançailles, organisé à la va-vite.
— Et moi le vôtre, une date déjà en tête ?
Matt secoua la tête. Quoi ? Mariage ? Matt allait se marier avec qui ? Raphael ou Avani ? Il n'en entendait parler que maintenant ?
— Beaucoup de choses restent à finaliser. En tout cas…
Matt tendit la main.
— Félicitations, Ilyès.
Ilyès en sembla surpris. Il accepta cette main tendue et la serra.
» Et merci de n'avoir jamais abandonné. D'avoir toujours été là et faire en sorte qu'il soit revenu. Si je peux le voir ici à sourire, c'est grâce à toi. Alors merci. Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
— Merci Matt.
Son petit Ilyès semblait touché. Hadrian se retint de l'embrasser. Peut-être un diner ne serait pas une si mauvaise idée en soi. Peut-être que Matt pourrait chasser les doutes qu'Ilyès avait encore au fait d'être passif ?
— Je dois y aller maintenant.
— Si tôt ?
— J'ai une opération dans l'après-midi, ça ne peut pas être décalé. Je voulais être là tout de même.
— Reste un peu, tu peux prendre l'hélicoptère plus tard pour rentrer, proposa Ilyès. Juste, parles-en avec Eren. Il y a déjà quelques passagers alors ne tarde pas trop de voir avec lui.
Matt semblait choqué par l'acceptation d'Ilyès, plus que lui.
» Si tu permets, je veux te présenter quelqu'un, Lian.
Puis il l'attira à sa suite sans lui laisser vraiment l'opportunité de refuser. Il fit un signe d'au revoir à Matt et ce dernier lui sourit. Hadrian ne fut pas indifférent. Matt clairement aurait jusqu'à la fin une place spéciale dans son cœur.
Probablement aurait-il dû s'y attendre ? Probablement que l'excitation d'Ilyès aurait dû être une alerte suffisante. Tout comme la personne qui tenait l'enfant en bas âge dans ces bras. Cette femme ne semblait pas vieillir, elle était la même que onze ans plus tôt, ce qui n'aidait pas vraiment à l'accepter. Ilyès lâcha sa main pour prendre le bambin de deux ans et se retourna vers lui avec un immense sourire sur le visage. Ilyès rayonnait réellement. L'avait-il déjà vu aussi heureux ?
— Lian, laisse-moi te présenter Min-Ho. Min-Ho, voici Lian.
Il avait su, avait vu les photos, mais contempler ces yeux qu'il aimait tant sur ce petit être le dérouta. Difficile de rendre responsable Ilyès pour le noir de ses cheveux, sa mère ayant les mêmes. La forme des yeux semblait être le mélange des deux parents, plus petits que ceux d'Ilyès et plus grand que ceux d'Eun Hee.
— Bonjour, Min-Ho, fit Lian. Je suis heureux d'enfin te rencontrer, ton père m'a beaucoup parlé de toi. Tu es aussi adorable que les photos le laissent croire.
— Veux-tu le prendre dans tes bras ? Il est par contre plus lourd qu'il n'y parait.
Hadrian aurait pu serrer fort dans ces bras cet enfant tant il le trouvait craquant. Il pouvait cependant sentir Eun Hee derrière, sur ses gardes. Il n'avait pourtant pas menacé cet enfant devant elle trois ans plus tôt, n'est-ce pas ? S'il avait eu son mot à dire à ce moment-là, ce gamin ne serait jamais né et il sentit la honte se faire à cette idée. Lian toucha le nez du petit. Min Ho rit. Y avait-il plus pur que ce son-là ?
— N'en demandons pas trop. Je suis content de te voir déjà.
Hadrian se tourna vers Eun Hee et hocha la tête.
» Merci d'être venu, se força-t-il à dire.
Eun Hee ne répondit pas, mais ce fut tout comme : « je ne l'ai pas fait pour toi ». Ça lui allait parfaitement. Cette femme en avait assez fait avec « son intérêt » par le passé.
Il se tourna vers l'homme de sa vie qui tenait son enfant dans ses bras. Le petit fit une grimace et Ilyès fit de même, ce qui déclencha un autre gloussement.
— Vous êtes beaux tous les deux.
Ilyès l'embrassa et Min-Ho réclama des bisous à son tour. Hadrian fondit davantage.
Le temps passa, Hadrian profita de la présence du fils de son fiancé autant qu'Eun Hee le permit avant de se tourner vers d'autres personnes ayant fait le déplacement. Il put voir Salim devenu un beau jeune adulte, Vanessa et Usul le chambrèrent un long moment, et l'heure tourna rapidement, à parler, à plaisanter, à juste vivre. Il retrouva Ilyès par deux fois avant qu'il ne fasse taire la salle pour un discours qui lui amena les larmes aux yeux.
Ilyès professa son amour pour lui, devant témoins. Comment ne pas être submergé par l'émotion alors qu'il confessait son besoin de l'avoir à ses côtés sans filtres ? Il espérait que quelqu'un avait enregistré ce maudit discours. Ilyès éclata les dernières barrières quand la musique retentit à la fin de sa prise de parole et qu'il l'invita à danser selon sa requête de la veille. Son costume eut le droit à une tâche un peu plus foncé sur son épaule. Une chance qu'il ne portait pas de maquillage. Le temps se suspendit entre eux durant cette chanson, où ils firent simplement tourner lentement en slow. Ses jambes n'auraient pu faire des miracles de toute façon.
Les « je t'aime » qu'il soufflait telle une litanie ne calmait pas ses larmes.
Depuis quand était-il redevenu si sensible ?
Ils se séparèrent à regret et la fête reprit son cours. Matt lui fit ses au revoir et il partit avec la promesse de se voir avant la fin du mois. Hadrian parla longuement à Amber qui arriva sur le tard et alors que Mikki s'exclamait qu'il ne faudrait pas tant attendre pour prendre les photographies, Hadrian commença à le chercher. Le seul qui ne l'avait pas encore félicité. Qui n'était pas venu vers lui. Hadrian avait cru l'apercevoir à plusieurs reprises, mais ne l'avait pas trouvé. Chaque personne qu'il interrogea lui donna différentes raisons de son absence : en charge des invités, en charge de la cuisine, de la sécurité, du transport affrété pour l'occasion.
Pour ce qu'il savait de Heli, il pouvait très bien s'occuper de tout ça. Il finit par le trouver à l'extérieur. Il semblait aussi diriger l'équipe de photographes.
— Pouvez-vous nous prendre en photo tous les deux ? fit Hadrian en s'approchant.
Il ne laissa pas réellement la chance à Heli de se défiler. Il fut aux côtés de son double pour immortaliser ce moment. Le photographe dut s'y reprendre à plusieurs fois, Heli apparemment bien trop rigide. Ce dernier eut gain de cause en les chassant. Il était curieux de savoir à quoi aurait l'air le cliché.
Hadrian se tourna vers lui.
— Tu m'évites.
Heli soupira.
— Il y a beaucoup à faire, Hadrian.
— Ça n'aurait pas été nécessaire si on avait gardé le tout plus simple.
— Ce n'était pas réellement mon idée ni ma volonté. Que veux-tu que je fasse si les rumeurs de vos fiançailles se répandent ? À quoi tu t'attendais en mettant les Rishar dans le coup ? Beaucoup ont voulu être là. Je ne fais que les accommoder du mieux que je peux.
— Matt ?
— Vois avec Mikki.
— Viens avec moi à l'intérieur. Tu me dois bien une danse.
Heli sourit et nia.
— Je te l'ai dit, il y a énormément à faire.
— Par toi ?
— Il faut bien que quelqu'un s'en occupe. Je veux que cette journée soit parfaite pour toi.
— Elle est déjà parfaite, fit Hadrian.
Il pensait la conversation finie. Heli la continua.
— Laisse-moi faire ça, j'ai besoin de faire ça, de m'assurer que tout est sous contrôle.
Pourquoi déjà avait-il le droit à autant de dévotion ? Hadrian allait devoir trouver comment ôter à Heli ce besoin de régir sa vie.
— Me promets-tu au moins une danse ? fit Hadrian.
Heli grimaça.
— Si je dis oui à toi, Usul ne me lâchera pas.
Hadrian ne fit que le regarder suffisamment longtemps pour que Heli cède :
— Le plus tard possible, qu'Usul soit aussi soul qu'il dit vouloir l'être pour qu'il ne puisse pas bouger.
Ce fut suffisant pour lui.
» Les félicitations semblent être de mise.
De la main, il les lui délivra. Hadrian prit cet homme, une partie de lui dans ses bras.
— Merci mon ami. Merci d'avoir été là et d'être là. Je ne sais quoi faire pour te remercier.
— Sois heureux et un peu moins tête brulée, ça sera déjà pas mal.
Hadrian sourit et s'écarta.
— Ilyès a demandé quelques semaines avant de partir.
Heli acquiesça.
— Ce serait plus sage en effet. Je verrais avec lui.
— Promets-moi de ne pas te battre avec lui.
Heli serra les dents.
— Je ferais tout pour ne pas être celui qui attaquera le premier.
Il ne pouvait demander plus, n'est-ce pas ? L'abscès entre eux allait devoir être crevé, tôt ou tard. Le silence fut présent sans que ça ne les dérange.
— Ilyès a l'air beaucoup plus serein. Il se tient plus droit aussi. J'ai entendu plusieurs commenter que la vie de couple lui réussissait déjà. Tu sembles avoir eu encore une fois raison.
Quand Ilyès avait craqué la veille, il lui avait fallu un moment pour savoir ce qu'il était en mesure d'offrir à cet homme pour calmer ses peurs.
» Ton idée stupide était tout ce qu'il lui manquait. Le fait qu'il ne s'est pas déjà précipité à ta suite semble être un bon indicateur.
Les siens avaient été dubitatifs la veille devant sa volonté de proposer à Ilyès de s'unir à lui. Hadrian se tourna vers Heli. L'homme avait le sourire aux lèvres.
» Ça, ça mérite des félicitations également.
Hadrian hocha la tête.
— Le temps nous le dira. Je ne vais pas mentir, je ne sais pas ce que ça prendra pour que la certitude soit aussi mienne. Accepté d'être heureux, accepté d'avoir réussi, que cette histoire de fou est derrière moi et que je peux seulement vivre.
Heli posa une main sur son épaule qui disait qu'il ne serait pas seul. Le silence fut présent, brisé par l'arrivée de Kora et Vanessa qui riaient aux éclats. L'alcool ne semblait pas leur réussir, ou bien trop ? Usul serait dans un état similaire ? Aurait-il alors sa danse avec Heli ? Les deux femmes n'annoncèrent qu'un plus gros attroupement. Apparemment, c'était l'heure de prendre des photographies et tous en voulaient une avec l'un ou l'autre des fiancés.
Il trouva son regard facilement. Tel l'aimant qu'il était depuis le premier jour. Cette attraction ressentit à travers un écran. Ilyès lui sourit. Et la certitude fut là qu'il avait sa place au côté de cet homme, qu'il le méritait, méritait ce qu'il arrivait. Qu'ils seraient heureux ou feraient tout pour l'être !
Ils s'aimaient et Hadrian avait enfin décidé que c'était suffisant.
FIN